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Au-dessus des Chômes, la vignette n° 3 (ci-dessous et ci-dessus) nous
rappelle le passage est-ouest de la vieille voie du Breuil de
Morterolles au Pont du Bouchaud que
nous avons sommairement
étudiée sur le site "limousin-archeo-aero" page "une
viree de galerne". Jusqu'au XIXe siècle elle était encore
- à quelques mètres près - la vieille route de
Bellac à Châteauponsac, jusqu'à ce que l'exploitation des
gisements d'argile ne la détourne vers le sud.
Précisément, la traversée des "adillères" - gisements d'argile ("ardil") - selon les vocables employés par les maçons marchois jusqu'à la première moitié du XXe siècle - au sol bouleversé par les excavations, réserve de beaux points de vue en période humide. Lichens et genêts au passage de la voie (photos 3 bis). |


| Une haute levée de terre en sortie nord de la zone, recouvre manifestement la chaussée antique conservée et exhaussée par le dépôt des terres végétales décapées pour atteindre le sous-sol argileux (photo 4). |
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La photo n° 5 illustrant la suite immédiate du cliché
4 (voir le photo-plan GOOGLE ci-dessus) ranime un réel
problème : il est fréquent que nous repérions des
indices qui montrent à quel point les voies antiques pouvaient
être des constructions monumentales. Il s'agit dans ces
cas-là de l'emprise totale de la voie, d'un fossé
à l'autre : 30 mètres ne sont pas rares.
A d'autres moments comme ici (photo 5) et parfois sur la même voie, l'emprise est considérablement plus étroite. Nous pensons que le pillage des voies, dans les temps qui ont marqué la décadence de l'Empire et les siècles qui ont suivi, ne s'est pas effectué de façon uniforme. Dans le cas présent, la chaussée aurait pu être simplement écaillée pour permettre une précaire récupération agricole du sol. Par contre l'enlèvement des grosses margines, pierres posées de chant sur les rives de la chaussée, recherchées tant pour la construction que par souci de débarrasser le sol d'éléments encombrants, aurait laissé d'importantes fondrières. Les fouilles alors se seraient remplies naturellement d'éléments meubles tantôt favorisant la bonne venue d'arbres de rapport ou subsistant en tant que longues lignes de dépression toujours perceptibles malgré des siècles de façons culturales (voir également le cliché 3 et le cliché Google ci-dessus) . |
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| Et puis, abandonnée dans les champs d'argile, l'épave d'une "haveuse" à godets, parce que c'est aussi de l'histoire et parce qu'elle était là. |

| La photo oblique ci-dessus illustre la complexité du canevas des routes antiques sur l'interfluve entre Gartempe et Semme. |
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Mais puisque nous
en sommes là, profitons-en
pour apporter ci-dessous, deux images supplémentaires
à cette voie est-ouest que nous avons
peut-être trop
sommairement évoquée dans notre page
précédente bien que davantage décrite dans celle
dénommée
"une viree de galerne", site "limousin-archeo-aero".
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L'inflexion d'évitement vers le
sud du tracé restitué en couleur orangée, au
niveau du sanctuaire gaulois du Verger (carré : vierekschanze), assignerait
à cette voie une
origine pré-romaine. Le vieux sanctuaire ou la voie qui
passait à proximité ont généré un
incroyable cailloutis dans la parcelle cultivée qui les
sépare (points rouges).
En contrebas, l'aire rituelle qui a remplacé le
vieux sanctuaire (teinte rouge surimposée), semble davantage en
adéquation avec le tracé rouge qui serait en bonne
logique, plus tardif donc antique.
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| En tout état de cause nous pensons que ces voies transverses, dont l'emprise reste très étroite par rapport aux voies nord-sud que nous relevons dans le voisinage immédiat, pourraient être des pistes gauloises ravaudées à moindres frais selon les techniques romaines des premiers siècles de la conquête. |

| Plus loin, ce vieil itinéraire passera près des hameaux de Monsac
et de Labastide, desservis par une courte bifurcation. Nous pourrions avoir là les restes du départ d'une voie en direction du Dorat puis du Poitou par les Quènes et le gué antique de la Caille sur la Brame, le Chiron, Lathus . . . Ce serait une alternative à un départ au niveau du village des Egaux évoquée ci-dessous sur le document IGN de 1950. Mais d'autres options peuvent prendre corps à partir de la profusion de documents que notre époque nous permet de consulter. |

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Nous venons de
voir comment notre voie antique avait eu pour lointain
et approximatif héritier un chemin creux
utilisé aujourd'hui par les
randonneurs et dont le tracé loin des servitudes du
passé, pouvait se montrer plus radical (tracé
rappelé en vert sur le cliché synoptique Google supra : montée des Côtes du Merle jusqu'à la D 25)).
