Jean Régis PERRIN




OBSERVATION AERIENNE AU-DESSUS DE


CHASSENON EN CHARENTE LIMOUSINE :


"CASSINOMAGUS",

une prestigieuse étape routière
gallo-romaine à la campagne.





    

   





CHASSENON ANTIQUE
en Charente-limousine . . .
Cassinomagus,

"le marché des chênes"





RONCOMAGUS et CASSINOMAGUS :
comparer ce qui est comparable


  On s'habitue facilement à considérer le plan antique en damier régulier, tel celui de la ville de Limoges- Augustoritum, comme l'archétype de toute implantation romaine d'envergure.
  C'est sans doute vrai quand le romain se mettait en tête de bâtir en rase campagne un habitat nouveau d'une certaine importance mais cela ne l'était probablement plus quand il formait le projet de s'implanter  dans ou autour d'un habitat existant qui avait déjà pris de longue date, ses aises dans le paysage. Etant bien entendu que nous savons d'expérience, pour l'avoir contrôlé en de multiples occasions, que dans toutes ses  démarches de vainqueur, le romain évitait toute provocation.


   Cela dit, c'est en toute hypothèse, en mettant en parallèle Rancon en Haute-Vienne et Chassenon en Charente, que  quelques similitudes me seraient apparues . 

RANCON en Haute-Vienne . . .  Roncomagus,
"le marché des roches escarpées"



Voir sur ce même site notre page rancon_ antique.xhtml




CASSINOMAGUS . . . CHASSENON (2)



 Des images aériennes qui se voudraient plus descriptives
mais qui parlent déjà

  Chassenon en Charente limousine, "un village bâti sur le dos rassurant d'une colline, bien planté sur la terre et son ciel, un village bâti pour durer et qui durait". . . (Saint-Exupéry) .
  Un village qui conserve d'un passé deux fois millénaire la ruine de trois monuments somptueux : au plus près de nous, sur l'image, les Thermes, les mieux conservés de France dit-on et placés dès leur dégagement, sous des toits protecteurs. Plus loin, le socle blanc d'un Temple octogonal si compact et si solide qu'il a découragé des générations de récupérateurs, enfin et à droite  la fosse envahie par la friche de la cavea d'un grand Théâtre dont les dernières pierres  disparurent quelques années avant la seconde guerre mondiale.

   
Et puis . . . et puis apparemment . . . plus rien ou si peu : jusqu'à un autre regard.

 Une image aérienne ( 2 ) qui est également - par pur hasard car ce n'était pas tout à fait le bon jour -  porteuse de quelques indices cryptés . . . En effet des signes nous interpellent mais dont nous ne percevons que des bribes, quelques traits qu'à force de patience et de contrôles menés sur d'autres terrains, de recoupements en quelque sorte, d'expérience aussi d'une vie campagnarde d'autrefois. . . nous nous efforçons d'interprèter.

 
Voyez-vous des souches de murs transversaux - des lignes doubles - dans la grande parcelle qui va du village de Longeas, à gauche, à la route de Champonger au-dessus ? (point rouge).
   Non ? C'est défendable, ce jour-là des traces étaient à peine visibles !
  Si  oui, vous avez raison. Je crois me souvenir que des archéologues qui ont pu utiliser mes clichés, ont dégagé ici sur la pelouse (petit point rouge ci-contre), des substructions de bâtiments antiques. Des fouilles   

situées au contact des granges du village, vite remblayées et dont je n'ai personnellement rien su.

 Et aurait-on pu rechercher des correspondances entre ces fouilles vite abandonnées et le grand habitat de la parcelle en forme de crosse de hockey, traversée par la voie d'Agrippa à gauche : une domus aux pièces réparties autour d'une cour centrale que je venais de découvrir et que je vous  montrerai plus loin dans cette page.
   Et puisque nous en sommes à parler de ces parcelles proches ou contiguës à la ferme, regardez les traces (les "traulhes" - trajectum) de la sortie des troupeaux repérables à leur déjections.
   Et juste à gauche, la sortie des  engins agricoles qui vont à leur ouvrage, érodant petit à petit la pelouse : un jour où la terre était humide cette même trace moderne sera prise pour un reste de voie romaine !
 

  Des traces encore entre la bizarre avancée de l'esplanade du Temple et la haie arborée à gauche qui nous cache le grand aqueduc, voyez-vous le dessin - en lignes doubles encore - d'un enclos bipartite de tradition gauloise ? (petite étoile rouge)
    Non ? . . . Vous avez sans doute raison : il doit s'agir  d'autre chose
car 
ces enclos n'étaient jamais entourés de murs (comme ici selon les apparences) mais de fossés.
   Nous signalerons plus loin cette structure :  mais voyez en attendant l'
image 2 ( l'enclos est à peine lisible), puis retrouvez-le encore sous  4 moutons en patrouille sur la limite haute de notre cliché  2-1 ci-dessus, et également le cliché 2-2 ci-dessous (étoile encore). 
      
    L'endroit nous le verrons, a été recoupé par les fouilles des aqueducs mais aucun commentaire n'a été formulé.

La circulation naturelle des eaux.

 La grande parcelle en forme de boomerang qui coiffe les Thermes de façon circonflexe et quet nous venons de voir   sur la photo 2  (image souvent composite et changeante), est plus récente car sa version complète  figure à l'ancien cadastre : elle débute et s'appuie à gauche, au bas de notre image sur une courte levée de terre qui nous a longtemps intrigué : c'est un  aqueduc secondaire qui ramène aux Thermes l'eau épurée plus haut.

  Cette longue parcelle occupe un  thalweg asséché en surface comme une légère dépression coudée qui naît et s'allonge du sud au nord entre le Temple et les Thermes.

  Il y a maintenant plus de 10 ans, une analyse par résistivité électrique a montré sans commentaire, la forme étrange, en étoile, qui affecte son sous-sol et qui constitue selon nous, un gîte naturel de rétention d'eau, un réservoir. Et  la simple photo conventionnelle trahit parfois en filigrane, cette présence.

   Il n'est pas jusqu'à la forme de la parcelle coudée qui n'apparaît - sous certains angles ou situations météorologiques - s'appuyant sur les indices  de l'incident géologique !

   Passée la route de Rochechouart ( la D 29) et à son contact même, l'écoulement d'eau qu'elle génère vers l'aval, s'épanche quand il arrive en surface et forme une longue mouillère qui rejoint le ruisseau de Longeas et des Fonts-Chaudes.

  Il fallait une image de la géophysique pour comprendre l'origine de cette zone humide qui alimente le ruisseau, ce qui n'est pas  évident pour ceux qui n'auraient pas idée de croiser les sources de renseignement !
   Voir plus loin les photos 10, 11, 12bis . . .    

 Sur une photo de l'IGN,  un indice semblable s'est récemment montré comme la source du ruisseau d'Epenèdre ( vignette sur cliché n° 10 et plus loin 31). C'est ce dernier constat qui a orienté notre analyse. Voir également et pour plus de détails la photo 12 bis plus loin !
    Ne confondons pas ces signes avec  les "chevelus" d'irrigation ou de drainage que  l'agriculture traditionnelle traçait naguère dans les près de fond pour maîtriser les eaux de surface : "las levadas" en dialecte limousin . . . " lous beseaux" et "le besellage"en dialecte de la Marche profonde.
   Fossilisés, ignorés, disparus, leur rémanence peut être trompeuse - nous le verrons plus loin - pour les jeunes générations d'archéologues qui n'ont ni connu ni étudié, ces vieilles pratiques agricoles. Zonage étoiles bleues.

           . . . . . 


 
Il y a 2000 ans ou presque . . . Cassinomagus. 

    C'était ici une étape de fin de journée pour les fonctionnaires de l'Empire, les légionnaires ou les commerçants, à pied, à cheval, en voiture ...  qui arrivaient de Limoges/Augustoritum, une "mansione", un arrêt important - sur la route Saintes, ( Mediolanum Santonum où ils pouvaient, au besoin,  se reposer durant quelques jours d'un voyage déjà long et difficile.

  En effet et par le cumul de toutes sortes de bonnes  raisons . . . politiques, géographiques, hydrographiques et  venant peut-être à l'appui d'une notoriété déjà acquise, sur cette terre indécise de séparation entre les Lémovices et les Santones, et longtemps après la création de la route de Saintes, le romain avait jeté son dévolu sur le site nommé Cassinomagus pour édifier une démonstration somptuaire de son génie.
   Une opération unique par son ampleur dans cette partie nord-ouest de la cité des Lémovices.  Une opération  probablement sous-tendue par un certain souci "civilisateur".
    Car il était bien là le gaulois, solidement installé bien qu'en ordre dispersé mais encore trahi aujourd'hui par ses infrastructures fossoyées.
  Pour amadouer l'autochtone et faire partager ses bonnes  raisons, le romain avait  certainement formulé de solides promesses :
   -"ça va créer de l'emploi, des tailleurs de pierre, des carriers, des maçons, des charretiers, des chauffeurs de fours, des gardiens, du personnel de service . . . et tout ces visiteurs qui vont vouloir boire et manger !  Vous allez devenir riches ! "

  
   On imagine assez bien ce que fut l'enclos monumental de Chassenon : les photos ci-dessus (2) en montrent  les beaux restes.  
   Au premier plan, les Thermes antiques précieusement protégés depuis leur mise au jour. Les érudits des derniers siècles y voyaient le palais d'un grand personnage. Depuis très longtemps, les habitants de Chassenon connaissaient ici des entrées mystérieuses qui s'ouvraient au pied des ruines enfouies sous la végétation. En l'absence d'un nom plus précis, on parlait alors de "longues caves" : las cavas longeas en dialecte. Et Longeas serait ainsi devenu un toponyme.

  Plus haut, le socle octogonal d'un Temple : le "Montélu", en dialecte local c'est à dire le "petit mont", le "monticule".
 

 Le Montélu . . . certains y ont vu un temple dédié à la Lune ! Mais, ne leur jetons pas la pierre : il arrive parfois que la tentation de l'érudition nous incite à nous surpasser ! Ecoutez plutôt :
". . . lu pitit pringué soun pitit mantélu . . ."
 . . . l'enfant prit son petit petit-manteau . . . (vieux conte enfantin)).
  En fait, le diminutif occitan "élu" se retrouve en français dans agnelet, ruisselet, coquelet . . et autre vaguelette . . .


   Enfin, à gauche, le trou en friche de la cavea (les gradins) et de la scène d'un Théâtre antique : "Las Arènas " ( vocable local postérieur à l'an mil probablement) qui devint  "L'Arènas" par élision de l'article et finalement "La Léna" sous la plume d'un géomètre de l'ancien cadastre qui n'était pas d'ici et qui parlait pointu.

    Contrairement aux gens du cru qui, il y a moins d'un siècle, parlaient encore comme on n'écrivait pas !

Ces terres sont également désignées par le toponyme "Les Ultaux". Alors là, je reste coi !


Chassenon et les apports de
l'observation aérienne


   En quelques années, sur ce fonds connu de haute mémoire, l'observation aérienne a ajouté ses images non équivoques:

 
   .   à l'autre bout de l'agglomération, à l'ouest, sur les terres agricoles des Coutis et des Près de Roby et suite à des trouvailles anciennes de puits à eau domestiques  . . .  nous avons trouvé des rues. Une courte rue décumane (est/ouest) d'abord vite recoupée par la longue ondulation d' une rue cardinale (nord/sud) principale. Deux autres cardines s'ébauchent à droite et à gauche. Ces rues fossiles sont cantonnées de traces appartenant à des fondations de maisons ou d'échoppes (photos 46, 48, 49 . . . plus loin).
     .   A ces découvertes, il faut y ajouter la domus (grande maison) de l'Aubard (clichés 17 et 18 infra) que nous aurions tendance à interpréter comme une tabernae (taverne) de luxe à peu de distance de la via agrippa.
 
     .  D'autres structures sibyllines ont été démasquées dans la parcelle triangulaire des Acacias (ph. 58 ), rue des Combeaux.


     .  Une longue partie de la façade courbe de l'ancien Théâtre ( photos 3,59,60) a révélé le passage du déambulatoire périphérique sur lequel s'abouchent 3 vomitoria (escaliers) qui donnaient accès aux gradins . . .
 
     .  Une place doit être faite aux traces plus ou moins fractionnées de la circulation  périurbaine de ces hautes époques.
   Des traces qui s'inscrivent cependant dans une continuité de bon aloi grâce aux
enseignements et aux critères que nous avons appris à reconnaître ailleurs mais qui accèdent ici un degré de certitude qui n'avait jamais été atteint par les moyens classiques, sur le long interfluve entre Vienne et Graine,  qui porte Chassenon. Dans cet espace au long cours,  des amorces de voies nord-sud sont présentes et ne demandent qu'à être prolongées.
    Notre vicus antique accède enfin de visu, au tout début d'un statut de noeud routier sur la grande voie d'Agrippa des origines.


   
Mais il arrive également que certains esprits intrépides que rien n'arrête et surtout pas l'inexpérience, bâtissent des réseaux mythiques qui empruntent à toutes sortes de vieilles rumeurs et idées mal charpentées : 

       certaines natures  peuvent faire de l'histoire avec  du vide !


   Deux destins pour un même résultat. Maintenant, Chassenon et Rancon ressemblent  simplement à un village limousin.
   Dans quelle mesure Chassenon-la-gauloise   fut-elle marquée par une histoire romaine qui semble s'être déroulée sans elle, sur sa périphérie et le petit noyau d'habitats antiques des Coutis nous apparaît encore bien mince ! Le vicus (bourg) ne trouva semble-t-il jamais le grand destin que les aménagements somptueux des romains auraient pu lui  faire espérer.

  Chassenon survécut chichement aux fastes de l'époque romaine et nous n'avons qu'une idée très vague de ce qu'elle fut au pied de ses monuments . . . mais c'est précisément ces restes de monuments que l'on commence à sonder.
  





