

Jean Régis PERRIN La "Voie Haute de l'Ouest" et ses liaisons nouvelles avec la Voie d'Agrippa Dès leur départ d'Augustoritum , nous avons suggéré entre elles des diverticules d'échange et de liaison. Nous en évoquerons de nouveaux, sur le cours de nos pérégrinations. Mais en terme d'importance et de profusion de traces, allant passer la Vienne hors des chemins connus, voici déjà l'un des plus longs et des plus complexes que nous ayions jamais rencontré. |





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Non loin du
Chêne de la D 2000 (arc vert, angle bas, droit du cliché), la branche nord de
la bifurcation s'oriente vers
Verneuil. Malgré nos passages répétés
au-dessus du site ( Verneuil est le point d'entrée Ouest
du circuit d'atterrissage au QFU 03 de Bellegarde) et ainsi que nous
l'avons dit plus haut, nous n'avons jamais
été à même d'observer de façon
formelle des traces sur la première partie de ce parcours
jusqu'à la D 47 (route du Pont de la Gabie) pas davantage que
sur la terre qui verse des parcelles bâties (le Parc) vers le ruisseau de
Breuil..
Mais à partir de là ainsi qu'au sol, dans les parcelles du Parc précisément, une foule d'indices concordants va occuper l'espace. Plus efficaces qu'un long
discours, nous en évoquons la succession dans l'ordre où ces
témoins choisis se présentent et de droite à gauche sur le document IGN ci-dessus. Nous les reprenons ci-dessous par le menu.
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A partir du site du Parc, la descente vers
le ruisseau du Breuil ne devrait poser aucun
problème si ce n'est celui d'une localisation précise, au
mètre près, ce qui n'a qu'un intérêt
anecdotique.
Après la route un chêne rabougri chaussé de ronces et d'orties montre en période humide le départ d'un ruissellement d'eau vers le fond de la vallée. C'est le site de Pramounier. On enjambe alors le ruisseau, une simple rigole d'eau courante bordée de grosses pierres, face à un buisson de houx. La remontée de pente en rive droite du ruisseau, débute par un énorme bloc fracturé. Un autre bloc affleure à proximité, fortement engagé dans la terre d'alluvions. La poursuite de la voie en droite ligne vers Verneuil ne fait pas mystère. C'est alors que revenant vers le ruisseau, on découvre le lit, en amont du passage, encombré de blocs énormes : les premiers d'ailleurs s'organisent en un reste de pont rustique fortement dégradé : la facture est protohistorique mais l'aménagement s'est assurément perpétué longtemps. D'un bord à l'autre du petit cours d'eau de longues pierres reposent sur des culées toujours en place; il manque seulement deux travées pour que l'ossature du monument soit complète. Là-dessus d'autres pierres bouchant les interstices, pouvaient supporter des lits de blocs plus petits et finalement un galetage. Le tout permettait le passage de chariots. Des blocs plus puissants bordent le dispositif comme des parapets. Les embâcles accumulées sous cette chaussée causent un débordement quasi permanent qui affouille et démasque ainsi la solide armature de la berge. Mais pourquoi diable ce pont se trouve-il décalé de plus de 10 mètres de l'axe de la voie ?
En amont du pont, le lit du ruisseau montre un invraisemblable chaos de
blocs souvent énormes qui peuvent avoir été poussés dans le ruisseau ou y sont tombés naturellement par l'affouillement des berges.
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En suivant la voie dans sa remontée vers Verneuil on fait
la découverte de rognons de silex
trouvés par le propriétaire d'un terrain et
groupés en éléments décoratifs autour de
poteries modernes .
A l'époque des lotissements il est probable que la visite des parcelles à construire avant ou pendant les terrassements, aurait apporté des renseignements importants concernant d'éventuels restes de chaussées mais également sur les solins de craie qui accompagnent les trouvailles de silex. Des occurences que nous avons rencontrées à trois ou quatre reprises sur d'autres parcours antiques. Au même niveau de pente mais 100 mètres au nord-est, à l'angle de deux routes, l'aménagement il y a quelques années, d'un terrain à construire, a découvert un chantier de carriers qui semble abandonné de la veille. |
| Avec en fond de tableau, le
vallon du ruisseau que nous venons de visiter et au second plan,
organisées en dépôt comme autrefois au long des
voies, les pierres d'un premier concassage. Jamais remarqués, ces dépôts de carriers sont une totale nouveauté en terre limousine,
au même titre que les cairns d'épierrement, les résurgences au pied des pentes,
l'orientation
de vieilles fermes et l'aspect hétérogène des
éléments de leur bâti, , le tracé tendu
des chaussées,
la présence constante de plantes affinitaires. . .
etc, etc. Tels ci-dessus, ces silex trouvés plus loin, sur la Voie d'Agrippa, en liaison avec des soles de calcaire pilé. |

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Nous avons
dit la difficulté de mener une recherche sur la zone nord
de Verneuil pour cause de concentration du trafic aérien. Une
image volée en phase d'approche un jour particulièrement
faste, montre une profusion d'indices
linéaires que nous attribuons, sans certitude absolue cependant à la civilisation gauloise du dernier Age du Fer.