Car après la ruine de la voie et dans un contexte géopolitique dégradé, un chemin fruste, prit le relais pour des besoins vernaculaires . Encore chemin il est venu à travers les siècles s'estomper au seuil de notre époque moderne. Devenu plus loin route nouvelle, le XIXe siècle l'appelait encore "chemin de Rancon à Villefavard". A l'approche de Villard,
un décaissement parallèle à la petite route en cul-de-sac de
desserte du village, induit une petite inflexion de la voie antique.
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De plus
et sitôt cette dépression récupérée par
la petite route actuelle que l'accès se poursuit dans une tranchée
routière qui échancre un léger relief
arboré qui fermait le passage (flèches
affrontées, site repéré 1 ci-dessus et petite photo
1 ci-contre).
Sous Villard, l'analyse de la première partie du versant vers la
Semme nous permit de revenir à l'orientation globale de notre route. Passée l'ancienne
voie du chemin de fer et à l'époque de
nos prospections, mon chien refusa catégoriquement
d'aller plus avant sur un terrain fortement pentu et selon lui, devenu totalement impraticable (photo 2).
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| Il restait alors à aller rechercher le passage d'eau
en prospectant la rivière Semme en aval du Moulin de Villefavard. Sur l'autre rive, il ne fut pas utile de descendre jusque-à la rivière : à mi-pente la belle tranchée routière montante de la Côte-Loube ne laissait déjà plus aucun doute sur la suite du parcours antique (panoramiques n° 3 ci-dessus). A noter en particulier en remontant vers le Meynieux, la double inflexion de la petite route du Moulin (parcours en baïonnette) pour négocier, lors de sa création à une date aussi vague que reculée , la traversée de la haute chaussée résiduelle de la voie romaine (étoile rouge ci-dessous). |
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| Remarqué également en parcourant un vieux chemin transverse entre le Meynieux et la Solitude (photo 4), la dépression en jonchère laissée par la voie au milieu d'une prairie : observez au fond du champ, les touffes de noisetiers (pointe de flèche rouge) qui colonisent localement les haies au droit du passage des voies antiques (les sols frais). Plus claires, des cépées de saules se remarqueront ailleurs lorsque l'imprégnation hydrique sera plus constante et abondante. |


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La ligne de faîte montante nous avait conduit au village du CLOPS . . .
La cote d'altitude 300 marque toujours le passage vers le nord, depuis au moins 2000 ans . C'est ici la fin de notre contribution au repérage contrôlé de cette longue trace routière jusque-là inconnue, qui nous est venue par monts et par vaux de Limoges/Augustoritum par les hauts-lieux, protohistoriques et antiques, de St Gence et de Rancon. |
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Il
y a 160 ans - nous en avons longuement parlé dès la
première page de ce site - M. de BEAUFORT passait par
là : il étudiait un itinéraire antique qui,
selon lui , venait de Saintes et qui se dirigeait vers
Argenton-sur-Creuse.