     Car, après des fouilles comme une sorte d'inventaire, on espère que seront remis  au jour (cliché 3) et valorisés ces pans de murs tout juste entraperçus dont l'appareillage somptueux nous coupe le souffle.
   Hors les Thermes - les plus beaux de France dit-on - on réhabilitera probablement ces niches en culs-de-four qui soutenaient l'esplanade du Temple ouverte au soleil levant, on redécouvrira au-delà de l'incroyable sophistication des Thermes, les subtilités de leur alimentation en eau qui sont encore l'objet de toutes les suppositions . . . en attendant les lumières d'un hydraulicien .
  Et, puisqu'il n'en reste rien, on pourra au moins imaginer l'emprise du  grand Théâtre dont nos images donnent sur un peu plus de 50 mètres, le fragile aperçu  du fantôme de son déambulatoire périphérique sur lequel débouche encore la trace de 2 voire 3 vomitoires qui donnaient accés aux gradins.

     Le passé a probablement de l'avenir.



Sur la route antique de Lyon à Saintes,
voie médiane de la Gaule chevelue :

l'étape de Cassinomagus .  

 






Aspects fondamentaux du tracé des chemins médiévaux
confrontés aux vestiges de la  voirie antique (4 et 5)


Les mares et les micro-parcellaires (5) :
des témoignages  d'une occupation agricole gauloise
.




N B : le franchissement des restes de la haute chaussée romaine par le chemin médiéval , s'est effectuée dans un fort sillon creusé dans le massif pierreux. De cette traversée il nous restait il y a encore quelques années, une fondrière colonisée par les orties. Nous avons  ainsi et depuis longtemps remarqué la présence de certaines essences végétales qui manifestent de façon constante de subtiles affinités avec l'assise arasée des très anciens lieux de passage, mais ici, dans sa pérennité deux fois millénaire, le phénomène nous étonne toujours autant.

              Nous indiquons d'une double flèche, en marge droite de notre cliché, la bifurcation qui affecte à cet endroit la voie d'Agrippa. Nous allons  étudier prioritairement la branche sud (renseignée Ag 1) comme la plus impliquée à ce stade, dans  de multiples structures  archaïques, d'aménagements liés à la présence des monuments romains et de traces de voirie tardive. Nous reviendrons en temps utile sur cette parcelle des Fonds, pour étudier la branche nord de notre voie.

          La présence de mares sur la cote 235 -  manifestation semi-naturelle aménagée qui semble bien (selon notre expérience) accompagner les temps de l'indépendance gauloise  mais  dont la pérennité n'est plus assurée - témoigne sans doute au jour le jour, du niveau de remplissage des réserves hydriques : la cote de la source de Londeix leur est  à peine inférieure. A rapporter à la cote 261 - culmen local à 750 mètres d'ici - sur la voie romaine entre La Gasne et Machat : photo précédente 4.
 Le tout à mettre en regard - dans l'optique de la captation des eaux au profit de l'alimentation des Thermes - avec la cote 221, niveau supérieur de remplissage du "château d'eau" que constituent les citernes de Masfrand dont nous parlerons plus loin  (21).

            N B : A noter sur ce même cliché des restes que nous avons pris - au début - pour une culture en billons fossilisée.
Les limites parcellaires et les chemins sont présents au vieux cadastre, remontant à une époque indéterminée . . .
    Trop tard, un drainage  vient de tout effacer  (photo 5).
   Nous nous consolons facilement en pensant qu'il s'agissait probablement et tout simplement, d'andains de fauche récents laissés en place.
 




 Perspective chronologique sur la voirie
et  divers autres indices
à l'approche de Cassinomagus,
clichés 6 et 7.


   La branche sud de la voie romaine d'Agrippa - notée plus loin Agrippa 2, sans aucun souci de chronologie - est  bien marquée dans les terres par ses bas-côtés plus sombres.

 Bientôt elle  décrochera en altitude de près de 10 mètres; elle va ainsi franchir une dépression sèche (flèches rouges). Un lit fossile qui ne conduit apparemment pas d'eau de source, au point que nous suggèrerons plus loin qu'il ait pu être aménagé par les romains comme tranchée routière pour la voie de Pilas.
   Puis la voie remonte sensiblement en traversant (étoile rouge) un site de carrières qui lui est sans doute postérieur.

  Nous la verrons réapparaître dans une prochaine image, à la Croix de Longeas.


              Le contournement d'un habitat gaulois

    A partir d'observations multiples de voies antiques dont certaines étaient axées vers des zones  habitées où n'auraient pas manqué de se présenter des conflits d'intérêt, nous avons constaté et ainsi appris que le romain pouvait réorienter à distance 
son projet routier ou même et au dernier moment, effectuer un brusque écart . . . pour éviter toute provocation.

  On remarque que le chemin  de l'antiquité tardive (en jaune) qui  aurait succédé à la voie précoce d'Agrippa,  se signale lui aussi, par un déperchement de même nature quoique moins prononcé : raisonnablement, on pourrait penser à la pérennité d'une même cause (6 et 7, rappel).
  Ici, il s'agissait, pour l'ingénieur romain prudent,  de contourner des habitats gaulois dont les traces (évidentes pour qui  a l'expérience de scènes semblables) seraient une nouvelle fois, à l'origine du phénomène que nous venons d'évoquer ci-dessus : le "pré gaulois" (coin inférieur droit du cliché 6) et son éventuelle extension diffuse vers l'est, trahie par des cheminements  que nous matérialisons par des flèches orangées.

  Plus tard encore et strictement axé cette fois sur la ligne de crête, un cheminement dont témoignent les cadastres contemporains (le chemin de Chassenon à St Auvent donc), renverra dans l'histoire ancienne l'essentiel de ces grands chemins d'avant l'écriture, essentiellement parce-que la cause et donc le besoin du détour avaient disparu.

 Faisons un saut dans le temps. Passée la longue Paix romaine, la déliquescence d'un état centralisé laissa finalement  place à des pouvoirs locaux incapables de juguler l'anarchie et  de s'opposer à des calamités généralisées.  

  La grande voie d'Agrippa fut progressivement abandonnée et entra  dans l'oubli et la ruine sous la friche et les prédateurs, avides de ses éléments nobles et de terre agricole gratuite.
 
   Ce furent les siècles sombres du Haut-Moyen-Age, une piste s'instaura allant vers l'est, s'alignant au mieux sur la ligne de crête absolue (cliché 6, flèches jaunes ponctuées).
   Ce fut pour de longs siècles, le chemin de Chassenon à St Auvent.


_________________________________

St Auvent

   Simplement St Auvent . . . car pour la plupart des gens de cette époque, que serait-on allé faire plus loin par une route maintenant ruinée par l'incurie; une chaussée crénelée d'ornières et de gros cailloux, partout aussi difficile et quasi disparue.
 
  Rochechouart  n'existait pas encore mais il y avait depuis longtemps du monde à la Pouge et une villa dit-on non loin, à Biennac. Les seuls obstacles pour aller à St Auvent étaient alors  une grande forêt avec en contrebas,  le profond ravin du Gorret qui défendait l'accés à un  vieil oppidum gaulois.

   Au milieu de cette fortification, surélevé sur son esplanade, un gros village qui deviendra St Auvent. Bâti en bois et torchis vers la fin de l'Age-du-Fer et de l'indépendance gauloise, il n'aurait à notre connaissance, laissé aucune trace palpable de son origine gauloise - en tant qu'oppidum - mais nous lui accordons volontiers un prolongement de  vie active à l'époque gallo-romaine.

  Une vie ardente sans doute que trahissait  un long diverticule en anse de panier, qui le reliait à la voie d'Agrippa et qui reproduisit en son temps les schémas romains, de plus en plus nettement typés vers l'ouest.


 
Ce simple constat qui remet bien des choses en place, est  à porter au crédit de l'étude des documents aériens.

  Mais il suppose aussi et surtout une  lecture décomplexée du paysage historique ambiant en évitant de s'enfermer dans les options d'une tradition érudite 
éternellement reconduite , en écholalie.

Même site : page "du Queyroix à la Pouge-Périgord", paragraphe "le diverticule gallo-romain de St Auvent".

________________________________


A noter encore sur ce cliché (6), accolé à la voie dans son approche de Chassenon:
 
   .  un enclos très fruste de tradition gauloise probable (autre cliché agrandi dans une vignette cadrée de rouge),
  . une longue dépression topographique  cantonnée entre de grosses haies et dont le fond apparaît largement tapissé de placages   tels des dépôts  de colluvions argileuses. Un départ sur tête de source axiale semble exclu (voir également cliché 8) , ce serait un ravin sec (bis) et nous suggérerons qu'il ait pu conduire vers la Graine, une voie émanant du Pont de Pilas. Sur ce versant nord de la Graine, non prospecté au sol, ce n'est pour l'instant qu'une indication de recherche.
   Ce serait la "tranchée routière de la Grande-Pièce".  Nous  reviendrons  sur ce problème en fin de page.

   . Au bas de notre cliché 6, proches de la version 2 de la voie d'Agrippa, deux structures orthogonales imbriquées  que nous retrouverons  plus loin sur les clichés 7, 8 10 et 11 et qui se situent  à peu de distance du prolongement final (trace d'humidité puis haie arborée) de ce que l'on connaît actuellement de l'aqueduc principal de Chassenon (photo 7, près vignette cadre bleu).
   Cet indice d'une possible interruption de l'ouvrage sera confirmé 10 ans plus tard, par les analyses géophysiques de Cécilia BOBEE.
   Un élément de circulation de moyenne ampleur (?), longe une face de la plus grande structure (flèches orangées).

   .  et par report de trouvailles faites en sous-bois, un aqueduc dont la voûte se serait écroulée (?) en vis à vis d'une petite mare  (barrette et point bleus, photo 6, en bas, à droite), de part et d'autre d'une clairière, au-dessus du "pré gaulois" et  que nous avons relevé il y a très longtemps, en prospection au sol.

    Ces derniers indices,  isolés, n'ont pas été repris par les études archéologiques récentes du site.

 


                                               
               Les Plaines et le Caillou-Blanc (ci-dessous 7 )
           (même site sous un autre angle)


On remarquera encore :
   . A la sortie du bois du Caillou-Blanc, une bifurcation sur  la ligne de crête, notée en jaune  : c'est l'ancien chemin de St Auvent à Chabanais  par le Val de Graine (cartouche de gauche, noté en noir, ci-dessous photo 7) qui se sépare du chemin de St Auvent à Chassenon (en jaune). Leur origine pourrait être antique mais  leur usage s'est prolongé jusqu'aux derniers siècles. 

   . Deux indices d'enclos (ou de tout autre édifice antique voire même protohistorique) au tracé orthogonal, imbriqués figurent  en discordance d'orientation : déjà signalés au paragraphe précédent et susceptibles d'être pris en compte au chapitre des "sources" de l'aqueduc (bas de l'image 6, sous la ligne à haute-tension, bis repetita).

 
On aura remarqué que ces derniers indices, observés lors de conditions météorologiques en évolution et/ou dans une configuration changeante de préparation agraire des sols, apparaissent sous des aspects discordants sur l' image de fond et le cartouche elliptique : ici une trace vert foncé témoigne à un moment donné d'une remontée d'eau qui devient à un autre moment, une ligne claire asséchante.  Alors fossés ou soubassements de murs ?
 
 En photo  8, nous avons à nouveau souligné la présence de ces structures.

    

Une voie vers le sud
venant du Pont de Pilas

(Carte IGN, série bleue, 1931 ouest, 1/25 000)
Sud-sud-est Chassenon


  Enfin et pour tenter de ne rien oublier, quitte à revenir sur le sujet à la fin de cette page, nous faisons figurer sur un axe nord-sud la voie précoce du Pont-de-Pilas, flèches rouges surchargées d'un point blanc (photo 6 ci-dessus, 6-1 ci-contre,
 6-3 et
6-4 ci-dessous,  et chapitre à venir).
  Enfin démystifiée grâce à la contribution de Laurent PELPEL, qui a reconnu sans ambiguité la base de trois piles de ce pont antique sur la Vienne révélant de ce fait l'emplacement indiscutable de la culée de rive gauche.


 Grâce à cette localisation précise de l'axe du passage d'eau, la présence  de la voie a pu être reconnue exactement sur la première partie de son parcours. 

 
Remontant la pente, on peut désormais suivre l'ingénieur romain qui va recouper à la perpendiculaire, la ligne de crête qui porte le chemin médiéval (ou de l'antiquité tardive) de Chassenon à Chez-Raymondin (incidemment, photo 11, cadastre actuel).Mais à partir de là, la suite est plus problématique.

  Après la ligne de crête qui porte le chemin de Chez-Raymondin, une traversée de labours porte  de
vagues apparitions espacées dans le temps (IGN) .
   Un vestige de bâti isolé en pleine terre et d'orientation conforme, existe près de cet axe.
   Puis après la D 29 actuelle et toujours vers le sud, vient une remontée jusqu'à la seconde ligne de crête des Plaines et du Caillou-Blanc.
   A peu de distance on croise la voie d'Agrippa   et une nouvelle pente se poursuit vers la Graine  ponctuée par le passage près de Champonger (traces d'habitats) puis au nord du Château de la Brousse. Plus loin, deux toponymes évocateurs figurent au cadastre de 1833 : la Planche puis Les Chevades.
 

    Ce tracé aurait ainsi pu emprunter la longue dépression qui figure ci-dessus et qui borde les terres de la "Grande-Pièce". Elle ressemble étonnemment à un lit de ruisseau, cependant elle n'est pas  répertoriée comme tel  par l'IGN. Ce serait plutôt un ravin sec qui ne rassemblerait qu'épisodiquement des eaux de ruissellement, vite épuisées par les fossés latéraux d'une voie antique : nous reviendrons sur cette idée dans le cours de cette page. 

   Il pourrait de plus, exister une bifurcation à l'entrée de cette tranchée routière  illustrée par notre photo 6 : l'ancien chemin de St Auvent à Chabanais  pourrait en être le second élément qui orienterait l'assise antique d'une branche de voie  rejoignant la voie de l'Aubard, photo 6, en haut, à droite.
 Les terres des Ecrotas ou des Quartiers pourraient avoir été le lieu d'une jonction entre ce diverticule présumé de la voie de Pilas, aux voies antiques filant vers Fougéras et 
Fonceverrane d'une part et à la   Chauffie d'autre part que nous décrirons ci-après photos 18 ter et la suite.

  Ci-dessus un extrait de verticale IGN de l'an 2000 qui ne disqualifie aucune des deux thèses.