Car la vision globale d'un tel terroir est encore sans exemple en Limousin : des linéaments parallèles signalant de courts fossés comblés, sans prolongements lointains, dans lesquels nous pensons voir la marque de lieux de passage obligés destinés à protéger localement un espace privé proche. D'autres fossés, simples traits, s'avèrent bien difficiles à inventorier en raison du manque de précision de traces dispersées . Deux enclos carrés semblent s'individualiser au plus près de l'agglomération actuelle de Verneuil. Le site montre une particulière densité d'indices sur les flancs de la vallée du Ruisseau du Pré-Vieux. Une zone limitée au nord par la Voie Haute de l'Ouest et au sud par la voie d'échange et de liaison qui nous occupe et qui va nous conduire à un gué antique dominé en rive droite de la Vienne, par le village de la Boine et en rive gauche, par le vieux village perché de la Roche. |
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Nous faisons beaucoup de cas de la
toponymie. Elle nous
paraît souvent illustrer et conforter les "réalités
tangibles" que nous avons la chance d'observer au cours de nos
pérégrinations . . . "sur la terre comme au ciel !".
Ailleurs encore elle nous guide et nous incite à débusquer
ces mêmes réalités.
Et nous savons ainsi que VERNEUIL, Vernolium dans sa plus ancienne mention connue, viendrait du gaulois verna, les vergnes (que les poètes appellent les aulnes) et de ialo, la clairière, l'essart, le domaine agricole . . . une entité territoriale qui pourrait s'être organisée autour de l'enclos d'un chef . En un endroit dont une ferme ou un petit village "Les Clides" (les barrières), que l'on appelait autrefois "Le Bos" (le bois ou le buis), pourrait encore conserver le souvenir. Car sur les deux ou trois sites gaulois un tant soit peu organisés que nous connaissions, la Chatrusse de Veyrac, Villejoubert, Rancon . . . nous avons toujours repéré ce que nous croyons être de par sa position topographique et/ou l'importance et la netteté de ses structures, l'enclos du chef.
Mais rien ne nous dit à quelle
époque commença la migration depuis les rives humides du Ruisseau du Pré-Vieux vers ces lieux plus
ensoleillés et plus propices à un habitat important que nous appelons aujourd'hui Verneuil.
Mais déjà un autre lieu nous interpelle. Nos linguistes locaux nous rappellent que "La Boine" est la traduction française de l'occitan limousin "lo bouèno", la borne. Un terme qui nous viendrait avec la même signification du gaulois ou du bas-latin bodina. |
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N B : Nous reprenons
à partir du cimetière de Verneuil, une étude de
voies antiques vers des gués sur la rivière Vienne,
publiée il y a plus d'un an et qui n'avait pas
bénéficié à l'époque de toutes les
investigations et vérifications souhaitées.
Une actualisation et une montée en qualité des clichés de l'IGN et de GOOGLE, une nouvelle prospection orientée vers une visite complémentaire de certains sites et l'apparition d'indices nouveaux, nous permettent de proposer un compte-rendu amélioré de l'exploration de ce lacis complexe de liaisons routières qui apparaissent entre deux axes antiques majeurs orientés vers l'ouest et circulant encore à peu de distance l'un de l'autre, à partir de notre capitale régionale : la Voie d'Agrippa et la "Voie Haute de l'Ouest". |
| Histoire et folklore
Ces cheminements antiques sont à ce
jour et dans la quasi totalité de leur cours difficile, inconnus de notre histoire
locale. Malheureusement,
quelques anecdotes émergeantes, rapportées dans un halo
d'érudition, brouillent et évacuent
superficiellement toute référence sérieuse
à notre histoire antique. Histoire spéculative, Histoire par défaut !
C'est ainsi que dans une publication récente, une érudition qui se veut pourtant savante, reprend une tradition vernaculaire issue d'une prospection expéditive, et oriente une voie parvenue à Verneuil au bénéfice du doute, vers un ancien passage à bac connu pour être resté en usage jusqu'au siècle dernier. Ainsi, dégringolant la pente par Balandie, la voie prétendue antique atteint la Vienne. En face, sur la rive gauche, le village dit "le Gué de la Roche" - qui en fait et de mémoire d'homme, était encore l'atterrissage d'un bac au début du siècle dernier - a ainsi usurpé une origine antique en tant que gué que rien pourtant à notre connaissance, ne permet de supposer. Le folklore aurait ainsi cristallisé au profit du village du "Gué de la Roche", le souvenir perdu d'un double passage d'eau : deux gués antiques situés quelques centaines de mètres en aval, d'une tout autre qualité et envergure et qui vont faire l'objet de notre étude : allons-y ensemble. |
| De Verneuil à la rivière Vienne : par les villages de la Boine et de La Cour, les approches parallèles de deux gués antiques |

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Elément sud d'une probable bifurcation au niveau du
cimetière de Verneuil, une route communale descend aujourd'hui vers la
Vienne par le village de Balandie.
Dans la majeure partie de son cours elle se superpose à un itinéraire romain disparu. Stationnant à hauteur de Bellevue, au bout de quelques pas, un bruit d'eau nous intrigue. Il vient d'une sorte de tumulus moderne qui cache un captage d'eau réalisé anciennement. Nous sommes tenté de considérer cet aménagement comme un indice positif du passage de notre voie antique dont les soubassements résiduels joueraient dans la pente, le rôle d'un aquifère-collecteur (image IGN ci-contre, cercle bleu) |
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Confortant cette option, en aval de notre
captage, une courte tranchée dévale la pente comme un raccourci par rapport à la
route actuelle.
A noter cependant
qu'un chemin direct - comme un souvenir très lointain - existait encore
là au XIXe siècle.Bien que colmatée à l'est venant de Verneuil, cette tranchée routière se montre au contraire bien conservée dans sa partie ouest. Bien conservée pour combien de temps ? Des déversements de terres pourraient assez rapidement la combler (photos de détail ci-dessous). |
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Jusqu'au
village de Balandie, la voie antique peut être
logée sous la route communale ou bien et tout en restant parallèle, dominer le route actuelle.