Campé sur notre terminus du Clops de Villefavard, nous relevons avec quelque étonnement le passage d'Elie de Beaufort en 1850, à la ferme de la Commanderie, commune de Droux, à 2300 mètres dans l'ouest-nord-ouest du Clops. La Commanderie : on sait que ce toponyme qualifiait au Moyen-Age, un hospice élevé à proximité d'une route et destiné à apporter une aide temporelle et spirituelle aux voyageurs, marcheurs et rouliers exposés aux vicissitudes du voyage. Ces établissements furent créés au plus tôt au XIIe siècle - dans la mouvance des Croisades - par des moines-soldats relevant de confréries de Templiers, Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Ordre de Malte . . . Nous avons raconté plus haut dans le présent site, (page "voie de St Gence à Taillac") comment nous avons été grossièrement et très approximativement plagié à seule fin de se prévaloir d'une antériorité d'étude sur cet itinéraire antique. Dans l'ouvrage de 2002 "Travaux d'Archéologie Limousine", l'auteur de "Proposition de tracé pour une voie romaine d'Augustoritum à Argentomagus" après avoir outrepassé Rancon à fond de ravin (Rancon antique outragé !) n'a pas compris dans la planimétrie de l'agglomération, pas plus que dans la topographie de la rive droite de la Gartempe, l'évidence d'une dualité de voies antiques divergentes. Malheureusement, ici comme ailleurs, l'intérêt historique de la publication est nul et l'intoxication du public maximale pour plusieurs décennies. Ayant épuisé comme guide, notre travail succintement résumé, notre suiveur s'est alors inspiré de très près comme nous l'avons dit plus haut, des travaux de M. Elie de Beaufort et s'est retrouvé à son tour et 160 années plus tard à la ferme de la Commanderie. . . . au plus tôt au XIIe siècle . . . Ainsi donc, ces grandes voies romaines que nous étudions, auraient pu survivre à 12 siècles d'incurie, d'exactions, de déprédations, de faits de cupidité et d'hostilités forcenées - bref, à 12 siècles d'histoire - et fomenter encore au bout de ce temps, sur leur assise pillée et devenue impraticable, des établissements hospitaliers ! La vérité est sans doute plus terne : les voies romaines , dévolues essentiellement aux besoins des Légions et de l'administration romaine, plus grandioses et somptuaires que réellement adaptées à des trajets ordinaires, commencèrent à péricliter faute d'entretien, dès avant la fin de l'Empire. On dut alors sans doute et progressivement se résoudre à se déplacer - dangereusement - sur des pistes ni instituées ni véritablement élaborées et donc simplement créées par l'usage : des "cheminements" plutôt que des chemins. Les passages les plus propices furent souvent aménagés et contrôlés par des potentats locaux avides de péages et de rapines . Nous touchons là à la grande précarité voire à la quasi inexistence d'un héritage routier que nous aurait laissé l'époque antique. Cependant et par exception, il nous arrive parfois de remarquer que malgré l'usure du temps, quelques courts morceaux de nos routes actuelles, quelques lambeaux de vieux chemins ruraux conservés, circulent encore sur d'anciens bas-côtés de voies antiques définitivement ruinées mais que d'infimes restes et dépôts d'épierrement peuvent encore sauver de l'oubli. Et il arrive, de loin en loin, que des chaos de blocs énormes abandonnés non loin des chaussées, témoignent des travaux des carriers-concasseurs qui alimentaient les chantiers routiers de ces hautes époques. Et alors ? La Commanderie ? Nous y voilà : quelques siècles encore et les puissants ressorts que furent l'instauration de nouveaux centres de décision, sièges d'un nouveau pouvoir disposant de gens de guerre et voulant profiter du commerce, suscitèrent le tracé de grands chemins - soumis encore à toutes les vicissitudes, y compris celles des riverains. Déjà un début d'héritage dont nous conservons peut-être quelques traces. Et la charité chrétienne agissante y posa a son tour ses propres jalons. C'était de loin en loin, des lieux d'accueil que nous restituent des toponymes tels que : l'Hôpital, la Maladrerie, la Commanderie . . . Exception notable, nous le savons, il arrive que des "Maison-Dieu" tirent leur origine de relais antiques qui ont prolongé leur vocation jusqu'au XIXe siècle. Dans l'immense majorité des cas, il faudra encore attendre la fin du Moyen-Age pour qu'une véritable autorité régalienne commence à saisir l'intérêt et se donne les moyens de parfaire, un semblant de réseau routier. Et nous sommes toujours dans cette mouvance : il suffit de remonter au cadastre napoléonien (autour de 1820), sur lequel nous ne reconnaissons déjà plus notre environnement présent, pour prendre conscience de l'énorme travail de voirie qui a été fait durant les XIXe et XXe siècles. Elie de Beaufort va alors décrire un long itinéraire orienté en moyenne, vers le nord-nord-est car on venait déjà à cette époque, de faire trouvaille de la partie supérieure d'une borne routière antique à St Léger-Magnazeix. Plus loin, il fut conduit à l'approche de la Benaize par une série de toponymes routiers tels "le Chemin ferré (via ferrata)" et "le Chemin de César", qui l'amèneront au gué de Chez-Palant, non loin de Jouac. Des chaussées de scories rouges provenant de la fonte
du minerai de fer dans les bas-fourneaux gaulois
C'est alors qu'en suivant de place en place les restes espacés de scories ferrugineuses s'étirant au travers des labours comme une longue série d'indices objectivement incontournables dont nous venons après lui, de retrouver la trace sur des photos aériennes, il trouva une aide puissante et sûre pour poursuivre son trajet antique jusqu'à Chaillac. Ce faisant Elie de BEAUFORT entrait dans une dialectique encore et trop souvent méconnue des rares chercheurs, qui était celle de l'ingénieur romain : aller chercher l'entrée d'un terroir entre deux têtes de source de telle façon que désormais - marchant à distance entre le cours de deux eaux - il pourrait atteindre sa prochaine étape, ici il s'agissait de Chaillac, sans rencontrer aucun ruisseau. Et au pire n'avoir qu'un gué à passer, sur le ruisseau principal, pour continuer sa route. Monsieur de BEAUFORT manqua de repère en cours de route et fut obligé de se mouiller les pieds quelque part entre Les Loges et Bois-Joli. Mais il atteignit bellement la Buissonnière par un large chemin miraculeusement conservé. Des limites de parcelles lui suggèrèrent de laisser Chaillac à sa droite. Nous y sommes après lui et nous n'irons pas plus loin ! Nous avons déjà beaucoup empiété sur les terres des Gaulois Bituriges ! |
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Nous avons survolé virtuellement sur notre
écran, avec les photos de l'internet (Géoportail IGN et
GOOGLE-EARTH ) une grande bande de terrain entre Villefavart-le Clops
et la limite entre les départements de la Haute-Vienne et de
l'Indre.