   Mais faute d'être allé sur le terrain en temps utile, cela ne constitue pour nous, qu'une orientation de recherche  que je lègue volontiers à celui qui s'intéressera un jour, au noeud routier de Chassenon (repérage par flèches rouges ponctuée de blanc - photo 7).

 
   Remarquons à nouveau la logique de notre proposition qui prend son origine dans
la  redécouverte en toute certitude des piles du pont antique
   par  les observateurs des "Amis de Chassenon".

   Sur ces même versants de rivières qui nous occupent, l'option de l'archéologie savante  traverse le terrain en ligne droite raide comme une hallebarde,  ne faisant aucune place à la doctrine des routiers antiques, et ne s'encombrant d'aucun souci topographique, ni  d'aucune préoccupation  de bel ouvrage.
Cette élucubration
que rien ne justifie, occupe désormais un rang frelaté dans un contexte . . . qui méritait mieux !
 
Nous donnerons plus loin notre vision du chemin tardif du Gué de Pilas (à ne pas confondre avec la voie du Pont).
   


Documents pour la voie de Pilas vers le sud :
le passage de la Graine au Moulin de la Brousse.



   Les documents ci-dessous apportent une crédibilité accrue au thalweg de la Grande-Pièce reconsidéré
en tant que tranchée routière livrant passage à une voie issue de Pilas.

   Après la tranchée routière présumée de la Grande-Pièce, le site du Château de La Brousse est contourné par l'est et la voie file vers la Planche du Moulin.
   Plus bas, après le lieu-dit Les Chevades, l'itinéraire pouvait  passer dans l'ouest de La Judie et rejoindre une convergence routière à l'est de Fonceverrane où nous situerons dans le cours de cette page,  le passage de la voie antique issue de Chassenon par Fougéras. (Cartes IGN série bleue).






Nous reviendrons en fin de cette page, sur le cours de la voie de Pilas entre le passage d'eau sur la Vienne retrouvé par les "Amis de Chassenon" et son voisinage avec les  diverticules de la  Voie d'Agrippa


Revenons à notre propos : le cours de la  voie d'Agrippa
au sud de l'espace monumental.




Plan général sur le massif des Plaines et du Caillou-Blanc (cliché 8).


  Coin supérieur gauche du cliché : le village de Champonger. Devant le hameau, sur le versant exposé au nord du thalweg présumé routier, on devine des traces d'enclos quadrangulaires ainsi que des zonages tantôt arides, tantôt humides : ce type d'indices est fréquent sur des terroirs ayant supporté des  habitats et/ou des activités agricoles de tradition gauloise (astérique vert, cliché 8). Ils s'accompagnent souvent de nombreux macules, généralement de petite taille : les "sols tavelés".
  Observés à cette distance, il faut être prudent quant à la pertinence de ces indices. Nous n'avons pas  visité ce site en rive duquel pourrait transiter la voie du Pont-de-Pilas (voir ci-dessus).

   

Indices fondamentaux concernant l'origine  des voieries :
incidence des  zones d'habitat sur les tracés.



    Au centre du cliché se déploie le tracé sud de la voie d'Agrippa, de Limoges à Saintes par Chassenon. L'ancien chemin de St Auvent à Chabanais déjà évoqué, la recoupe et plonge vers la vallée de la Graine  ( terroirs des Quartiers et du Clos-Beaudut : voir plus loin).

  A noter encore : 
             - au premier plan,   le chassé-croisé du chemin de Chassenon à St Auvent (d'après les cadastres) avec les restes de la voie romaine d'Agrippa, signalé par des pointes de flèches rouges. C'est une image fondamentale où la contorsion d'un chemin d'origine médiévale (ou plus tardif encore mais toujours présent dans le paysage) révèle la présence (visible ou non) d'une  voie romaine dont il est grossièrement issu : c'est le tracé en baïonnette, amortie par l'usage séculaire. A voir plus loin, dans le même esprit, le contournement par le sud de Chassenon  sur le cliché 29 : baönnette très, très amortie, mais néanmoins décelable.
            -   la zone de carrières (étoile rouge) et  en plan lointain, par anticipation, le carrefour fossile médiéval ou de l'antiquité tardive, de Longeas (étoile verte, liseré rouge).



          Révélation d'un aqueduc (synthèse)
(toujours cliché 8).


    -   Enfin au bas de notre image un petit cercle interrompu rouge signale quelques macules et une petite zone humides : ce pourrait être des puits d'évent potentiels d'un hypothétique passage de l'aqueduc souterrain destiné à alimenter les thermes.
   
  Et en haut du cliché, à droite, derrière le hauban de l'avion, un grand cercle rouge interrompu contient (repérés en bleu), les indices  - repérés au sol et pris en compte par les archéologues -  de la présence non équivoque de l'aqueduc  :  affleurement en dos-d'âne d'une voûte (pointe de flèche bleue) et effondrement de voûte
(barette bleue) en sous-bois.

  
    Il ne faudrait pas négliger pour autant en approchant du village, la marque très nette - mais difficilement exploitable à cette distance, je vous le concède - de la présence du mur-bahut qui va supporter les arches de l'aqueduc traversant le vallon de Longeas (flèches rouges ponctuées de bleu, en opposition).
    
 Puis revenant vers les origines de l'adduction d'eau, par observation aérienne sur sol nu :  le prolongement déjà évoqué, de ces indices par une trace humide diffuse (apparente sur le cliché 7 dans les terres des Plaines) et par une ligne d'arbustes.
 Quelques années plus tard, le dessouchage  a provoqué à son endroit, la réapparition des indices humides.

Par défaut de curiosité, méconnaissance ou excès de conformisme . . . ces nuances n'ont pas été évoquées
dans les travaux de l'archéologie traditionnelle.
Dix années plus tard, les travaux de l'archéologue Cécilia BOBEE  valideront ces remarques. 
 

    Il pourrait apparaître plausible de rattacher à ces détails d'hydrologie, les deux enclos orthogonaux, superposés en discordance d'orientation qui figurent au-dessus mais à très peu de distance de cet axe (à-plat vert et à-plat bleu en superposition décalée).
 



   Fluctuations d'aspect des sols et gîtes de rétention d'eau.
 ( cliché 8 )

   Enfin deux gîtes naturels de stockage d'eau apparaissent dans le paysage avec leur structure en étoile et d'autres encore qui présentent un faciès moins typé (plus loin à l'est, dans les terres du Bois-Chalat), apparaissent assez fréquemment selon les circonstances météorologiques.

           -  En effet, dans la partie inférieure droite du cliché on observe sur des labours, de larges regains herbacés déclenchés par des remontées d'eau. Ces traces de fracture s'organisent de façon radiale autour d'une zone centrale qui fait penser à un point de percussion (?).  

    Dans l'optique connue de la chute d'une météorite, nous pourrions avoir là les restes profonds de micro-impacts, abondamment pénéplanés, nivelés et abaissés : ces réseaux de fissures ou de fractures  peuvent sans doute avoir atteint des couches imperméables à une certaine  profondeur. Ces sols fracturés et fracassés constitueraient des gîtes de rétention d'eau. Epars sur tout le massif,  leur ensemble est probablement affecté de nombreuses connexions. Et à leur aplomb, par percolation, l'eau  qui aurait  migré vers les couches profondes du sol e
n périodes de pluies, serait tout aussi bien capable dans le cours d'une sécheresse, de remonter vers la surface par capillarité dans les broyats de roches.
    Après épuisement des réserves, ces plans de fracture  se montrent alors comme des zones arides. En effet, quand la réserve d'eau diminue et que les niveaux sont  profonds, les cheminées capillaires subissent un rétreint important et parviennent au sol comme d'étroites lignes vertes à peine perceptibles. Elles ne tardent pas à évoluer en lignes claires d'assèchement des terres puis à disparaître dans l'aridité ambiante.


   L'observateur aérien remarque ainsi de façon constante la similitude des effets entre les micro-perturbations d'origine humaine liées aux voies romaines et aux fossés gaulois   et ces restes de bouleversements géologiques. Voir également les images suivantes.

La recherche de l'eau :
mythes et réalités


   Le système de rétention d'eau que nous venons d'évoquer en bordure de la Départementale 29, montre ici sur une culture de céréales (photo 10), son haut niveau de remplissage. La percolation des eaux de pluie au droit de la "cheminée centrale" est à l'origine d'une zone déprimée qui marque ici l'origine d'un petit synclinal où naît le ruisseau d'Epenèdre. Avant d'atteindre la Vienne, celui-ci animait autrefois à mi-pente, un petit moulin fonctionnant nécessairement par éclusées.  
   La photo suivante  (11, à droite) montre la réduction de ces mêmes indices de  remontée hydrique au cours d'une période de sécheresse (fluctuation saisonnière).

   Notez  :
      .
  l'extension des phénomènes (photos  10 et 11  ) est visible  en deça et au-delà de la route : ainsi, l'aqueduc aurait-il pu en son temps, prélever de l'eau dans  les aquifères de la zone fracturée mise en évidence ci-dessous et dans les multiples autres, à peine plus lointains, qui  affectent l'ensemble du massif des Plaines, du Caillou-Blanc et du Bois-Chalat.
 
   En 2007 et sur cette petite zone, des études géophysiques approfondies de Cécilia BOBEE ont en effet confirmé
                  - un champ d'anomalies trahissant la présence de ces nombreux aquifères
                  - et fixant ici
comme nous l'avions observé de visu quelques années auparavant . . . la limite au-delà
                    de laquelle disparaissaient tous nouveaux indices relatifs à une présence d'eau impreignant les vestiges  
                    d'un aqueduc rampant dans le sous-sol.
 
   Devant cette réalité doublement constatée,  pourrait-on comprendre qu'en ce point précis l'aqueduc,  dans sa progression vers l'est,  serait venu s'engager dans un substrat rocheux coupant dorénavant toute migration capillaire de l'eau vers la surface, expliquant ainsi l'extinction des indices ?  Repères pointes de flèches bleues : 1, 2, 3, 4, photo 10 ci-dessous.
 
Apprécier également les structures quadrangulaires superposées en discordance d'orientation qui figurent sur cet axe.

  Enfin dans les terres de culture qui bordent au nord  la départementale 29 ( le Grand-Chemin, le Bois-Chalat), j'avais repéré, il y a très longtemps, de longs plans de fracture dont l'image évoluait, ainsi qu'il a déjà été dit,  en fonction des circonstances météorologiques. 
 
A l'époque
, la recherche de sources conventionnelles plus ou moins lointaines accaparaient exclusivement les esprits. Ces indices ne m'avaient pas paru  valoir une photo : je le regrette. 

    Ainsi le modèle classique de l'aqueduc souterrain allant collecter à longue distance, des sources ponctuelles pourrait - en tout ou partie - être modulé.

  .  
En l'an 2000 (Terra Nova), une étude géophysique des sols   a montré  un semblable phénomène d'hydrologie en étoile entre les Thermes et le Temple du Montélu : le micro-phénomène qui n'a semble-t-il aucun lien avec l'hydrologie fonctionnelle des Thermes, n'a pas fait l'objet de commentaires (cliché n° 31 et vignette sur photo 10 ). 
    Il s'agit là aussi, d'un petit synclinal  qui ne donne 
en surface et sur place  aucun signe d'humidité  mais, passée la route de Chassenon (D 29) et avant le ponceau du chemin des Arènes, il déclenche l'apparition d'une zone fortement hydromorphe
   Avec l'apport en eau minime du ruisseau de Longeas - qui passe sous l'aqueduc des Plaines, puis sous la D 29 avant d'arriver là -  il s'agit de la ressource principale en eau du ruisseau des Fonds-Chaudes (repère étoiles bleues).

   Les photos récentes de l'internet montrent qu'une mare bénéficiaire de cet aquifère en étoile, a été creusée non loin des Thermes et pratiquement au contact de la D 29. 
 
   Ces arrivées d'eau convergentes enserrent une légère surélévation de forme paracirculaire qui tranche sur l'environnement par un sol aride plus clair : c'est un bec de confluence.

  

    Voir plus loin notre mosaïque verticale n° 30 : petites étoiles bleues.   

   S'agissant toujours de l'alimentation en eau des Thermes et  de la géologie très particulière de "notre vieux socle hercynien", il serait en effet  réducteur d'invoquer seulement  des captages de "sources" situées au diable-vauvert : Londeix, Fonbouillant . . . voire La Pouge au-delà de Rochechouart, à 8 km de là !
  Voici comme  une alternative à cette  absence de solution, un aperçu sur l'un des  3  aqueducs, creusés sous une  colline de roche  en voie d'arénisation, qui alimentaient autrefois des fermes dans la périphérie de mon village, non loin de Limoges.
   En 200 mètres de galerie, (ou à peine plus)  et au plus fort d'une sécheresse d'été, des zones fissurées (photo médiane, dépôts noirs) et un plan de fracture stabilisé par un mur perméable (non représenté) délivrent une eau  abondante dont le niveau - à quelques dizaines de mètres de sa sortie au fond d'un puits de visite - dépassait largement ce jour-là la cheville du personnage qui essaie de se garantir ici d'une inconfortable fraîcheur .
  Tombé en désuétude, ce réseau  traverse  à distance, d'anciens  bassins, cressonnières et autres abreuvoirs. Et 
l'exutoire final  nourrit encore des fondrières dans un chemin creux.


 

La "patte d'oie" des Fonts-Chaudes,
ou l'évidence d'un trivium antique.


   .  Enfin, et pour changer momentanément de sujet en conservant les mêmes clichés, voici le cadastre actuel de Chassenon, en surimpression d'une photo IGN (fig 11), qui nous montre une longue et étroite lanière de parcelles accolées à la Départementale 29 (succession de "ronds rouges").

    Ces parcelles très allongées sont probablement le  reliquat probable du "recalibrage" a minima de cette route survenu dans un passé indéterminé : peut-on imaginer que la collectivité aurait un jour jugé dispendieux et  donc inopportun de conserver la large emprise que ce lieu de passage avait hérité de l'époque antique ?

   L'ancien cadastre de 1833 (vignette sur photo 10) montre que cette réduction aurait pu s'étaler dans le temps : la réduction de la largeur d'emprise n'a pas encore atteint la "patte d'oie" des Fonts-Chaudes.

 
  Il n'y a guère que les vieilles chaussées romaines profondément et solidement empierrées - conservées par hasard durant des siècles  sur de courts  passages -  pour présenter une telle résistance à la mise en culture.