Après Balandie donc la voie antique poursuit un court instant en ligne droite puis bascule dans la pente vers le ruisseau de Tranchepie. A l'intérieur des bois, de fortes cépées de houx marquent cet endroit. En face, dans la haie de l'autre côté de la route, une touffe de genêts avait attiré notre attention - elle était en fleur ! (document IGN ci-dessus, 3 points verts pour le houx, 3 points jaunes pour le genêt). Dix ans plus tard, la haie a été éradiqué, le houx apparaît bien rabougri. La solitude du marcheur de fond
C'est à ce niveau que notre itinéraire de la Boine, aura reçu venant de la Voie
d'Agrippa par le site de La Collerie, l'appoint d'un diverticule de
liaison.
Cela fait partie des interrogations qui nous assaillent en permanence devant des choix d'itinéraire dont les visées profondes nous paraissent fréquemment obscures car topographiquement téméraires. Leur place et leur intérêt historique dans le concert de ces hautes époques, n'ont cependant rien à voir avec ces fragments d'itinéraires hautement fantasmés que des intimes convictions séculaires ont déposé autour d'Augustoritum et son très large environnement. Or la "Table de Peutinger" pour ne citer que ce document antique, nous propose l'ébauche de ce canevas élémentaire mais au terme de près de trois siècles d'études savantes, il faut bien qu'aucun érudit, n'a encore démontré comment on pouvait aller aux temps antiques, de Limoges (Augustoritum) à Chassenon (Cassinomagus) autrement que par les chemins abondemment chantournés, usurpés d'un vieux folklore approximatif . Et sur des théâtres voisins, force est de constater que personne n'a encore montré sur le terrain de façon techniquement satisfaisante, ce que fut ou ce que furent les chemins de Limoges/Augustoritum vers la ville antique de Poitiers / Lemonum. Ou encore et aux portes de notre ville, nous sommes toujours désespérément seul à parler de chemins antiques desservant les passages d'eau aux lieux-dits de Verthamont ( le Haut et le Bas), sur la Vienne. Et bien évidemment à donner quelques idées précises sur les itinéraires antiques qui permettaient d'y accéder. Il paraîtra cependant présomptueux à certains, qu'un amateur ait choisi de mettre dans ce sujet un peu de réalité tangible : le projet en effet, nécessite une complète remise à plat des thèses actuelles et un nouveau départ avec pour tout viatique . . . l'humilité du marcheur de fond. Dans une prochaine page, parmi ces chemins inconnus, nous continuerons à déjouer le mauvais sort en conduisant avec autant de sûreté que possible, les vestiges de la voie de Saintes (notre Voie d'Agrippa à nous) de Limoges à la Forêt d'Aixe. Et au sortir de la forêt, les Mânes "d'Emile de la Trémouille" et de "Jean du Queyroix", qui furent en leur temps érudits de village précisément conforteront par quelques anecdotes notre chemin vers l'ouest. Le temps ne leur aura pas été donné pour que nous puissions les amener comme promis, à Ployat ou sur la Lande de la Pierre-Levée, à l'écart des sentiers rebattus. Car ces parcours antiques compliqués sont bien là, sous nos pieds et nous parvenons encore à en aligner laborieusement et sans concession des bribes que nous avons dû apprendre à reconnaître avec notre seul bon sens. Bien que nourris d'images populaires, les amateurs d'Histoire n'avaient jamais imaginé que les lointains constructeurs de ces grands chemins seraient venus affronter en rase campagne, des difficultés qu'aucun texte ancien n'avait jamais permis de mesurer. Mais poursuivons notre itinéraire dans sa descente vers le ruisseau de Tranchepie puis la Vienne.
Nous
descendons de Balandie. Au vu de son cours sauvage, profondément
encavé dans l'épaisse alluvion de rive, les passages
à gué sur le ruisseau de Tranchepie doivent
être
largement envasés. Par
contre la remontée de la voie vers La Boine dans une grande
prairie en pente est aussi évidente
sur les photos de GOOGLE que sur le terrain, même en vue
lointaine à partir de la route et du village (photo IGN
synoptique plus haut).
Près du village de La Boine précisément, la voie antique coupe à angle droit dans une débauche de fragon, la route qui descend du village vers la Vienne par le sommet d'une ligne de crête. |

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Mais après la traversée de cette petite route,
aucun renseignement de terrain ne me semblait permettre jusqu'alors de comprendre ou simplement d'entrevoir la
façon dont notre voie allait aborder le passage de la
rivière Vienne.
Archéologie des voies antiques : où l'excès de prudence devient sottise . Pour ne pas
rester bloqué à si peu de distance
d'un gué bien localisé par ses aménagements
de rive gauche, nous avions
opté pour la solution idiote d'aller chercher en direction du
village de La Cour, le secours d'une vieille route communale qui
contourne les derniers tombants rocheux au-dessus de la voie
ferrée et qui pouvait nous masquer un passage antique tout
en évitant à grand-peine, un maigre ruisseau qui vient du
village.