Un exercice précurseur qui devait éventuellement guider une prospection au sol poussée jusqu'aux limites de notre département. Dans un premier temps, nous n'avons recueilli aucun fait visuel flagrant - mais on sait que les images explicites sont rares. Par contre il était possible de retenir de nombreux points de passage potentiel pour orienter l'enquête de terrain qui finalement n'eut jamais lieu.
Quant au trajet proposé par la publication de Travaux d'Archéologie Limousine, tome 22 (2002), la
forte tendance ondoyante et tourmentée du tracé
publié ne dément pas celle
remarquée depuis St Gence : comme une sinusoïde qui aurait subi les derniers outrages.
Revoir notre page " La Voie de Rancon et autres lieux : de Limoges à St Gence" (index.html, page d'accueil, même site).
Quelques jalons sérieux
venus d'ailleurs
Les routes historiques, des meilleures aux pires, convergent et finissent souvent par
se confondre à l'approche d'un lieu d'étape désigné par un signe irréfutable.
Et le bourg de St Léger présente en effet la forte probabilité d'être né de la proximité d'une voie romaine : un morceau de colonne inscrite y fut découvert au XIXe siècle. Après avoir subi bien des vicissitudes on vient de s'apercevoir que cet élément conservé constituait la partie haute d'une embase de borne sortie récement d'un fossé (1985) où elle avait dû basculer il y a fort longtemps, à peu de distance du bourg : Travaux d'Archéologie Limousine, tome 29, 2009, pages 55 à 68. Du coup, cette trouvaille isolée complétant heureusement une découverte ancienne, apporta aux auteurs (MM. BRUN, DESBORDES et FACQ) la quasi-certitude qu'une voie antique circulait bien ici, sur un axe sud-nord, à 750 mètres dans l'est de St Léger. Et ce point critique d'implantation ponctue ainsi une direction de circulation antique déjà fortement présumée par un toponyme en situation au sud : la ferme de la Chaussade, pendant que, plus loin au nord, des appellations telles que "le Chemin Ferré" près de Ménussac (via ferrata), puis "le Chemin de César" qui de la Bottière, plonge vers la Benaize, confirment le passage antique . |
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Dans le même temps de la découverte de
l'embase de borne, il fut observé une tranchée
routière au sud près d'un ancien passage traversier du Ruisseau-du-Ris et
au nord et toujours sur le même axe, une photo de GOOGLE-EARTH
décrit à n'en pas douter une trace de voie conforme dans un labour (photo ci-dessous).
Toutes les photos lisibles que nous avons pu recueillir nous montrent une petite voie sans bas-côtés appréciables et de moins d'une vingtaine de mètres d'assise hors-tout . . . (fossés compris). Mais, nous l'avons déjà dit, on ne sait pas toujours ce que montrent exactement les images : lignes de margines ou traces de fossés. En conséquence cependant, l'itinéraire antique proposé par Travaux d'Archéologie Limousine (2002) autour de St Léger-Magnazeix, heureusement amendé et rectifié par les travaux de 2009, prend soudain une allure de véracité qu'on ne lui avait pas encore connue depuis St Gence. Ce court tronçon de voie constitue un exemple remarquable des résultats que l'on obtient quand la prospection redescend sur terre (!) pour prendre en compte hors de toutes supputations effrénées, une ligne de constats matériels concordants.