   Ici le vieux cadastre nous montre une route de largeur inaccoutumée, aboutissant à une bifurcation trop bien "dessinée" pour remonter simplement à l'Ancien-Régime : on peut raisonnablement  penser que l'on se trouve dans le contexte romain d'un "trivium" antique.       

     Ces remarques marquèrent pour nous une  forte présomption puis finalement la prise en compte totalement assumée, d'une branche nord de la voie   d'Agrippa (Ag 2) se séparant  du tronc commun à hauteur de la pièce de terre des Fonds (voir plus loin, cliché 44).



N B : Vignette du cadastre de 1833 (en haut, à droite, ci-dessus).
         Notez la largeur de la voie conservée localement, à son arrivée sur le trivium antique et la récupération en terre agricole sur le
         cadastre actuel (photo suivante 11, points rouges).

                              Un trivium antique

   Le terme latin trivium  est  connu dans la littérature antique au même titre que quadrivium (le carrefour)  mais - à ma connaissance - l'un et l'autre  n'ont jamais couvert dans nos régions, qu'une idée virtuelle et passablement floue.
  Aucun vestige ni aucune image ne sont jamais venus nous montrer la réalité tangible de ces aménagements souvent pourvus entre leurs branches, de diverticules de liaison courbes, plus ou moins longs et qui permettaient au voyageur de changer de direction sans être obligé d'aller passer au point de concours géométrique du dispositif routier.

   Une figure d'école montrerait les voies comme le croisement des deux diagonales d'un losange curviligne dont les côtés seraient les itinéraires de liaison : une figure en "as de carreau".

  Sur l'interfluve entre Gartempe et Semme, au nord de Rancon, pages "voies de la gartempe", une telle configuration existe, plus ou moins étirée, plus ou moins reconnaissable pour le profane.
  De par sa spécificité le trivium peut se présenter en étoile ou en triangle.
   Voir encore à ce sujet et sur cette même page, le "trivium" entre la voie d'Agrippa" et la "voie de Léas", photo 38. Et d'autres encore, pas forcément mentionnés.

   Voir ci-dessus et ci-dessous,  des copies réduites des cadastres de 1833 et actuel, photos 10 et  11. Et sur ces photos précisons à nouveau la succession de points rouges qui signale  les parcelles allongées remontant à la récupération de l'emprise routière antique.

 


      Sur les photos 10 et 11, cadre rouge : un enclos rectangulaire de tradition gauloise (cliché de droite) dont l'orientation est cependant asservie à l'alignement du chemin tardif de Chassenon à St Auvent. Rechercher éventuellement une description plus précise sur d'autres photos de l'IGN ou de GOOGLE  EARTH.

     Cliché de gauche (11), non loin du passage présumé de la voie de Pilas, une parcelle quadrangulaire (repérée en rouge), se présente sur d'autres clichés, comme des affleurements de couleur claire, classiques d'anciennes  constructions romaines (2014 : souches de murs, mortier . . .). Dans la succession des cultures, elle est parfois laissée à la friche.

   Nous reviendrons plus loin et de façon  plus complète, sur ce second tracé de la voie d'Agrippa (le plus précoce peut-être)  jamais encore évoqué par les travaux des érudits.

    En attendant, nous poursuivons notre enquête sur le  parcours sud de la Voie (Ag 1) que nous avons décrit depuis la Gasne et dont le proche environnement s'avère extrèmement riche en vestiges gallo-romains de toute nature.




Longeas, l'aqueduc et le "pré gaulois"

   Notre courte expérience provient de constats observés en d'autres circonstances et particulièrement au-dessus de l'oppidum de Villejoubert et de la ferme de la Chatrusse (Haute-Vienne). Images compatibles avec celles que nous offre ici "le pré gaulois" de Chassenon. Celles de la Chatrusse ayant  bénéficié de contrôles au sol que nous avons pu mener sur des tranchées d'une opération de drainage moderne.

   A Chassenon, le site du "Pré gaulois" ne nous montre  qu'une petite partie de l'étendue probable des indices :  ce sont ici des fossés parallèles matérialisant sans doute de courtes voies de circulation ou, à peine ébauchés, des enclos enfermant des maisons bâties en matériaux périssables. Les zones érodées où l'herbe jaunit et disparaît à la moindre sécheresse, seraient des zones d' "activités" et de vie accumulant dans  leurs fossés (?) de  pourtour comme à la Chatrusse, des reliefs de vie domestique et artisanale : cendres, poteries culinaires, petits ossements,  débris d'amphores vinaires . . . loupes de laitier ferrugineux moulées au fond des bas-fourneaux .

   Révélés après de longues séances de photo-interprétation renouvelées après chaque sortie aérienne, certains sites gaulois n'ont jamais retenu l'attention des archéologues au prétexte de l'absence de "mobilier" en surface, circonstance jointe semble-t-il à l'absence de "modèles" structuraux attestés : la "ferme gallo-romaine"  n'a toujours pas de figure présentable et explicite  dans la littérature limousine.

    Par contre, la répétition de couvertures photographiques verticales d'opportunité, menées en 3 ou 4 minutes sur un site reconnu sensible, peut donner à terme un éclairage pertinent par effet de cumul et de complémentarité. 
En Haute-Vienne, la pars rustica (partie agricole) de la villa d'Arédius (St Yrieix) et la vaste ferme gallo-romaine composite : enclos, sanctuaire, thermes (?) de Morterolles, sur un carrefour antique, nous ont été révélées de cette façon.

    Mais l'intérêt de notre discours s'amenuise dans la mesure où  nous  assistons à la disparition
incontrôlée de beaucoup d'indices archéologiques potentiels sous des zones en voie d'urbanisation ou abandonnées par l'agriculture.




 N B : Plusieurs photos aériennes sont souvent nécessaires pour transcrire valablement un site archéologique sachant bien que son image risque de n'être jamais complète.

  On notera encore sur le site (photo 12) un puits proche de Longeas, alimenté au fond par de petits aqueducs radiants (prospections au sol); également  une voûte écroulée et une mare envahie par les roseaux  et plus loin, au nord (haut de la photo) le passage de l'aqueduc majeur d'alimentation des Thermes.

   S'agissant de ce dernier, sous le mur-bahut enterré, support des piliers d'arcades révélés par la fouille, le ruisseau de Longeas a de tout temps  trouvé son chemin malgré l'empâtement de la colluvion bloquée par le mur : au pied du talus, une arrivée d'eau continue
à alimenter - maigrement -  en aval, son vallon d'origine.

  Toujours au pied de l'aqueduc, après un point d'eau carré creusé de main d'homme, on observe un autre suintement au pied de l'ouvrage qui correspond à l'arrivée d'une voie tardive (flèche jaune) que nous verrons venir dans une prochaine image, du carrefour fossile de la Croix de Longeas.
  Précisément, nous avons pu  il y a une vingtaine d'années, en profitant d'un curage de fossés sur la  route de Longeas, voir le passage de cette petite voie  sous 50 cm de terre. Elle était pavée de façon très fruste  de tuiles brisées, de restes de poteries et de quelques cailloux.
  Nos images la montrent passant derrière le hangar agricole de Longeas et arrivant au niveau de l'aqueduc.

  Le garnissage de cette voie se comporte encore comme un élément  perméable qui amène ici l'eau drainée dans la pente. Rien n'échappant à l'attention de l'agriculteur, l'effluent d'une étable du village avait été conduit vers ce vieux drain superficiel, au bénéfice des prés d'aval : flèche bleu- clair, (photo 12 ).


La prise en compte
de la réalité  du terrain.
Un exemple. 



Notre photo 12 bis ci-dessus a été surchargée dans sa partie gauche, par le résultat de l'analyse électrique effectuée en 2002 par
 l'association Terra-Nova.

      Cette "révélation" participe grandement à l'éclairage du terrain
déjà amorcé par la photo aérienne classique.

   Des plans de fractures rayonnants se révèlent conducteurs et trahissent dans les broyats de roches, des retenues d'eau  qui se purgent épisodiquement et  entretiennent une imprégnation des terres de l'autre côté de la route : teinte verte accentuée de l'herbe malgré le "pompage" important effectué par les chênes de la haie.
   Dans la cuvette centrée sur la fissuration, la structure de la fracturation rocheuse n'est pas formellement perceptible au sol néanmoins il semble qu'elle ait nettement orienté  la limite ouest de la parcelle agricole qui existe ici en forme de boomerang  ( cadastre de 1833).

   A droite, les encadrés rouges délimitent les zones récemment couvertes par une nouvelle analyse de résistivité électrique pour rechercher les prolongements arasés des Thermes dans les prés de Longeas.
  Accessoirement,  ils rendent compte  d'un réseau ancien des rigoles d'irrigation des prés  qui apparaissaient déjà avec une grande évidence, sur notre cliché.

   Mais à cet instant, je ne suis pas sûr que leur origine
simplement agricole  et à peine centenaire, ait été reconnue. Car finalement, leur image électronique semble avoir orienté abusivement l'attention des archéologues vers des "circulations" routières antiques !

   Les Thermes apparaissent ainsi campés sur une petite dorsale d'interfluve qui se termine par un bec en forme de replat paracirculaire aride, de l'autre côté de la route.

Des "circulations" à tout prix !

    Un  linéament rectiligne (peut-être double)  traverserait in extremis, le bec de confluence et pouvait - hypothèse hardie ! -  avoir guidé plus loin à gauche,  la partie médiane d'une limite cadastrale découpée en chicane (baïonnette).

    Ce dernier indice est souvent chargé de signification : voir plus loin le même phénomène qui affecte deux limites cadastrales sur le départ de la voie de la Chauffie-Fougéras à peu de distance de l'Aubard. Et l'incident sur la voie d'Agrippa au nord de Bretenoux.
   
    Nous aurions aimé que les archéologues en charge des voies antiques de Chassenon y soient sensibles, même si dans le cas présent, vraiment rien n'est avéré.  
    Mais leur report sur plan, erroné d'une dizaine de mètres par rapport à la photo aérienne et que nous reproduisons sous le numéro 61, montre bien que
le sens historique que nous renvoie parfois  cette anomalie, n'est pas connu.

    Cette même reproduction de plan montrera  qu'en fait, un indice simplement hasardeux aura suffi à justifier une voie antique passant sous les arènes !

Ce qui logiquement - mais peut-on parler ici de logique ? - nous ramènerait quelques siècles en arrière : Chassenon avant l'ère monumentale ! 

Les faits du hasard, brouillant parfois notre bon sens,
- mais peut-on parler ici de bon sens ? -
 nous font souvent perdre beaucoup de temps !

 
 
 La mesure de la résistivité
électrique des sols

   L'analyse de la structure d'un terrain par résistivité électrique
est un travail de technicien qui doit être déchiffré par un archéologue  généraliste particulièrement éclairé.

   La manipulation consiste à mesurer la résistance du sol au passage d'un courant électrique calibré, entre des sondes métalliques enfoncées aux sommets d'un carré de terrain. La longueur du côté ( 1m, 2m), la profondeur atteinte par les sondes (1m, 2m), déterminent la finesse de l'analyse aux différents étages. L'ordinateur intègre sur la carte topographique le réseau des carrés de terrain analysés et restitue un paysage non conventionnel.

   L' image sur écran informe  l'archéologue-opérateur de l'hétérogénéité du terrain. La forme des anomalies  lui permettra d'orienter sa réflexion vers une origine qui peut être extrèmement ancienne (géologique telle "l'étoile" de Longeas ci-dessus) ou tout à fait récente     ( des rigoles d'irrigation) : en tout état de cause il  sera influencé par  ce qu'il a  observé de visu et qu'il connaît d'expérience.
   En gros les zones rocheuses, les souches de mur, les chaussées antiques, zones compactes et sèches se signaleront par des anomalies résistantes au passage du courant : couleur noire ou gris-foncé. Les zones humides au contraire (anciens fossés naturellement comblés) se révèleront  plus conductrices : couleur de gris-clair à blanc.
   
NB : L'évolution des techniques a conduit le mode opératoire manuel d'il y a quelques années vers des engins remorqués à voie large, effectuant des relevés en continu. On n'arrête pas le progrés, on attend les drones et le radar !

   En tout état de cause, l'intérêt des analyses tient essentiellement à la capacité des opérateurs à rattacher leurs images d'écran à des réalités à large spectre empruntant à de nombreuses disciplines : agriculture, géologie, pédologie, hydrologie, urbanisme, aménagement des terroirs . . . archéologie conventionnelle et "cryptée".

   S'agissant de Chassenon dans son contexte essentiellement gallo-romain, ces anomalies sont traduites en vert sur les cartes et les plans de l'archéologie dont des extraits figurent ci-dessous.
 
On distingue, sur les écrans de l'informatique :  
                        - des formes anarchiques inclassables,
                        - des tracés rectilignes pleins, larges de  quelques mètres (1 à 10 au grand maximum)
                                         de couleur gris-foncé : il s'agira souvent de restes compact de chaussées routières ou de souches de murs
                                         arasés, des milieux résistant au passage du courant électrique,
                                         de couleur gris-clair :  il s'agira d'anciens  fossés dont le comblement naturel poreux collecte les eaux de
                                         pluie et constitue  un réservoir plus performant que le sous-sol encaissant, des milieux favorables au
                                         passage du courant. Attention, sous des circonstances météo  extrèmes, ces valeurs peuvent s'inverser ou
                                        disparaître.
                       

                        -   . . . . .  D'une façon générale les images de la géophysique (résistivité électrique donc) sont de texture grossière et
                                       requièrent des interprétateurs très informés des transformations géologiques et humaines qu'ont pu subir les                                        paysages.


Un exemple

Notre photo aérienne verticale Le plan issu de l'analyse géophysique

   Sur notre photo de gauche, en bas, nous retrouvons les arrivées d'eau suintant sous le grand aqueduc de Chassenon (photo 12). Un réseau de rigoles d'irrigation aujourd'hui désuet, emmenait l'eau sur les flancs du vallon.
   Au centre, l'eau s'écoule aussi naturellement que possible vers un second pré, au nord.  
  Ce ne fut pas suffisant pour remplir un vaste abreuvoir
maintenant disparu, qui fut creusé ici dans les années 1970
(centre, photo de gauche, bleu léger).

 Quelques années plus tard cepen-
dant on  inventait à ce bassin une
  origine antique !