Dans les terres et surtout au voisinage des routes actuelles, cette solution n'aurait pas manqué de laisser quelques traces - même infimes - que nous nous sentions en capacité de détecter. Mais rien de semblable n'a jamais existé ici et néanmoins, toute honte bue, nous avons publié sur le net cette version il y a quelques mois, pensant qu'il n'y avait pas d'alternative. |
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Et pourtant , nous avions déjà fait une remarque
significative il y a quelques années en observant un muret
bordant la partie sommitale de la petite route qui converge de La Cour
à la Vienne en une longue déclivité. Ce muret héritier des pierres de la voie antique, est toujours là aujourd'hui bien qu'il se cache en ce printemps humide, sous les grandes herbes, les arbustes et les ronces. Il transparaît providentiellement au pied d'une digitale. |
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C'était ici et à n'en pas douter, le
passage direct de la voie antique vers la Vienne : en effet, la
dernière actualisation des images de l'IGN nous fournit
opportunément la quasi certitude qu'après le passage par
la Boine, l'itinéraire antique poursuivait son cours vers
l'ouest sans marquer aucune velléité d'aller transiter
plus au nord.
Voir ci-dessus la superposition d'une scène IGN (fossé amont de la voie) significative et tout à fait complémentaire du cliché de fond plus ancien de Google, déjà très explicite dans sa description de la montée vers le village. |
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Dès
lors il
nous restait à retrouver ce qui pouvait rester, à 2000
années de nous, de l'assise d'une voie antique et des
aménagements qui l'auraient préparée à
affronter un dénivelé de plus de 20 mètres
pour accéder au niveau de la Vienne.
Nous allons nous y retrouver tout à l'heure.Or, depuis la route de La Cour, son muret et ses digitales, la cime des cultures accentue la longue courbe du mamelon qui domine la vallée et masque au prospecteur le début de la dépression routière ! Pour en savoir plus, il faut quitter la route et se glisser dans la pente, entre un parc à moutons avec sa bergerie rustique et la terre cultivée. A moins de 100 mètres plus bas, on surprend alors - invisible depuis la route de crête - une longue dépression sèche naturelle qui avait été visée et sans aucun doute aménagée par l'ingénieur romain pour abaisser de quelques mètres la difficulté du passage et attaquer la pente par une longue courbe. Dans la forte pente la descente directe apparaît alors très périlleuse et seul un tracé en épingle paraît possible. Cette descente vers la rivière, se signale cependant par une absence d'affleurements rocheux sur une longueur d'environ 80 mètres et, vue des bords de Vienne, sa ligne de faîte apparaît ainsi assez considérablement abaissée par rapport à son encadrement topographique. Le passage est là : la voici donc l'alternative ! Mais en tout état de cause, une prospection resterait à faire pour apprécier les détails de cette descente abrupte et aventureuse. Dernière observation : longeant le champ de céréales où nous stationnions tout à l'heure, la lisière du bois jouxtant le parc à moutons, a servi depuis des temps immémoriaux et sert toujours sans doute, de dépôt pour les pierres de la voie antique dans sa phase - poursuivie depuis des siècles - de reconversion en terre agricole : voir le panneau photographique ci-dessus. Une vue lointaine Et, en dernière analyse, observez précisément la photo de cette tranchée routière. Allez plus loin dans la profondeur de champ et voyez à droite, au milieu des frondaisons, deux ou trois houppes vert tendre au milieu du vert plus foncé des chênes : nous sommes arrivés là de l'autre côté de la Vienne et déjà à mi-chemin de la remontée vers le village de La Roche. C'est le site d'un village détruit, un site probablement confidentiel en contrebas de la route actuelle d'Aixe à Rochechouart, un site d'accès difficile et noyé dans une végétation dense de friche arborée. La couleur vert-tendre est significative de jeunes frênes qui ont colonisé les abords dégagés des anciens fonds d'habitats et les anciennes caves, qui retiennent l'eau de la forte pente. Observons encore sur notre photo, au-dessus du village détruit, la gueule noire d'un passage qui s'ouvre sous le couvert forestier, au niveau de la route actuelle (D 32, PK 33) et monte droit dans la pente, vers la cime arrondie d'un grand hêtre voisin d'un grand résineux (c'est un effet de perspective) : toute proche, la maison de La Roche qui apparaît sous la ligne d'horizon, occupe vraisemblablement un site médiéval : un petit parc circulaire en tertre, a été construit sur la rupture de pente et pourrait représenter la souche d'une tour. Un site qui a pu récupérer à son profit, le chemin tracé autrefois depuis la Vienne par un ingénieur romain. |
Nous reprenons ci-dessous le document synoptique des voies antiques de Verneuil vers la Vienne, pour essayer de valider un second trajet possible que nous figurons en jaune.
Mais entre le cimetière de Verneuil et le ruisseau de Tranchepie aucun indice de passage n'attire l'oeil hormis des traces d'occupation du sol difficilement interprétables : enclos de tradition gauloise auquel nous consacrons ci-dessous un court paragraphe.
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Mais revenons au
cimetière de Verneuil.
Si une bifurcation de voie antique a jamais existé ici - comme aujourd'hui une bifurcation de routes communales - la branche nord pourrait se trouver pour quelques centaines de mètres sous la route actuelle allant à La Cour via Les Vignes (tracé en tireté jaune sur le document synoptique ci-dessus et le même ci-dessous). Puis l'itinéraire antique serait resté en hauteur jusqu'au ruisseau. Car après le passage du ruisseau de Tranchepie dont les méandres entaillent ici d'épais dépôts de crues, longuement remaniés au cours des siècles, s'ouvre une longue dépression sèche, en longue courbe qui remonte la pente de rive droite jusqu'à s'affaiblir et disparaître au niveau du lieu-dit Les Levades. |
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| Les Levades, un toponyme issu du dialecte local "Las Levadas" dont on sait qu'il désigne souvent des rigoles, des fossés ou des tranchées partiellement comblées comme autant d'indices résiduels de voies antiques. On arriverait ainsi au carrefour actuel des Vignes pour aller contourner par le nord le village de la Cour. Cette dernière
étape, restituée sur les photos de l'IGN, montre nos
hésitations : cette hypothèse
plausible - fonctionnelle pourrions-nous dire - est mal
documentée sur le terrain quand on tente de
l'inscrire dans
le contexte plus large que nous allons évoquer plus
loin.