Ajoutons au crédit de cette découverte et aux
travaux d'interprétation plus anciens qui lui sont liés
que la borne présente une dédicace lisible qui situerait la
construction de la route ( ou sa réfection éventuelle )
sous le court imperium de Tétricus le père soit, à
dire d'expert, vers le début de l'an 274 de notre ère.
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| C'est ici, sur
cette courte approche de la rivière Benaize (un chemin
anciennement connu sous le nom de "Chemin de César") que nous
avons
retrouvé encore inscrites dans les labours et au-delà de
toute espérance, les propositions
formulées il y a 160 ans par Elie de BEAUFORT.
Cela commence donc au sud par une petite route, mi-chemin rural, qui aborde la rivière Benaize.
Passé le gué ou le pont, une tranchée routière paraît émerger des bois de rive. Une voie en part et s'individualise par un arbre relique au milieu d'une parcelle. Passé le chemin de desserte de Chez-Palant, une haie prend le relais.Puis des traces apparaissent dans un labour . Plus loin, vers le nord, les restes de la chaussée antique ont servi à asseoir la levée de terre d'un étang moderne : l'étang Luque. La voie s'inscrit alors en continuité apparente, sur les photos aériennes de l'IGN et de Google. A quelques minuscules écarts près, ce sont ces restes rouges de chaussées antiques qui conduisirent Elie de Beaufort en 1850, jusqu'à Chaillac, à 10 kilomètres de là . Les photos modernes heureusement complétées par d'autres plus anciennes (1950), nous restituent ce parcours par des longs rubans de scories, déchets sans doute issus d'une activité sidérurgique artisanale dans laquelle nos ancêtres gaulois excellaient.
Ces scories métalliques couleur rouille qui dessinent de longues
lanières continues au tracé très fluide, colorent
encore les
terres malgré 2000 ans de brassage par les labours. Une diffusion au fil des siècles par les façons
culturales, a sans doute sensiblement élargi leur emprise.
Revenant en arrière et sitôt passé la Benaize, nous constatons qu'une autre et très forte tranchée s'incruste dans le sol et remonte tout droit dans la pente sur 400 mètres, en divergeant vers l'est d'une trentaine de degrés. Nous serions alors devant une bifurcation. Seulement voilà : passée la petite Départementale 105, à hauteur des Plaignes et sur un terrain pourtant favorable ici ou plus loin, aux révélations de chemins antiques, nous n'avons plus retrouvé aucune autre trace aussi loin que nous ayions porté l'investigation. Alors, un coup pour rien Monsieur le Romain ? Déjà, sur la présente voie, à Villechenoux (nord de Nantiat), une monumentale tranchée routière fut un jour décaissée par un ingénieur romain. A mi-pente on s'aperçut qu'une tête de source et un ruisseau barraient le passage. Il fallut trouver autre chose et ce ne fut pas une mince affaire. |
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Structures et traces
On notera également sur les photos le regain d'intérêt qu'apportent quelques témoignages d'une activité humaine dans le large environnement de la route antique (photos ci-dessous). C'est d'abord et sur des photos en noir-et-blanc, une suite de traces qui prolongent la révélation des chaussées rouges d'Elie de Beaufort jusqu'aux portes de Chaillac. Mais également des labours constellés de macules sombres et un nom générique "les Cribledis" qui s'y rapportent à l'évidence. Bois de la Reine, Bois aux Dames, Bois rond . . . des toponymes boisés. La Minière, la Petite Forge, Chez Pierre de Forges . . . peuvent témoigner de l'intérêt qui fut porté ici à une métallurgie artisanale du fer et sans aucun doute poursuivie bien longtemps après les gaulois. Voire même les Rochères, la Terrière, les Sablons . . . qui pourraient être reliés à des travaux de recherche du minerai. |

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Sur le lieu de confront actuel des départements de
la Haute-Vienne et de l'Indre, aux milieu des landes, on remarque une
trace semi-circulaire qui s'appuie sur un diamètre
légèrement décalé.