  Au milieu du second pré,  l'ancien lit du ruisseau est depuis longtemps comblé au profit, à droite et à gauche, de plusieurs biefs d'irrigation.
  Quatre pastilles bleues indiquent la continuité originelle du ruisseau jusqu'à une zone humide où l'écoulement d'eau est rejoint par un suintement souterrain provenant du gîte de rétention  situé sous la dépression topographique qui existe entre les Thermes et le Temple du Montélu (voir le document Terra Nova 31, nos photos  2-2, 12 bis  plus haut et autres plus loin).

    Ainsi deux rigoles d'irrigation récentes sont devenues des circulations antiques fossiles.
 Je me devais de signaler ces dérives  et de rappeler les interprétations fautives ou à tout le moins prématurées, qui les portent à la connaissance du public.

    Ce pourrait être le début d'une prise de conscience
de la précarité de certaines "études"
plaquées sur un milieu agricole ou pastoral traditionnel,
véritable rébus non maîtrisé par "l'archéologie d'amphithéâtre".



Au sujet des pistes gauloises
antérieures à la conquête romaine


 



   A l'évidence les gaulois circulaient. On en veut pour preuve les déplacements rapides des légions de César lors de la guerre de conquête des Gaules : lequel César dans ses "Commentaires " ne s'est jamais plaint de l'état de la voirie gauloise.
   Cependant force est de reconnaître que jamais aucun archéologue n'a été à même de reconnaître ni encore moins de montrer avec quelque pertinence, une route gauloise. Et quand cela est arrivé on a parlé de "voie romaine" : voir ci-dessus.

   Dès lors il vaut mieux parler de pistes devenues totalement transparentes où le choix d'un terrain propice - hauteurs sèches, substrat solide - permettait de s'affranchir de toute préparation de chaussée et garantissait une progression correcte avec un entretien nul ou réduit au minimum.

   Cependant on observe de façon constante autour des zones d'habitat et d'activité (voir ci-dessus Chatrusse et les Terres du Bouvier), la trace très régulière de voies matérialisées par de fins fossés parallèles dont et selon les cas, la rectitude ou les longues courbes enveloppantes témoignent d'une grande maîtrise de la topographie en même temps que d'un souci probable de protèger les "propriétés privées" d'un passage anarchique et d'un possible   empiétement.

   Les voies de grande largeur sont généralement le signe d'une agglomération importante d'habitats : selon notre expérience elles sont toujours et simplement matérialisées ( ci-dessus La Chatrusse, photos 13 et 14, à gauche).

 
 Près des habitats moins importants ou plus disséminés, ces voies de contournement sont plus étroites et peuvent sans transition évoluer en trace rubanée : voir ci-dessus 14, les Terres du Bouvier et plus loin les photos 19, 19 ter, 19 quater . . . et  la petite circulation de Fougéras, au sud de Chassenon.



Les chemins : 
de la paix romaine
à l'antiquité finissante
et au Haut-Moyen-Age








   Les petites voies formant carrefour sont probablement le prolongement de celles que nous avons observées précédemment sur les terres des Plaines et du Caillou-Blanc (tracés jaunes) : itinéraires tardifs remplaçant en tant que de besoin  les voies des romains qui les ont précédées. Photos 15 et 16.

   Leur caractère tardif est nettement marqué par la modestie de leur emprise  comparée à celle de la  voie d'Agrippa (en rouge ).
   On notera que l'une des branches issue du carrefour se surimpose à la trace de la grande voie abolie (chronologie) : c'est en fait un diverticule tardif  qui va se raccorder à une route antique encore en service à cette basse époque et que nous allons décrire sommairement plus loin ( photo 19 ) en direction de la Graine. 


Le carrefour tardif  de Longeas côtoie
les traces de la grande voie antique d'Agrippa.
Premières traces visibles d'urbanisation : la domus.
(clichés 17 et 18)




   La trace de la voie d'Agrippa traverse une terre portant une culture de céréales. Le contraste entre les fossés d'anciennes fondations pillées qui conservent suffisamment d'humidité pour prolonger la pousse du végétal et le sol environnant plus sec et plus compact qui a hâté la maturation de la plante, est remarquable.

   Une flèche  jaune marque le passage de la petite voie émanant du carrefour fossile de Longeas : elle semble bien se superposer à la trace d'une  ou plusieurs maisons , confirmant ainsi son origine  tardive, postérieure à la ruine des bâtiments qui l'entourent .

   La voie d'Agrippa (en rouge) au contraire, a orienté en son temps, la façade des bâtiments qui la bordaient. Elle leur est certainement contemporaine.

Le bâtiment imposant qui nous est restitué dans la partie gauche de la parcelle, s'organise autour d'une cour sensiblement carrée entourée visiblement sur trois faces par un promenoir (possiblement péristyle) desservant des pièces et des circulations intérieures : demeure possible d'un personnage important mais plutôt édifice public d'un certain standing susceptible d'accueillir un public choisi.
 
 Deux linéaments parallèles en inversion de teinte (couleur claire) par rapport à la domus,  semblent bien se surimposer à ses
 derniers indices visibles. Pourraient-ils appartenir aux premiers habitats fouillés contigus aux granges du village ?  
Ce chevauchement marque probablement un décalage chronologique.

 
  D'autres images nous montrent un petit laraire (sanctuaire) flanquant de très près la voie romaine, tout près  des habitations (en rouge).

   Enfin trois noyers montent la garde, témoignant comme les centaines d' autres épars sur le terroir, de leur affinité pour la chaux des mortiers romains.
    Une photo suivante (20) nous montrera qu'un carrefour antique devait exister à la Croix de l'Aubard. Particulièrement nette est la racine d'une  voie partait d'ici vers le sud, passant par-dessus le front d'un aqueduc qui fut encore il n'y a pas si longtemps la providence des lavandières de Chassenon.
    Passant par la hauteur des Vignes, cette voie  traversait  les terres des Ecrotas et des Quartiers avant qu'une bifurcation ne la partage entre deux directions. Après des gués sur la Graine l'une atteignait la ferme de Fougéras puis le village de  Fonceverrane . . .  pendant que l'autre branche passant la Graine par un autre gué en aval, attaquait la forte pente qui l'amènait à passer à proximité de la ferme de la Chauffie.
    A partir de notre carrefour tardif de Longeas, rappelons que le court diverticule qui se dirige vers le nord , va couper en sifflet la petite route de Longeas, passer derrière le grand hangar agricole pour aboutir  et disparaître, au contact de l'aqueduc des Plaines.
   Revoir les photos 12 et 16 et les paragraphes associés,  nous en reparlerons.


Pour ne rien oublier de voies vers le sud

 Tenants et aboutisants des passages de Graine
   
Car pendant que nous en sommes là précisément, nous allons accompagner sur quelques kilomètres et par-delà le site d'altitude des Vignes, cote 245, (considéré comme un ancien volcan avant qu'une météorite ne vienne le déclasser), le tracé de cette grande voie antique venant d'origine de la Croix de l'Aubard, pour descendre vers la Graine  à travers les terres des Ecrotas et des Quartiers.

     Les Quartiers : une bifurcation (et peut-être même un carrefour antique) a existé ici au niveau d'une petite route qui
passera  par là beaucoup plus tard mais qui viendra jusqu'à nous. C'est  l'ancien chemin de Chabanais à St Auvent (cliché 19 ) par les rives de Graine et il pourrait bien avoir pris ponctuellement une dimension antique entre les terres du Caillou-Blanc et de la Grande-Pièce, jusqu'aux Quartiers, en empruntant, nous l'avons déjà suggéré, les vestiges d'une voie issue de Pilas.

   La branche vers le Clos-Beaudut serait encore utilisée de nos jours pour franchir les prés de fond. Après un gué sur la Graine que nous n'avons pas pu fixer précisément,  elle passe 200 mètres à l'ouest de la Chauffie, escaladant la pente au fond d'une considérable tranchée décaissée à l'antique : profil en auge de maçon.

   Voir éventuellement à ce sujet, la plaquette "Chassenon vu du ciel" pour une carte des voies antiques autour de Chassenon telles que nous les percevions en l'an 2000.

   Attention : comme les grands crus notre vision des choses se bonifie avec le temps ! Merci.




Pour ce que nous en savons - constat précaire observé lors d'un drainage sur le site de la ferme gauloise de la Chatrusse,
cne de Veyrac 87 - les fossés limitant des voies gauloises, seraient profonds (plus d'un mètre, fond non atteint)
et relativement étroits au niveau du sol (1 mètre).



Photo de droite, ci-dessus : la voie antique vient "tangenter" un méandre de la Graine. Cette configuration inattendue peut suggérer que le cours de la rivière aurait évolué depuis l'antiquité. Dans la dernière partie de la pente, sur champ de cochons qui vermillent, la lumière rasante du soir accentue un faible relief qui demeure de l'ancienne chaussée.
  Au-delà les dépôts fluviatiles ont pu la recouvrir complétement.

                    Vers la Chauffie
   Passée la rivière, la voie remonte une forte pente au fond d'une large dépression sèche qu'aucune source n'a jamais alimenté. Néamoins, dans un passé indéterminé, à hauteur de la Chauffie, un barrage traversier en terre  a été installé : ce fut d'abord et surtout, pour les gens de la ferme, un lieu de passage qui permettait d'atteindre la descente vers un moulin sur la Graine. Apparemment, cet artifice  n'a jamais retenu d'eau.

N B : L'option en traits interrompus se raccorderait mieux aux indices relevés tant au   Clos Beaudut (chaussée construite apparemment antique) qu'aux premières maisons de Pressignac ( fossés antiques typiques). Mais le passage de la Graine révèle à cet endroit, une  passerelle moderne à arche métallique et la montée s'effectue sur un chemin taillé en marche-pied à flanc de thalweg, solutions aussi peu romaines que possible.


 Passé le travers de la Chauffie la dépression s'estompe et un indice complexe de remontées d'eau parallèles figure en léger décalage des traits de la topographie : il pourrait s'agir - analyse fragile - de l'image des fossés d'une route antique de belle largeur.

   La grande pièce de terre au sud-ouest de la Chauffie montre fréquemment des indices linéaires difficilement interprétables mais que l'on peut sans grands risques et par expérience, imputer aux cultivateurs du dernier Age-du-Fer. 


    A distance, par Lefaurie, la Départementale 161, la Négrerie, la lisière sud du Bois des Besses, notre voie de la Chauffie arrive à la Croix du Parc (La Tuilerie). Ce court itinéraire peut sans doute être considéré comme un diverticule de liaison car il rejoignait ici la voie d'Agrippa (itinéraire principal) venant de la Soutière et filant vers le gué de Chez-Chabernaud.

   Notre grande voie redevenue unique, par la lisière nord des Bois des Geais . . . atteindrait en effet par des chemins toujours en place, le Gué de Chez-Chabernaud sur la Charente et redeviendrait la voie d'Agrippa de plein exercice vers Saintes . . . Nous y reviendrons !

   Retenons cependant qu'à l'ouest immédiat de Pressignac une branche de notre voie de la Chauffie pouvait partir vers le sud-ouest.
Dès ce nouveau départ elle présente topographiquement toutes les caractéristiques d'une très honnête voie romaine dont la D 160 aurait peu ou prou, repris l'assise.

    Quant à l'autre branche de la bifurcation des Ecrotas et des Quartiers, elle va passer la Graine par un gué toujours utilisé par le cultivateur de Fougéras qui utilise la voie romaine arasée pour rentrer chez lui (flèche rouge, point noir sur cliché 18 bis) franchissant l'escarpe entre les prés de fond et le plateau par une tranchée routière décaissée à l'antique, en forme d'auge (pointes de flèche rouge, point noir, photos 18 bis, 19, 19 bis, 19 ter, Fougéras-nord ci-dessous).   

Fougéras




                          Des voies

   La pièce de terre qui occupe le centre du cliché FOUGERAS-NORD, se signale - sous fort agrandissement - par un enchevêtrement de fossés interrompus et d'enclos partiels sur lesquels se détache en postion axiale, une forte "circulation" nord-sud, à fossés parallèles, qui vient interférer près de la ferme avec la petite voie à double courbure venant de la Chauffie. Une autre circulation plus étroite, simplement matérialisée, la recoupe en croix, à courte distance de la ligne de rupture de pente (haie arborée) : elle est à peine perceptible sur notre petit cliché.

  Au bas de la scène (Fougéras-sud) et en divergence de la voie principale venant de la Graine, un diverticule localement très marqué, part de la ferme et s'interrompt  200 mètres plus loin. Il ne présente aucune suite. Nous regrettons de ne pas avoir pris le temps d'inventorier au sol les terres de Fougéras-sud : cette "allée", se dédouble et pourrait être liée à une possible structure  qui s'ébauche en marge du cliché. La définition et le peu d'ampleur des traces nous inciteraient à les considérer comme modernes.  A noter cependant que cette voie est au module de la petite circulation gracile venant de la Chauffie qui, elle, est résolument de facture antique.

   Il est probable que plusieurs époques se superposent autour du site de Fougéras.

                      Une petite voie à double courbure

   Observez  le tracé gracile et élégant (cliché 19 ter)  aussi peu médiéval que possible, de cette petite voie étroite qui vient d'un  gué encore en place sur le ruisseau qui descend de l'Etang de la Chauffie. De là, la petite voie remonte alors vers la Chauffie sur le faîte d'une petite dorsale.

   Route étroite mais construite à n'en pas douter,  invisible dans son trajet sur les prés de fond. Son étroite chaussée empierrée est cependant trahie au droit d'une limite de propriété (fil barbelé), par une intumescence  haute de 50 cm et coiffée d'un fourré de ronces,  d'orties et de fougères. La limite parcellaire a fossilisé et protégé l'indice ( cercle rouge).
    Dans sa flexuosité antique, cette petite voie qui traverse la grande parcelle de Fougéras, était  encore en usage au temps de l'ancien cadastre (dit napoléonien) en 1833. Sous fort grossissement, elle alterne dans son tracé et sans transition, tantôt une forme cantonnée de deux fossés parallèles, tantôt une apparence rubanée. Les indices résiduels présents dans le sol ont plus ou moins bien résistés à des siècles d'activité agricole.
    Sans prendre de risques inconsidérés, on peut avancer que des chemins encore en place  nous cachent une suite à cet itinéraire antique qui transitait à distance, par un noeud routier situé à l'est de Fonceverane.