Tout cela apparaît comme un diverticule redondant après la voie de Balandie et la Boine.
Une solution plausible pour ce que nous savons des
pratiques des ingénieurs romains qui exploiteraient ici deux
itinéraires parallèles mais sur deux lignes de
crête indépendantes plutôt que d'envisager -
arrivant au-dessus de la Vienne - un raccord transverse du plus mauvais
effet car tranchant le lit abrupt d'un petit ruisseau!
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Sur
cet axe, dès le départ, nous avons
remarqué en
bordure de la route et à peu de distance du
cimetière de Verneuil, les traces complémentaires (IGN - Google), assez nettes d'une
structure bâtie complexe de tradition gauloise ou gallo-romaine (photos jumelles de détail ci-dessous).
Rapprochées et mises en regard, l'une déjà ancienne de GOOGLE, l'autre très récente de l'IGN, montrent un grand replat qui rompt une pente exposée à l'ouest et verse jusqu'au ruisseau de Tranchepie. Le cadastre napoléonien montre que des limites parcellaires se sont autrefois superposées aux traces archéologiques : le cas est fréquent d'anciens fossés qui, à un moment ou à un autre et de façon probablement répétitive au cours des temps historiques, ont fixé des haies séparatrices. A peine plus loin un grand rectangle (140X110 m) pourrait faire penser à un habitat de tradition gauloise plutôt qu'à un minuscule camp d'étape des Légions. Des traces plus confuses sont orthonormées sur la route actuelle. Les deux entités, grand enclos et petites traces, sont contiguës, peut-être même en connexion. A la simple vue des photos, le mystère reste entier.
Il ya quelques années cependant, supputant déjà le passage
d'une voie antique sur ces terres, nous avions fait quelques pas dans
un labour. Notre attention fut attirée, non loin de
l'entrée charretière et assez localement, par une forte
densité de cailloux calibrés (50/60 environ) et de
provenances très diverses. Mais nous n'avions à
l'époque aucune raison nous permettant d'imaginer ici de mystérieuses
structures.
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Voies antiques à La Cour Après ce que nous venons de dire, nous préférons plus logiquement imaginer qu'une voie venant de La Bouteille par le carrefour (christianisé) des Prés-Gras atteignait La Cour par le virage qui domine le village au nord. De nos jours ce large virage d'arrivée à La Cour
est dominé par un fort massif de houx et la route est
bordée
d'un important muret de pierre sèche, (repère
étoile jaune aux plans synoptiques et détail ci-contre)
qui se prolonge jusqu'aux premières maisons. En vis à
vis, l'autre talus est également parementé de grosses
pierres de récupération. Ceci laisse peu de doute
en faveur d'un vestige de voie
antique très proche de l'assise de la route actuelle.
Selon nous, et à partir de là, la voie antique continuait jusqu'à la rivière en légère surélévation entre deux maigres ruisseaux (document synoptique ci-dessus) pour un gué situé en léger aval du travers du vieux village de La Roche qui domine l'autre rive. Citons encore pour mémoire, un possible diverticule filant vers l'aval pour un passage d'eau proche du Moulin-Barlet actuel. Diverticule qui ne serait pas en reste d'indices encore parfaitement identifiables, dont un gué marqué par une roche émergeante ! |
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Et dès son embranchement sur la voie de La Cour
à la Vienne , sur ce court trajet, serrés sur la ligne de crête entre deux chênes, 3
frènes avides de fraîcheur . Un jour, quelqu'un a
voulu les éradiquer au privilège des 2 chênes qui les encadraient.
Trois vigoureuses cépées ont alors jailli vers le ciel comme des candélabres géants, étouffant plus qu'à moitié, en quelques années les deux chênes ! Etonnant, non ? (vignette ci-contre et rond vert au plan synoptique). Cette voie éventuelle, proche du Moulin-Barlet, se retrouverait après son gué, dans une montée en lisière d'un bois : on la contrôle ainsi au niveau de la Départementale 32. Après cette route, précisément une courte tranchée routière entaille la pente jusqu'au replat proche qui domine le village de La Roche. |
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Ce replat porte
la trace d'un sanctuaire gaulois de type vierekschanze
: un carré au pourtour fossoyé et aux angles arrondis
(voir beaucoup plus loin dans cette page, le panneau de photos
illustrant l'environnement actuel du village et les superpositions des
plans cadastraux).
Et nous voici finalement encombré pour le moins de deux gués sur la Vienne, à 250 mètres l'un de l'autre et à à peine plus d'un kilomètre d'un pont antique bien attesté en amont : le "Pont des Piles" sur la Voie d'Agrippa !(nous y arriverons tout à l'heure). Et si venant du nord en toute hypothèse, le but de nos voies était uniquement de faire jonction avec la voie d'Agrippa, pourquoi être venus si près d'un pont, affronter des gués difficiles qu'il était si simple d'éviter. L'Histoire avec un grand H s'invite parfois à nos jeux. Ainsi et de temps à autre, dans notre rencontre du micro-détail et bien qu'il me paraisse peu scientifique de l'ignorer, j'ai tendance à oublier d'en rendre compte, considérant comme parfaitement inutiles ces courtes remarques qui, pour de longues années encore, sont loin de toute problématique. Une problématique dont au demeurant et dans le désert ambiant, personne ne saurait quoi faire ! |
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Rappelons notre page
précédente "la Voie Haute de l'Ouest" et le passage de la
Voie Haute de l'Ouest précisément au carrefour de cote
295, aux Prés-Gras, à peu de distance de Bagoulas.