Nous n'éviterons pas l'allusion aux lieux de rencontre - equoranda : "les terres du milieu" - entre Lémovices d'Augustoritum (Limoges et sa large région ) et Bituriges-Cubi d'Avaricum (Bourges et autres pays d'alentour), qui se réunissaient dit-on à dates fixes sur leur frontière commune pour règler leurs accords et leurs différents, se défier en joutes guerrières et certainement ripailler ! |
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Il est étonnant que cette trace assurément très ancienne, s'inscrive dans un retour d'angle limousin (lémovique ?) de la ligne de partage entre les deux départements. A l'inverse, le cliché IGN récent (à gauche) est muet sur ces très vieux aménagements mais à la faveur d'une culture fine et d'une circonstance météo favorable, il nous décrit une emprise hors-tout de la voie antique d'une grande crédibilité (étoile rouge). Plus loin, le toponyme "Bois-Rond" pourrait cacher d'autres rondeurs. |
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Le
toponyme évoque ces champs criblés de macules plus
sombres et sans doute rouges, s'il s'agit comme nous le pensons de
terres rubéfiées par la chaleur ainsi que des
brisures de l'argile recuite des bas-fourneaux et de mâchefers
oxydés par la chaleur (les scories).
Nous croyons savoir que les premiers bas-fourneaux de la protohistoire étaient démolis dès la fin de la première chauffe pour récupérer la loupe de fer fondu, prisonnière des scories . Et l'on rebâtissait un nouveau fourneau . . . Dans d'autres contrées, des signes semblables dans les labours ou les cultures ont pu être interprétés comme des excavations dans le calcaire pour rechercher les rognons de silex d'où l'on tirait les premiers outils des Ages de Pierre. Mais ici, les scories rouges des très vieilles routes voisines de Chaillac, infirment cette option. |
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Il n'est pas davantage plausible que de petites et
éventuelles excavations (maintenant comblées), puissent
avoir été des puits de mine.
Enfin ces espaces frontaliers entre peuples de l'Age du Fer (Lémovices, Bituriges et Pictons), situés sur des zones de contact géologiques entre les vieilles roches hercyniennes du Massif-Central et les roches sédimentaires du Poitou, ont vu se perpétuer au cours du temps une activité sidérurgique artisanale alimentée tant par des minerais de surface que par le charbon des forêts d'alentour. Dans la page "gaulois et gallo romains.html" de notre site "limousin-archeo-aero.fr" nous avons fait état d'une récolte fortuite de minerai sous la forme de gros nodules d'un poudingue ferrugineux dénommé autrefois "bétain", sur des terres de lande gorgées d'eau, dans deux communes de Haute-Vienne, aux confins du Poitou. Ici, un petit enclos carré figure au milieu de la zone d'activités. Une zone, les Cribledis ( les terres criblées de ... taches, de trous ?) terme issu de l'ancien dialecte local, comme l'aigadis, le renfermedis, le plantadis . . . Mais il en existe d'autres que la couverture photographique IGN nous démasque et d'autres encore que la toponymie nous suggère. |

| On pourrait penser que la voie d'origine est
celle qui a le plus marqué le paysage : voyez ses ondulations encore soulignées par des haies et son emprise
conservée jusqu'à son arrivée au village de
la Buissonnière. Néanmoins un
détail nous pose un réel problème : un
ingénieur romain responsable aurait hésité
à établir une
route si
près d'un ruisseau et qui plus est, en parallèle (
tracé fléché jaune) et sur une distance relativement longue.
Aussi nous ne pouvons écarter l'idée que la voie d'origine serait celle encore marquée par les traces de scories ferrugineuses (flèches rouges). Le passage ondoyant au plus près du ruisseau (tracé jaune), serait alors un itinéraire postérieur, construit ou créé par l'usage, un diverticule destiné à libérer les hautes terres, plus propices à la culture. |

| Mais déjà
on a pu se demander, en
visualisant l'ensemble du parcours de la Benaize à Chaillac, la
raison
d'une subtile inflexion vers l'ouest au niveau des Loges : il
s'agissait en fait, de contourner d'aussi loin que possible la
double proximité de la tête de source du Ruisseau des
Chardons, près de Beaulieu et du ruisseau des Loges (voyez votre carte IGN, série bleue). Et d'aller du même coup faire passer la voie entre les têtes de source du Ruisseau des Loges et du Ruisseau de l'Allemette (photos). Et ainsi de joindre Chaillac sans s'être jamais exposé à subir des crues soudaines et à s'être tenu le plus loin possible des miasmes paludéens qui émanent des vases des fonds de vallée ! Le romain redoutait les traîtrises de la terre et des eaux, le gaulois se méfiait du ciel. |
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