Le terroir de Longeas




    

 Rattachons-nous à ce que nous connaissons (cliché 20 et 20 bis) :
        .  en haut et à gauche, rappelons-le, la grande voie d'Agrippa - de Lyon (capitale des 3 Gaules) à Saintes, ville-phare de la province d'Aquitaine et des gaulois Santones -  sort des terres du Caillou-Blanc, traverse une zone où s'installeront plus tard des carrières de brèche (étoiles rouges où subsistent des monceaux d'éclats de taille observés au pied des arbres couchés par la tempête de 1999 ).
    C'est cette voie qui réapparaîtrait aujourd'hui, dans les terres agricoles de Longeas.

 Observez spectacle rare, à quelques dizaines de mètres de la domus (maison antique),
dans le petit rectangle rouge central, le plan quasi complet d'une grande voie impériale.
On a, successivement et de gauche à droite :
le fossé de récupération d'eau, puis le bas-côté herbeux sur arène ou terre meuble
dévolu aux piétons, aux cavaliers et aux animaux de bât
puis la chaussée empierrée de couleur claire pour les charrois.

Et faites comparaison de sa largeur avec la route de Champonger qui la côtoie !

Il ne manque à l'épure que le fossé ultime, à droite,
récupéré par celui de la route actuelle.

        .  Arrivant aux terres de l'Aubard, on observe qu'une autre voie antique, apparemment plus modeste, se détache  de la voie principale et rebrousse vers le sud et les parcelles des Vignes . . .  Nous  connaissons également l'autre départ (décalé dans le temps)  d'un diverticule de liaison issu de la croix fossile de Longeas ainsi que plus loin sa bifurcation et ses prolongements jusqu'au delà de la Graine.

   Notez dès le départ de la voie, l'incidence de son passage originel sur le tracé très postérieur de limites parcellaires ou de vieux chemins agricoles : 2 tracés en baïonnette entre la Croix-de-l'Aubard et les Vignes (photo 20 et 20 bis, cercles rouges)
, indices imparables, très souvent rencontrés tant au sol que sur les vieux cadastres mais toujours à interpréter selon le contexte historique.

        .  La voie d'Agrippa quant à elle, continue vers l'ouest par la Croix-de-la-Meule et Beaulieu : la route communale actuelle s'est fait au cours du temps, un passage voisin de l'ancienne chaussée romaine et a dû dans le passé lointain de sa création, éviter, récupérer et en tout cas s'accomoder, des pierres roulantes de la vieille  emprise. Nous allons y revenir (photos IGN  29 ).


Un possible itinéraire de liaison
entre les deux tracés de la voie d'Agrippa 

  Mais il serait de surcroît plausible  qu'à la Croix-de-l'Aubard précisément, une bifurcation antique suplémentaire ait existé. Une autre voie pouvait alors partir de là pour aller ressortir au nord de l'agglomération actuelle, au niveau du cimetière. Ces courts chemin de liaison entre deux grandes voies, ne sont pas rares. Un début de  trace peu marqué ( observez  la photo 22 ) existe en faveur de cette hypothèse.

  Ainsi se vérifierait une coutume romaine de ce temps-là que nous verrions personnellement et ici,  apparaître  pour la troisième fois au cours de nos vols, à savoir qu'un vicus d'étape gallo-romain présenterait  deux versions de l'itinéraire principal sur lequel il se trouve  : l'une qui transiterait en milieu urbain, au plus près de l'apparat officiel : forum, thermes , théâtre, sanctuaire . . . l'autre qui contournerait l'agglomération. Ce qui n'exclut pas des pontages transversaux.

   Mais et sans renier ce que nous venons d'énoncer, cette courte trace peu probante pourrait être tout aussi bien une simple voie d'accès et sans issue, au terminus du grand aqueduc et à ses équipements hydrauliques.
  Nous serions alors moins catégorique pour voir dans la Croix-de-l'Aubard le quadrivium antique espéré : la voie et
l'itinéraire de liaison pourraient se séparer plus loin . . . à la Croix-de-la-Meule, par exemple. Nous y reviendrons.
  

 N B :
Vous aurez reconnu en surimpression verte, la parcelle de la domus de l'Aubard.



  Projection rapide sur les temps du Haut-Moyen-Age :
    le carrefour fossile de la Croix de Longeas
(photos 16, 17, 20, ci-dessus)
     Le  carrefour fossile de Longeas  - qui a été probablement remplacé au cours du temps, par le croisement actuel -  pourrait être à l'origine   de l'ancien itinéraire de Chassenon à St Auvent, encore actif au temps de l'ancien cadastre.

   Par contre et en face, à partir de ce même carrefour tardif, le chemin  qui courait vers le site des  citernes de Masfrand disparaît prématurément au voisinage du terminus de ce qui fut l'aqueduc principal.
   Cette dernière direction passant au sud et par-dessus les ruines de la domus, s'arrêtait au-dessus de l'esplanade du Temple de Montélu qui porte - à niveau - les citernes auxquelles nous voulons associer le nom d'Albert Masfrand (premier découvreur) : vue  partielle sur la photo 20, angle inférieur droit, vue en situation élargie sur la photo 62, vue rapprochée ci-dessous 21. L'aboutissement de cette courte voie est attestée par nos photos panoramiques 63 et 64 : attention, vus de très loin, les indices sont minimes.

  Une troisième et courte voie contourne les bâtiments actuels de Longeas (photos 15 et 16). Elle vient elle aussi s'arrêter face à l'aqueduc et en l'absence d'autre destination lisible, nous la croyons comme la précédente, dévolue à la récupération des matériaux des monuments antiques postérieurement à leur  abandon.
  

    Une dernière direction enfin constitue à l'évidence, un diverticule tardif qui donne toujours accès aux voies de la Graine, d'origine antique certes mais encore actives vers le sud, sur quelques directions maintenues. On se souvient que nous avons tenu à confirmer leurs traces antiques ininterrompues sur quelques kilomètres. Ne serait-ce que pour nous démarquer  - autant que faire se peut - d'élucubrations inspirées !

   Dans cette aventure tardive, d'une vieille voie qui continuait d'être utilisée, on avait sans doute perdu jusqu'au souvenir, d'une grande voie qui allait autrefois à Saintes ! On avait très bien pu passer par-dessus sans  s'en apercevoir !


  Les citernes de Masfrand

    En septembre 1897, Albert MASFRAND  remarqua sur une prairie à l'est de la route de Champonger, au cours d'une sécheresse, des espaces circulaires où la pelouse était plus verte qu'ailleurs. Il pensa avoir affaire à des citernes qui entretenaient une présence d'eau.
 
 Il fouilla deux de ces cavités circulaires : elles avaient 3 mètres de diamètre et 1,20 m de profondeur.
 Distantes entre elles de 5 mètres environ, elles communiquaient  par de petits aqueducs. Il observa un "canal collecteur" qui semblait "se diriger vers le théâtre"; il avait 1 m de largeur et 0,40 m de profondeur, ses parois étaient obliques. 
  Il compta 31 citernes dans la prairie mais il pensa que d'autres pouvaient exister au-delà de la route.

   Aujourd'hui on compte 25 citernes sur la prairie où Albert MASFRAND en avait remarquées 31. A l'évidence et bien que nous ne les ayions jamais vues, il  existe  donc un rang supplémentaire de 7 citernes au-delà de la haie qui sépare la prairie de l'esplanade du Montélu . . . dont une sans doute et en bonne logique géométrique, est partiellement engagée sous la route.
 
     Si notre raisonnement est bon et compte tenu des citernes cachées mais faciles à restituer  s'ajoutant aux traces relevées au-delà, il y aurait donc eu au total 49 citernes. CQFD.

"C'est ben vrai, ça !"
  Elégie aux lavandières de Chassenon



   C'était le temps où le lavoir de l'Aubard étaient le point de rendez-vous préféré des laveuses  de Chassenon qui venaient ici  en toute confraternité de voisinage.
   C'était aussi le temps où une lavandière sortie du folklore, la "Mère Denis",  venait le soir à la télévision, vanter les avantages d'un lave-linge d'une marque connue.
   Ces épisodes accélérèrent une mutation déjà  inscrite dans l'air du temps : à Chassenon comme ailleurs, des commerciaux pistaient les adductions d'eau domestiques pour s'intéresser  aux mères de famille dont les pratiques ancestrales d'entretien du linge de maison requéraient depuis toujours un   téléportage  à la brouette ou à la hotte vers des eaux vives du voisinage.

  
   
Dès lors, suivant les conseils de la Mère Denis, chaque ménagère revendiqua d'évoluer dans les plus courts délais et sans quitter le domicile, vers des tâches moins pénibles et plus valorisantes de spécialiste d'économie domestique désormais capable de mettre en oeuvre sur ses textiles, des  automatismes de dilution chimique de la salissure par agitation circulaire en phase liquide !
   Ainsi était programmé l'abandon inéluctable du lavoir de l'Aubard.

   Mais l'eau de l'Aubard n'a jamais coulé de source . . . elle vient du débouché d'un aqueduc   qui fonctionne toujours : nous voyons qu'un départ de voie romaine contourne l'arrivée d'eau au plus près et en surplomb ( voie de Fougéras ) , attestant par là l'absence de dépression d'érosion rétrograde qui n'aurait pas manqué de se manifester en amont s'il se fût agi d'une "source" quelconque.


Des bassins en cascade
 

      La dimension même et la sophistication des installations révélées par l'observation aérienne leur assignent une origine antique.
  Combien de bassins furent aménagés en aval de l'arrivée d'eau et jusqu'à  la haie qui ferme la combe ? Quatre peut-être ?
  Et pour quel usage ?

  Et aujourd'hui, quand toutes les terres se sont asséchées aux alentours, la grande parcelle rectangulaire qui prolonge et clôt le dispositif par-delà une haie,  conserve entre les souches de ses murs d'origine et son fond encore pavé peut-être, une quantité importante d'humidité.  Une remarque essentielle pour qui va devoir s'intéresser bientôt à des problèmes d'eau.

     Des petits bains pour les chefs et un grand bain pour les légionnaires . . .  (22)
   Ou alors, peu susceptible d'être accueillie aux Thermes, on aurait prévu  cet endroit à l'usage de la plèbe . . . (afin que le peuple slave, je sais !)


Trois étoiles bleues marquent l'étendue du monument sur la photo 20.

N B : Là s'arrête la suite des bassins; au-delà, un ancien canal de vidange montre de temps à autre sa courte  trace. Par contre, un ruisseau sans connexion avec le monument, prend  source en aval et en léger décalage (croix bleue).


Entre les Vignes et l'Aubard :
 l'énigme absolue.

"Le Chemin vert"

   
Déjà le Nymphée des lavandières avec ses bassins multiples n'est  pas simple à assumer.

   Or voici que vient s'y greffer une étroite "circulation" qui prend son origine au nord de la Croix-des-Coutis, site dit-on d'une fontaine ( photo 30 et la suite). Contrôlé à peu de distance de l'Aubard, sur la route de La Meule, on observe simplement un petit fossé sous l'emprise de la haie.  Elle vient passer après un long parcours, par-dessus le canal de communication entre les petits bassins du Nymphée et le grand.
 
Bien attestée par nos images, elle finit sa course en remontant la pente, jusqu'à une grande trace  de forme quadrangulaire probable   que nous restituons à partir d'un indice qui figure  à l'extrême-extrême bord supérieur de notre photo 23, dans les terres des Vignes : la voie et ses annexes figurent en vert sur la photo.

      A l'intérieur de ce grand enclos (?), une  trace rectangulaire est  bien attestée mais par une photo unique : la pseudo-panoramique 63, sur laquelle vous pourrez largement exercer, plus loin dans cet  exposé et si vous le souhaitez , vos facultés d'observateur.



L'Aubard : un carrefour

   Sous le n° 23 nous conservons la même image (20) pour évoquer un carrefour qui s'est quasiment imposé sous nos yeux mais que nous arrivons difficilement à transcrire sur un plan : la Croix-de-l'Aubard.

   Et si nous pouvons en percevoir le contour distant, nos observations et nos photos ne nous renseignent en rien sur   l'articulation des quatre routes qui le composent :

      - 
la voie d'Agrippa - venant de l'est par Limoges/Augustoritum -  n'amorce près de ce carrefour, aucune courbe qui pourrait nous aider à lui trouver une suite.

      -  En face, la continuation de cet itinéraire par la route communale qui contourne actuellement Chassenon par le sud, a
été de tout temps  considéré par les anciens comme la suite normale de la voie de Saintes. Certes une opinion ne constitue  pas un critère objectif mais en l'occurence celle-ci me semble extrèmement lucide et nous essaierons de le montrer plus loin.

      - Une voie vers le sud (totalement inconnue jusque-là) et sa bifurcation lointaine vers Fougéras et la Chauffie, sont également et sûrement établies mais l'exactitude du point de départ sur le carrefour n'apparaît nullement.

      - Enfin, une racine de voie part vers la partie agglomérée du Chassenon actuel et tourne court au bout de quelques dizaines  de mètres des bassins de décantation er des citernes. Et plus rien ne permet de l'inscrire plus avant dans le paysage antique.
     



Le grand aqueduc d'alimentation
 des Thermes 


"L'aqueduc des Plaines"

  Avant d'aller plus loin, considérons la partie haute de l'aqueduc d'alimentation des Thermes. Pour l'observateur aérien cette origine distale était au plus loin, située à hauteur des structures carrées découvertes dans les terres des Plaines.   De là, une longue ligne ininterrompue filait alors - pratiquement plein ouest - jusqu'à la route de Champonger.  Cette longue ligne - nous l'avons dit - a longtemps caché sa destination : c'était pour les érudits d'autrefois, la face sud du  mur d'enceinte de l'espace monumental. L'observation aérienne ne pouvait rien apporter  de plus.
  Jusqu'au jour où la redécouverte en vol des citernes de Masfrand et l'extension de leur emprise, excitèrent la curiosité d'un certain nombre d'amis de Chassenon pendant qu'au sol,  


vers l'est, l'effondrement d'une voûte  dans les bois, venait confirmer sur cet axe, l'évidence d'un aqueduc.
   A dire vrai, il semble bien que cette idée flottait
depuis longtemps dans les rangs de certains érudits.
   Les travaux d'archéologie antique concernant les aqueducs étant bien évidemment sollicités, nous attendions des archéologues commis aux fouilles  des restes du monument et de ses annexes, des évaluations et des corrélations.