Et ne cachons pas le fond de notre pensée : le court itinéraire nord est-sud ouest que nous venons d'évoquer des Prés-Gras à La Cour et la Vienne a probablement une prolongement lointain au nord de la Bouteille (image IGN ci-dessous). Il nous faut garder cet épisode en mémoire car, bien que nous n'ayons à ce stade de notre étude, pas encore parlé du développement lointain de la grande Voie d'Agrippa de Limoges à Chassenon et à Saintes, nous allons voir qu'après le village de la Roche, notre court itinéraire pourrait constituer partie d'un chemin antique évitant Limoges, et reliant non seulement entre elles les deux voies majeures vers l'ouest du petit espace antique lémovique que nous explorons ensemble, mais pourrait également ouvrir au nord vers St Gence et Rancon et au sud par des chemins encore inconnus. Car l'orientation nord-est que prend notre court itinéraire entre le carrefour des Prés-Gras et La Bouteille, augure bien d'une telle hypothèse. tout à fait conforme à ce que nous avons appris des habitudes de l'ingénieur romain aussi sûr de ses azimuts que peu enclin à la divagation - sauf cas de force majeure. En tout état de cause, nous observons qu'en 2007, notre littérature régionale à l'affût de toute bonne idée qui passe, (avons-nous déjà dit que nous parlions trop et trop tôt ? ) a déjà anticipé à partir de La Bouteille, un itinéraire de génération spontanée, visant Veyrac et Cieux pour aller chez les Pictons (capitale Poitiers / Lemonum) par-dessus les collines de Blond : ces collines précisément qui me semblaient ingénument valoir un détour . . . pour en éviter l'escalade. Par contre, continuant à soulever des idées figées depuis des siècles - la recherche aérienne est faite pour ça - disons qu'en progressant de quelques centaines de mètres, à peine plus d'un kilomètre peut-être, au-delà de La Bouteille sur la "Voie Haute de l'Ouest", nous pourrions bien avoir la surprise de voir cette grande voie admettre également un embranchement vers le nord-ouest cette fois qui, contournant ainsi la tombée occidentale des ces fameuses collines de Blond, nous ouvrirait un chemin antique vers Poitiers par le gué de Jaubert (Gajoubert), Luchapt et ses chemins ferrés et le gué des Mats sur la Vienne de longue mémoire (site "limousin-archeo-aero"). Autant de pistes et de recherches cohérentes à mener pour tenter de parfaire le maillage de notre petit espace antique. |
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Pour
retrouver le fil de nos itinéraires reprenons "la voie
haute de l'ouest" qui, après son passage à la Côte,
puis au sud des étangs de Greignac, croise le méridien de La Bouteille.
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Ainsi donc,
au sud du carrefour des Prés-Gras, deux directions auraient pu se
réunir sur le lieu-dit Les Vignes puis atteindre
le virage de La Cour (étoile jaune), après avoir
traversé un vaste terroir agricole.
En effet, quelques traits résiduels d'un parcellaire périphérique probablement très ancien, ne semblent pas contredire l'idée d'un domaine d'origine gauloise ou gallo-romaine qui aurait occupé autour des Vignes actuel, ce versant bien exposé. A proximité, La Cour , du latin cohortem, bas-latin curtis devenu en ancien occitan cort, la cour : la ferme, le domaine. Souvenez-vous de Cassano-curtis, le "domaine des chênes", site limousin-archeo-aero, page "un desert archeologique". Et les images de l'IGN/GOOGLE d'avant-dernière génération, ont bien l'air de mettre en évidence l'organisation radiale de voies vernaculaires qui auraient irrigué ce domaine à partir d'un noyau d'habitat voisin toujours actif : les Vignes précisément. Incantation
savante, la toponymie est parfois un voeu
pieux qui permet à l'archéologue de se donner bonne
conscience pour meubler les longs hiatus d'une prospection laborieuse.
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| Mais c'est surtout l'existence ou non de sorties de gués convaincantes, de l'autre côté de l'eau, qui va contribuer à donner du corps à nos hypothèses ou a contrario, les ruiner . |
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Rares
sont les passages d'eau antiques qui ont continué à
être fréquentés après les temps
gallo-romains : la rigidité militaire des tracé routiers
qui les encadrent y fut sans doute pour quelque chose.