  Le trou a été bouché par les fouilleurs après inspection et consolidation du tunnel.  Les archéologues avaient relevé les cotes du conduit : 50 x 50 cm, la hauteur d'eau courante pouvait être de 35 cm ainsi qu'en témoignent des traces d'usure.
 
  Il n'a pas été fait état de la pente du conduit, il faudra donc chercher un renseignement approché ailleurs. On apprend néanmoins que la voûte du tunnel s'élève à 2 mètres au-dessus du conduit ce que ne contredit pas notre photo avec personnage.





   Les données chiffrées sur les 70 premiers mètres connus du parcours souterrain de l'aqueduc des Plaines, est divisé en deux biefs (sur le croquis DRIARD) par les cotes d'altitude (en bleu) du fond de la cunette.
On remarque curieusement  deux indices de pente différents et successifs dans le sens de l'écoulement: soit 4,14 mm par mètre sur le premier bief, à gauche, mais seulement de 1 mm par mètre pour le second (entre-pointes bleues).


 
Après 70 à 80 mètres de parcours souterrain, l'aqueduc entreprend un parcours aérien qui consiste en un pont-canal de 44 arches portées par un mur-bahut.

   La fouille a mis en évidence les assises d'un certain nombre de ces arcades au niveau du village de Longeas : pour une meilleure compréhension des problèmes que nous nous posons, deux  piles détruites sont suggérées en transparence rouge plus loin (photo 26), après les Shadoks.

   Le vallon du ruisseau de Longeas (jusqu'à la petite route du village) doit évidemment être franchi à niveau décroissant, puis sur la même pente, le prolongement du canal était supporté directement par le mur-bahut jusqu'aux  citernes de Masfrand.
  
   Restait à situer au plus haut de l'ouvrage, le conduit d'adduction d'eau. 
 
  En moyennant les données de nivellement du fond de la cunette :
     -   niveau  à 227,03 sur la première fouille connue de nous, à l'est,
     -   et
625 mètres plus loin, lors de l'arrivée à proximité des citernes, à l'ouest, niveau 222 selon l'estimation que l'on peut faire à cet          endroit du niveau de l'arase de démolition des équipements hydrauliques,  
     -   la pente globale du conduit 
 pourrait s'évaluer à 8 mm à 9 mm par mètre.
 

Histoire d'eau.
   Une pente de 8 à 9 mm par mètre est confortable. Elle me semble même considérable quand j'imagine une  masse d'eau charriée par le conduit,  venant affronter le virage à angle droit que nous allons voir se former sous la pioche des fouilleurs à la fin de l'aqueduc, peu avant les citernes de Masfrand.
  Effet de déferlement  sur l'obstacle
garanti.
   
   En amont, un léger coude sur l'aqueduc a été signalé 
sur sa partie rampante,   à hauteur de l'ancien "chemin des petits temples". A ce niveau, un bassin quadrangulaire de 1,70 par 1,20 mètres, remarqué dans les substructions pourrait être vu comme un espace-tampon avec trop-plein pour écrêter l'écoulement perturbé par le petit changement de direction de la veine d'eau.

   Mais aussi et surtout ne pourrait-on pas y voir le réceptacle d'une cascade destinée à dissiper par une chute d'eau verticale, le "moteur gravitaire" en excès et rendre ainsi - sans perte de liquide, dans une nouvelle cunette élargie et moins pentue - le transit de l'eau compatible avec le cheminement à angle droit qu'on va lui imposer à son arrivée sur le plateau du Montélu ?

   J'aimerais qu'un hydraulicien me dise que c'est impossible.

   Car
un autre problème surgit : dans sa partie enterrée, à l'est, nous savons que l'altitude du fond de la cunette a été mesurée à la cote 227,03.
  

  Et voilà que 175 m plus loin, vers l'ouest, à l'aplomb du creux maximal du ruisseau de Longeas (cote 219,54), la hauteur des arches a pu être évaluée  à 10 mètres lors de la fouille.
Notre conduite d'eau aérienne serait donc située à la cote d'altitude 229,54. 

Enlevons 1 mètre pour la place occupée par le conduit avec ses dalles de couverture :
le fond de la cunette serait alors à la cote 228,54 !

Nous cherchons  souvent des solutions à des problèmes que l'on aurait pu éviter de soulever
au moment de la fouille, eu égard à un monument amputé de toute la hauteur de ses superstructures.

 

Mais puisqu'une telle estimation a été formulée,  nous constatons que
le fond du conduit, parti à 227,03 à l'est, vient passer à la cote 228,54 à l'aplomb du ruisseau.
Sauf berlue de ma part,  un défaut apparaît :
au lieu de descendre, la conduite monte !

    Ceux d'entre nous qui ont atteint sinon dépassé le demi-siècle, savent bien qu'en des temps à peine révolus, des contrariétés autrement importantes avaient suscité des solutions de grande efficacité qui faisaient le charme de personnages  télégéniques, effervescents et intemporels issus de l'imagination débordante de Jacques ROUXEL . . . dont les idées géniales étaient éclairées par les commentaires de haute technicité  de l'inimitable Claude PIEPLU.  


 
                                                     Le prédateur

 
  La fouille de ce qui reste de l'aqueduc a mis en évidence le fait que 7 arches situées près de Longeas, auraient été traversées à haute époque, par  des chariots de transport en commun de visiteurs.
       
 
        Nous observons en effet,  que sous ces quelques  arches passantes,
en dévalant la pente, l'ornière de la roue gauche, à l'ouest,  est toujours profondément surcreusée par rapport à l'autre : résultat évident d'un freinage dissymétrique. C'est  cette explication très circonstanciée, la seule plausible à ce jour, qu'a formulée un membre de la "Société des Amis de Chassenon" : Jean-Abel DEVAUTOUR.  Un léger biais dans l'orientation des couples d'ornières va bien dans ce sens. Tous ces chariots auraient donc eu la même anomalie de freinage ?

      A notre avis,  il est permis d'expliquer
cette précarité :  c'est la circulation  répétée d'un unique chariot très fruste évacuant dans la pente son lourd chargement de matériaux de récupération et qui aurait eu l'usage, sur une seule de ses roues, d'un unique sabot de freinage
      Hormis sous les 7 arches en question, on trouve partout ailleurs entre les piliers d'arche, des restes de murets d'obturation qui interdisaient le passage.
    Entre deux bases d'arche, des souches de murets conservées restent encore visibles. L'une figure derrière le pilier de gauche évoqué en transparence rouge sur notre photo (26 ) puis une autre encore sur la photo de gauche, sous une pointe de flèche jaune, expliquant ainsi l'absence de traces de passage : pas d'ornières sur ces seuils.

Peut-on penser que tout passage était interdit aux temps de la splendeur du monument ?
Sauf un unique passage piétonnier peut-être auquel nous adhérons volontiers.

   A mon avis,
      -  la profonde usure des passages de roue,
      -  leur dissymétrie jointes à
      -  l'étroitesse du passage entre les piliers,
me semblent  témoigner d'une incurie qui cadre mal avec l'apparat somptuaire et l'extrème sophistication des établissements du parc antique au temps de leur fréquentation.

 D'ailleurs, au vu de l'angle de gîte suggéré par les photos, le haut des ridelles - voire même la boîte d'essieu - d'un  chariot engagé dans cette aventure, n'aurait pas manqué de percuter le chambranle : les pieds-droits des arcades étaient  probablement déjà détruits en tout ou partie, lors de ces passages répétés.





   En fond de tableau et accessoirement,  on peut se faire une idée de la hauteur des alluvions  apportées depuis le haut des terres, par  2000 ans  de ruissellement  bloqué par le mur-bahut et les murets de condamnation des arches (pointes de flèche jaunes).

" lo mécanico ":  dispositif de freinage des chariots agricoles
et charrettes du XXe siècle

      A cet égard il est curieux qu'aucun des bas-reliefs retrouvés sur les monuments de l'Empire romain, représentant des attelages antiques, n'ait jamais montré tel ou tel détail suggérant l'existence d'un dispositif de maîtrise de la vitesse dans les déclivités, disons pour faire simple, de freinage. On n'a jamais fait état non plus de façon explicite et convaincante, d'un dispositif d'enrayage - disons un frein de parc. Il est vrai qu'au sens premier du terme, le "bâton dans les roues" pouvait être utilisé comme  un élément extérieur au chariot. 

   Semblablement, aucune des représentations ne fait davantage état dans le harnachement des chevaux et des mules - malgré la façon sommaire dont le harnais d'attelage de ces équidés est représenté -  d'une sangle passant derrière la croupe de l'animal (l'avaloire) lui permettant de retenir le chariot dans les pentes et de manoeuvrer à culer.

   Nous avons évoqué et tenté d'llustrer dans notre page "Rancon antique" - même site - ce que nous pensons du harnachement des animaux de trait durant l'antiquité.

    Souci de simplification de la part des artistes sculpteurs et graveurs ? Mais une telle unanimité nous semble étrange.



La circulation forcée des eaux:

comment ça marchait ?  

   J'ai vécu mes 20 premières années au-dessus d'un ruisseau, dans mon  village  perché sur la hauteur. Il tire son nom des rigoles d'irrigation qui de tout temps ont strié la pente. En dialecte vieux-marchois cela s'appelait "les beseaux" : un besel, des beseaux, le besellage. Car les paysans  se disputaient l'eau cueillie là-haut sur le plateau des Landes, dont chacun voulait avoir sa part pour irriguer ses prés, jusqu'au dernier, au bas de la pente.
    Ainsi et aussi loin que l'on puisse remonter, les droits et les devoirs de chacun étaient minutieusement débattus chez Maître DUNOILLY, le tabellion du village. Plus tard, les chamailleries des paysans de Bezeau firent  beaucoup  pour  la notoriété de leur Tribunal  d'instance et pour la fortune des avoués qui y étaient attachés.

     J'ai connu la fin de cette époque et pendant les longues vacances scolaires,  comme je n'étudiais rien, j'apprenais beaucoup !

  On comprendra ainsi que mon  questionnement aille  plutôt dans le sens d'une "mécanique des fluides" élémentaire  que vers un descriptif précis du monument tiré de la ruine de son appareillage.

  Voici quelques idées, sans penser être exhaustif et au hasard de mes réflexions :

   .  quelle était la quantité d'eau nécessaire au remplissage des piscines et des bains connus dans les Thermes de Chassenon?

                      Les spécialistes nous répondent : "629 m3 dont 270 m3 d'eau chaude."
  Un calcul de volume montre que les 49 citernes  de la route de Champonger, pouvaient contenir  415 m3 d'eau en réserve mais compte non tenu d'autre bassin de réserve et de décantation.
 

 
   .  peut-on raisonnablement envisager un remplissage ou une remise à niveau importante et rapide en flux tendu, donc sans le secours de réserves constituées ?

            C'est tout à fait improbable mais . . .
          on ne dispose pas  de l'évaluation du potentiel hydrique de la zone d'où semble provenir l'aqueduc et on ne connaît encore rien des captages . . . et a fortiori des débits (litres à la minute).     La mesure par les archéologues, d'une partie conservée de l'aqueduc a permis d'approcher une section  du conduit de 17,5 dm2 - la hauteur d'eau
usuelle étant appréciée par des traces d'érosion sur les parois verticales.
          En tout état de cause,
                                 -  n'ayant qu'une notion très approximative de la pente de l'aqueduc,
                                 -   et sans le rapport précis d'expériences connues (étude expérimentale) , nous ne savons  pas calculer une vitesse de transit, même approchée ni une estimation du débit. Nous référant à l'inspection sommaire des sources des différents ruisseaux circonvoisins, nous pensons que  cela  ne devait pas être très important.


    .  A-t-on  idée de  la fréquence des vidanges nécessaires au maintien d'une "hygiène" acceptable ?

                               A ma connaissance non, mais c'était bien sûr une pratique rendue plus que nécessaire par l'usage du strigile, un racloir que l'on se passait sur le corps. A moins que des pratiques particulières de soins corporels préalables aux bains et suivies  d'ablutions, aient permis dans une certaine mesure, de prévenir la pollution des piscines et d'espacer les vidanges.
                                  Eu égard à une alimentation en eau peu abondante (?) et à un volume des réserves ne permettant pas un renouvellement total (voir ci-dessus), on pourrait envisager un usage sporadique des installations.

                             On imagine les temps de chauffe et les dépenses de combustible nécessaires au redémarrage des installations !


    .  Trouve-t-on dans la littérature antique mention des classes sociales qui étaient admises à fréquenter ces Thermes et quelle pouvait être l'importance de cette fréquentation ?
 
         Nous pencherions pour un  certain élitisme  plutôt  que pour une fréquentation populaire très ouverte, mais nous n'avons aucune connaissance que cette question ait été soulevée.

           Par le jeu d'une incidente non prévue, nous reviendrons sur ce sujet à la fin de cette page : "a posteriori" en somme.


  . comment et avec quelles précautions l'eau devait-elle être acheminée sans débordement  ni dommages pour les ouvrages de conduite (notions pragmatiques de maîtrise d'un écoulement hydraulique en conduite ouverte)  ? . . .
 
             
   A cet égard, l'exemple de l'aqueduc d'Uzès à Nîmes (Pont du Gard) est une référence ahurissante:

     - longueur : 50 km, changements de direction incalculables,
     - débit estimé,
20 000 m3 par jour.
     - Pente moyenne : 0,25 mm par mètre .
     -  Pente minimale : 0,08 mm par mètre   ! ! ! ? ? ?
     - Pente maximale : 0,45 mm par mètre.

Ces pentes minimes étaient-elles la conséquence :
                     -  d'une dénivelé très faible entre le point de captage de l'eau (Uzès) et son lieu de destination éloigné (Nîmes),
                     -  ou d'une caractéristique recherchée pour minimiser les effets agressifs d'une vitesse élevée
                                           sur les ouvrages de conduite,
                                           sur les dispositifs de maîtrise et de gouvernance . . . de l'écoulement ?


    Et finalement, à Chassenon, concernant plus particulièrement l'arrivée de l'eau à destination sur le plateau des citernes et du Temple,  par quelle "machinatio"  les destinations de cette eau  étaient-elles réglées ?
 