Cependant, en rive gauche de la Vienne, en prolongement de la voie de La Boine, il semble bien que l'usage d'un gué antique se soit longtemps prolongé. Et il semble qu'il en fut de même pour le gué de La Cour. Au droit du village de La Roche, l'emplacement des atterrissages est tantôt caché dans des rives boisées tantôt enfouis sous les dépôts des crues qui ont créé des prairies de rive; mais même les taupes d'ordinaire plus éclectiques, arrivent à s'y tromper ! Aussi, les anciens aménagements rarement atteints par les eaux et que l'on discerne en retrait de quelques dizaines de mètres des sentiers de pêcheurs, sont précieux. |
| N B : Nos
anciens documents photographiques concernant les sites de
rive gauche de la Vienne, recueillis inconsidérément en
négatif-couleur
avaient pu être numérisés dans de bonnes
conditions. Ils s'étalaient
sur plusieurs années de la décennie 1990. Au cours d'une
première
ébauche de page en vue d'une publication, une panne informatique
irrémédiable a détruit ces fichiers. Les restituer
à partir de négatifs mal renseignés (la honte) eût
été une tâche trop contraignante pour un mince
intérêt. Une prospection de contrôle en fin de printemps 2012, a permis de récupérer des illustrations pour la présente page. |
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L'état des lieux antérieurement à 1999
A partir de la rive gauche donc, dans un environnement pentu,
pointant
sur les arrières ouest du village de La Roche, un chemin
montant bien différencié dans le sous-bois, était bordé
sur son côté droit par un muret de pierre sèche. Accolé au muret, à mi-pente,
un bassin
carré, encadré de pierres, recueillait l'eau qui arrivait
sous la caillasse. Plus haut, le versant était soudain barré par les soubassements abrupts de
la Départementale 32.
A demi enfouis sous les remblais de la route moderne, des terrasses,
des emmarchements et des pans de murs d'un village ruiné
retenaient une eau croupie.
Quelques mètres à l'ouest et toujours au contact de la D 32 d'Aixe à Rochechouart, percée et construite au XIXème siècle, d'autres restes de murs mieux conservés, présentaient une élévation importante. Sur l'ensemble du site, la pénombre générée par les grands arbres, contrariait toute végétation de sous-bois hormis, sous la faible lumière qui tombait par les rares trous de la canopée, des ronces naines et quelques plaques d'orties qui n'arrivaient pas à étouffer de courtes pousses de sureau. |
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L'état de lieux en ce début d'été
2012.
Le cyclone de décembre 1999 est passé par
là. Soudain aéré et ouvert à la
lumière , le sous-bois s'est couvert d'une importante
végétation arbustive enchevètrée dans le
bois mort : le vieux chemin a disparu en tant que tel et le muret qui
le bordait, s'est crénelé sous la croissance rapide
des baliveaux et le choc des vieux troncs abattus. En surface, à
fleur de terre, dévalant la pente, des rigoles
récupèrent l'eau qui semblait autrefois circuler en
sous-sol. Le bassin bordé de pierres est devenu un infame
marigot déserté par les grenouilles. Les
ruines qui retenait l'eau ont disparu sous les orties et les
ronces arborescentes, seuls émergent de jeunes frênes et
plus loin, toujours là, quelques forts pans de murs
furent protégés par des vieux chênes .
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| La
continuité d'un vieux chemin qui
prenait la pente en écharpe vers le gué de La Cour s'est
interrompue sous les fourrés et les arbustes; le cheminement a
finalement disparu quelques mètres après les ruines et bien avant le bas de la pente. Nous vous restituons les lieux tels que nous les retrouvons en cette fin de printemps 2012 et nous contrôlons que le cadastre de 1819 ne signale aucun habitat dans cette pente (?). |

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La suite, est au-delà la
Départementale 32. Il faut monter jusqu'à La Roche et
stationner sur
la place, l'ancien coudert. En progressant vers le fond du village on
trouvera à main gauche, une venelle qui donne
accès à
travers les dernières maisons, au vieux chemin qui borde les
terres de
culture, à l'ouest. Mais par d'autres
chemins on peut également se
retrouver en légère
surélévation pour descendre du village
jusqu'à la
Départementale 32, et longer ainsi et à rebours,
notre itinéraire. Et de là, l'étroit thalweg de la voie antique remonte ainsi au niveau du village. Beaucoup de pierres en réemploi dans des murets eux-mêmes vestiges de constructions probablement moyennageuses. |
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| Dans la forte montée, une petite dérivation du chemin vous améne au fond de la dépression, jusqu'à une grille de fer qui protège une fontaine aménagée (point bleu). Elle récupère les eaux qui ruissellent à chaque pluie au fond de la tranchée antique. |

| Panoramique ci-dessus : Sortie du couvert forestier et après la fontaine cachée à droite sous un arbuste d'ornement, le
fond de la tranchée routière est marquée par les fleurs blanches des
ombellifères.
Le grand hêtre qui nous servait de repère depuis les à-pic rocheux de la rive droite, marque l'axe du passage. Au flanc de la dépression, une lèze de jardin laissée en jachère s'est couverte de coquelicots : la fleur des blés d'autrefois a rarement trouvé en limousin le substrat calcaire qu'elle affectionne sauf en certains endroits privilégiés. Cependant sa vue me rappelle de façon très précise des observations d'autrefois : il est possible que les désherbants sélectifs aient aidé à l'éradication de cette plante. |
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Les plans cadastraux
Visible tant au cadastre
de 1819 qu'au cadastre actuel,
la voie antique a fixé une limite de
propriété : il s'agit du chemin bordé
de pierres sèches que nous avons observé plus bas.
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Depuis l'époque antique
qui nous occupe, ce site aurait eu un prolongement historique important
qui a
probablement beaucoup modifié les lieux mais nous n'en
connaissons que des bribes à l'authenticité non garantie;
on nous a parlé d'un donjon et effectivement un tertre circulaire peut encore se lire dans la topographie.
Le chemin qui court derrière le village, au nord,
présente deux inflexions qui peuvent se lire comme l'obligation
subie au moment de sa création, d'avoir à franchir le
haut remblai caillouteux de deux voies romaines convergentes: ce n'est
pas une
preuve formelle mais l'exactitude cadastrale du tracé que nous
proposons a si souvent été rencontrée que nous
sommes sensible au phénomène.
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En
rive gauche de la Vienne, exactement en face de la voie venant de La
Cour et après une étroite prairie de fond, une trace de voie aborde de front la forte pente boisée.
La rupture est amortie par une rampe terrassée
qui casse la brutalité du parcours et évolue en
quelques mètres en un virage à droite qui prend la pente
en écharpe.
Cette rampe est visible derrière l'érable de premier plan, à droite et au bout des branches. Rappelons que l'érable champêtre est la seule variété qui périclite sur un sol trop sec et fait preuve d'une affinité calcicole modérée : la nature est bien faite, non ? Puis la voie vire à gauche au pied d'une haute levée de terre qui peut s'apprécier en sous-bois. Elle a pu être érigée là, dominant la courte terrasse d'un virage qui "civilisait" ainsi le dernier tronçon frontalement au niveau actuel de la D 32. |
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| Un honnête travail de romain pour ce que nous en connaissons ! Après la route actuelle une dépression très amortie dans une vaste culture prolonge la trace et à travers le village actuel, évolue au sud-ouest reprenant ainsi après les gués, l'orientation générale. |
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L'ancien cadastre
de 1819 montre que la partie montante de cet
itinéraire antique a été repris aux époques
historiques et a guidé une montée vers le village. La partie proprement
historique du trajet s'est rabattue vers la gauche : ce chemin
moderne coupait l'assise de ce qui deviendra la route moderne puis par le gros hêtre en
boule qui nous servait de repère par-dessus la Vienne, il rejoignait le village.
Dans toute sa partie entre le village et la route, il est encore
praticable et il a récupéré toutes les pierres issues des labours
voisins, pour créer un fort muret de souténement des terres agricoles
qui le dominent (points rouges, centres noirs).
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La
forte et persistante empreinte des travaux antiques qui servirent de
base à la voie, dès la rupture de pente vers la
rivière, se manifestent encore par une arrivée d'eau que
la construction de la
route du XIXe a mis au jour : un aquifère coupé suinte son eau dans la
pente (photo ci-dessous). Le débit sera juste suffisant pour alimenter un petit abreuvoir
à vaches à mi-parcours où la veine d'eau disparaîtra.
Qu'allait-on faire au bord de l'eau si ce n'est pour
passer de l'autre côté ?Nous avons vu que les vestiges de la voie romaine abordaient le bas de la pente par un dernier virage amorti par d'anciens terrassements toujours en place : c'est l'abord classique des gués antiques orientés perpendiculairement au fil de l'eau. Le tracé médiéval lui, poursuivait au contraire et pour quelques mètres encore, sa descente en traversée de pente. Revoyez notre photo de la lisière boisée avec l'érable ci-dessus : toujours derrière l'érable mais à gauche cette fois et au plus près de l'arbre, observez la gueule noire de l'arrivée du chemin médiéval - tardif en tout cas - que nous venons d'évoquer et surtout référez-vous aux plans cadastraux. C'est ainsi qu'avant sans doute la fondation du Moulin-Barlet qui a relevé le niveau de l'eau, les habitants de "l'ancien temps" descendaient de La Roche à la Vienne par un long chemin qui négociait intelligemment la pente par une longue courbe . . . initiée par les romains . Ceux du village détruit, à mi-pente, descendait au gué par un chemin taillé en écharpe dans la déclivité ( tracé blanc). Et le gué de la Cour avait probablement pris le pas sur celui de la Boine décidément affronté à des pentes trop fortes. Le village du Gué-de-la-Roche Les temps romains étaient depuis longtemps révolus, quand, 750 mètres en amont, sur des rives d'un abord moins pentu, un gué ou un passage à bac furent créés. Le bac resta en service jusqu'au XXe siècle et des maisons furent bâties sur cette rive gauche de la Vienne : ce nouveau lieu de passage fut appelé "Le Gué -de-la-Roche". De là, en remontant le cours d'un ruisseau on pouvait gagner une ligne de crête, à l'ouest. Et ce dispositif "romainement" incongru trouva facilement une origine antique dans les supputations des érudits. Pourquoi faire compliqué quand tout paraît simple ? Seuls, on le voit, quelques indices matériels chèrement retrouvés, permettent encore de remonter au-delà de ces temps de courte mémoire : faut-il encore se donner la peine de les découvrir ! |

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A partir de
la Roche, l'itinéraire vers la voie
d'Agrippa est toujours fossilisé de nos jours à courte
distance des petites routes
communales (parfois interrompues par un chemin agricole devenu
impraticable). Circulant sur le haut des terres le chemin antique va
finalement rejoindre la grande voie d'Agrippa, de Chassenon
et Saintes, par Bosredon, les Terres-Rouges, Leignat, et les bois
des Essarts (Forêt d'Aixe), à l'ouest de la ferme de
Beauregard .
Suivez ce parcours sur votre carte IGN au 1/25000e n° 1931 est, St Junien.
Tout au long de cet itinéraire de jonction,
sporadiquement, en soutènement des
terres ou en clôtures, en bordure de route, on observera - image devenue classique
d'une voie antique ruinée - des amoncellements de blocs de tout
calibre sous forme de
murets plus ou moins cachés par la
végétation et des grosses pierres éparses au pied
des arbres, tous matériaux non accaparées pour
d'autres
usages.
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| Dans notre prochaine page "De la Vienne au Queyroi", nous rappellerons la convergence et la jonction de la Voie d'Agrippa avec cette voie venant des gués de La Roche. |
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