    Nous évoquerons ci-dessous la  fonction de "castellum divisorium" (un château d'eau) d'un important monument ruiné (et de ses annexes) révélé par la fouille ( astérisque bleu, photo renseignée n°  28 et référence neutre n° 27).

   Des destinations que nous imaginons multiples : les Thermes bien sûr mais encore et possiblement :
               -  
le Théâtre car il existerait une trace à peine perturbée par la Départementale 29, qui relierait le "castellum" dont nous allons reparler ci-dessous, à l'orchestra du théâtre, via le pied du terre-plein du Montélu. Nous l'avons repérée à toutes fins utiles, par des flèches vertes sur notre cliché.
               -  
le Temple du Montélu que nos photos montrent rejetant de l'eau vers l'ouest. En effet, un canal de vidange semble prendre naissance sous le socle du Temple et traverser la route de Champonger.
   Ensuite, son parcours ( près de 100 mètres) dans une propriété, est toujours marqué par une remontée d'humidité qui favorise la croissance de l'herbe, ce qui paraît plus que bizarre après plus d'un millénaire et demi d'abandon et de ruine.

                                                         
S'agit-il d'une méprise sur l'origine du phénomène ou d'un miracle ?

               -  Nous notons également la forte présomption d'un prolongement de l'aqueduc au-delà de la zone des citernes, vers des édifices construits dans la parcelle des Acacias que nous découvrirons plus loin . . .





Le "castellum divisorium"de Cassinomagus,
la découverte  majeure des fouilles archéologiques :
le retour de l'eau vers les Thermes.

   Et c'est précisément à cet endroit signalé sur nos photos (astérisque bleu, photo 28), que l'aqueduc - arrivant sans doute à une cote voisine de 222 - va effectuer un brusque changement de direction vers le nord pour entrer dans un monument complexe dont l'état de ruine va compliquer  à l'extrème toute tentative de compréhension du fonctionnement.

  On conviendra  que ce changement d'orientation du flux à 90° ne peut se concevoir que sur une veine d'eau au transit déjà fortement amorti si l'on veut éviter le déferlement sur l'obstacle brutal du coude et le débordement.

  La pente de l'aqueduc des Plaines dans sa partie amont devait être relativement forte. Comment dès lors et en quelques centaines de mètres, ralentir sans perte la veine d'eau pour rendre sa vitesse compatible avec ce coude à 90°qu'on lui impose : l'hypothèse d'une cascade construite reste très précaire.

  Assurément,  la partie la plus  intéressante de cet équipement d'adduction d'eau réside bien dans les subtilités de son mode de fonctionnement : le génie romain est  là.


    
Un aqueduc secondaire à double conduit


A partir de cette dérivation, la fouille a mis en évidence un  canal double qui rebrousse vers l'est, en forte pente vers les Thermes où il arrive dans le monument carré dont nous avons évoqué l'aspect révélé par les fouilleurs, au tout début de cette page (photo 3).


   La trace de cette  adduction  avons-nous dit et montré,  existait bel et bien sur nos photos mais l'artifice était si peu conventionnel que nous n'avons pas su le lire et sa mise en évidence par la fouille est - à notre goût . . .

l'évènement majeur pour un début de compréhension
de l'équipement balnéaire du Chassenon antique
.


 A l'opposé, à l'ouest, la trace très nette d'un aqueduc probablement complexe, poursuivait son cours. Sur nos photos nous ne le voyons pas dépasser  formellement la route de Champonger (photo-témoin 27 ci-dessus et autres ci-dessous).


   
Parmi les innombrables détails des photos, 
 le moindre peut avoir une signification ! 

   Sur son cours, le double canal qui rebrousse vers les Thermes (double trait bleu) semble bien se superposer à l'angle d'un enclos rectangulaire - probablement bipartite - qui est évoqué en filigrane sur certaines de nos photos : il apparaît partiellement en trace double (fondations de murs ?) sur la photo 2-1 au début de cette page et sur le cliché ci-contre  où nous l'avons reporté.

Ci-contre,
la bascule d'une partie de l'image en noir et blanc  permet de pousser le contraste à l'extrème. Plus tard, postérieurement à notre cliché, sciemment ou par hasard, les archéologues ont  intercepté le phénomème mais, la fouille semble avoir été abandonnée sans autre explication.

  Cependant et dans une zone aussi sensible où l'élément majeur du fonctionnement de l'ensemble thermal tarde à s'éclaircir, un commentaire aurait été le bienvenu.

 
   
          Par ailleurs et après une courte hésitation, nous pensons que des indices bien axés (étoile bleue ci-dessus) peuvent appeler la suggestion d'un transfert d'une partie de l'eau  sur une nouvelle canalisation versant vers l'ouest  et les structures des Acacias que nous avons découvertes entre la rue des Combeaux et le Chemin Jules-César . . . (voir plus loin). Voir également la photo 27 bis ci-dessus, à droite.

   Cette canalisation serait portée (d'après  nos photos) près de la rue des Combeaux, par un
mur enfoui dont on discerne sur le sol, l'arase de démolition. La conduite d'eau et son support se développant  - depuis les citernes -  sur une courbe bien trop subtile pour n'être à son origine ( au sortir des ouvrages de division et de retenue), qu'une simple limite de parcelles agricoles.

   Voir à ce sujet la photo 30 et également 56 et 58 D.

Revenant au monument diviseur (astérisque bleu foncé, ci-dessous - 28) découvert sur la fin de l'aqueduc des Plaines, des suppositions peuvent être formulées quant à la dévolution immédiate de l'eau dans sa fonction balnéaire, thermale, rituelle ou ludique.

       A partir du monument diviseur  :
        - amenée vers un  bassin de réception, lieu de  décantation des éléments fins en suspension (MES) qui pourrait trouver sa place en flanquement de l'espace de stockage (citernes) et débordant éventuellement au-delà de la route actuelle de Champonger - la topographie actuelle indique ici une cuvette -
        - puis l'eau épurée aurait été mise en réserve par communication avec  les citernes, à niveau de la cote maximale de remplissage soit  221 . . .         
         -   Enfin et puisque une canalisation double vers les thermes vient d'être mise en évidence :

                1 / l'eau ainsi épurée serait partie ( à la demande ! ) vers les thermes (à l'est) pour les bains et les ablutions . . . 
                2 / accompagnée (dans un canal parallèle) par les résidus de décantation et de nettoyage encore utilisables                                     
 pour les  chasses de l'établissement thermal . . . et les latrines !
                          
                                        Il est ainsi des "incertitudes plausibles" qui peuvent se montrer tentaculaires
quand on essaie de faire marcher les équipements antiques !

 Nous  reviendrons sur ce "castellum divisorium" et son environnement.







 Tout étant pour le mieux sous la paix romaine,
un incident cependant, est venu perturber le scénario.

 
Un intermède : les phytolithes
Des jardins suspendus, comme à Babylone ?

              Lors d'une fouille stratigraphique faisant appel à une collaboration extérieure -  l'avons-nous dit ? -
il aurait  été trouvé par des spécialistes,
dans les remblais de 
comblement de deux "citernes", des restes pétrifiés de végétaux (phytolithes), suffisamment
         petits, voire microscopiques, pour avoir échappé aux investigations précédentes. 

    Moyennant quoi et au lieu et place de réservoirs d'eau,
les avis d'experts
convergent actuellement vers l'idée (sans explication et "brute de démoulage" !)
de grands pots dévolus à une culture de  végétaux

   La réalité de la découverte de ces inclusions dans les remblais n'est sans doute pas contestable  mais la question de leur provenance n'est pas  posée et c'est bien là où le bât blesse.
 
   Si nous parlons bien de la même chose, indépendamment de la taille, je vous présente mon phytolithe à moi
(du grec phyto, plante et lithos, pierre).
Aujourd'hui c'est une pierre de 2 kilos.
   Mais ce fut autrefois,
il y a un
nombre certain  de milliers d'années probablement,
un temps aggravé d'un
certain nombre   de phénomènes géologiques,
une liane
- comme qui dirait un bout de bois.

Et à Chassenon, le compte n'y est pas ! 

On se prend à penser à la dernière image du film "la Folie des Grandeurs" : la chiourme des forçats  tournant la noria au milieu du désert, pour faire monter  goutte à goutte une eau rare au pied d'une rose rouge,
seule et unique végétal, au milieu des sables.

A Chassenon, nous avons de la peine à imaginer un aqueduc monumental et haut perché
conduisant un filet d'eau vers  49  pots de fleur !

 Mais à mon étonnement, j'observe que cette  appréciation insolite ne sème pas trop d'inquiétude dans le cénacle. 

En tout cas, pas de citernes, pas de réserve d'eau. Et sans eau, pas de bains !

L'anomalie étant ainsi en suspens, est-il sage de continuer à fouiller de prétendus thermes dont la vocation  balnéaire, hydrothérapique et ludique ne serait qu'une illusion . . . ?

   Il reste évidemment toute sorte de questionnements qui  assaillent l'honnête homme du XXIème siècle :    
        - lors de la fouille, que restait-il du  niveau des margelles (question probablement idiote !) et de l'espoir d'en déduire aussi précisément  que possible, la pente de l'aqueduc ?
        - Aurait-on pu apprécier le type de construction des ces citernes et la nature de leurs parois : étanches elles pouvaient constituer des réserves d'eau.
        - Ou  reconnaître au contraire un chemisage poreux ou semi-poreux, poussant ainsi un peu plus loin la conclusion hardie guidée par la trouvaille  de phytolithes : une culture ornementale voire sacrée . . .   
        - Pouvait-on envisager des carottages dans des "citernes" distantes ( et au hasard dans le milieu encaissant ) pour confirmer les résultats annoncés ?

        -  Aurait-on pu relever dans le même temps  à fond de cuve,  la réalité de communications entre elles (évoquée par Masfrand) qui en auraient fait un seul et même réservoir ?
        - . . .

        Sans être le moins du monde spécialiste de ces disciplines, si en lieu et place de phytolithes, j'avais entendu parler de palynologie (les pollens) ou de carpologie (les fruits, les graines), j'aurais sans doute mieux compris les enjeux de cette étude ?      
                      




La voie romaine d'Agrippa (Ag 1)
de la Croix de l'Aubard
au versant de Beaulieu


   Pour ne pas multiplier inconsidérément les photos, nous avons reporté sur le cliché ci-dessous (29) et pour les resituer dans leur contexte, des renseignements concernant  l'aqueduc entre le monument diviseur, les citernes et un prolongement de canalisation présumé vers les structures de la rue des Combeaux (voir plus loin).

   Parallèlement et proche de l'aqueduc, nous avons évoqué une suite possible à l'allée mise en évidence par les fouilles : nous prolongeons l'indice ( tirés rouges, ) vers l'ouest, au-delà de la route de Champonger, jusqu'à la disparition sur nos photos d'un indice rattachable à cette allée : fin des tirets, point rouge.
  
  Observons également le grand bassin final du "Nymphée de l'Aubard". Sur sa plus grande longueur, des remontées humides trahissent l'épaisseur  de ses mur : non loin de la surface les parements jouant un rôle d'interface, favoriseraient les cheminements ascendants  de l'eau du sous-sol (entre pointes bleues)
  



   Ni en observation aérienne, pas davantage qu'au sol, nous n'avons jamais constaté d'indice de  continuité routière antique explicite entre le sud de la parcelle de la domus,  où nous avons aperçu pour la dernière fois la voie d'Agrippa, et le chemin rural devenu route  communale dite rue de l'Aubard , qui file vers la Croix de la Meule ( photos  28 et 29 et la suite).

   C'est pourtant le cours ancien de cette voie que nous suggère les photos IGN  des années 1960 ( clichés 29 bis, ci-dessous ) : on y voit un vieux chemin de servitude, devenu après bien des siècles "route vicinale" puis communale,  qui assure le trafic au lieu et place d'une voie romaine ruinée et devenue impraticable depuis la déliquescence de l'Empire romain, jusqu'à disparaître complétement.

   Dans ces temps reculés, pour se tenir loin des cailloux roulants déterrés par les récupérateurs,
le chemin vicinal créé par l'usage, s'est installé au sud de l'ancienne chaussée  jusqu'à ce que l'attraction du Chassenon "haut-médiéval" et  le terrain trop défoncé  peut-être, n'obligent les usagers (les paysans et leurs troupeaux) à changer de côté et à passer au nord le plus directement possible.

   Observez  la photo IGN de 1960  : le chemin vicinal hérité de l'Ancien-régime a sans doute déjà été rectifié; il conserve pourtant les restes encore très nets  de cette histoire très ancienne.
  Mais il y a mieux encore : "recalibré" à nouveau à la fin du dernier siècle, il conserve encore aujourd'hui sur notre cliché personnel,  une image amortie et "lissée" de cet incident très lointain (29).

   A l'Aubard, sur notre cliché 29 du début des années 1980, nous faisons effectuer une forte courbe vers le nord à la voie d'Agrippa : c'est toujours pour essayer de "loger" un carrefour antique vraisemblable à la Croix de l'Aubard, sans trahir les traces que nous relevons sur nos diverses photos aériennes, dans la parcelle de la domus en particulier.

   
Néanmoins et selon notre expérience, le cas général maintes fois rencontré, montre le plus souvent un étroit parallélisme (simplement décalé : droite, gauche) entre  la trace de la voie antique et le chemin moderne venu jusqu'à nous (photo 29 ter, à droite). 
  Mais dans ce cas précis, le nécessaire carrefour  ne trouve pas une place cohérente (étoile rouge).

     
Voir le même incident entre la voie romaine (Agrippa 1) et le chemin médiéval de St Auvent (toujours praticable en version agricole) dans les terres des Plaines : photo 8.



Cliché IGN 29 bis

   Ce cliché répertorie sur le terroir sud de Chassenon,  l'essentiel des traces de voies antiques vues et relevées par observation aérienne. Nous faisons un sort particulier à la voie d'Agrippa qui circulerait de l'Aubard à Beaulieu via la Meule si l'on veut accorder quelque crédit à ces schémas antiques en "chicane", maintes fois reconnus ailleurs.
  Ainsi nous soulignerons sa longue courbe  par des tirets : elle s'inscrit parfaitement dans la doctrine des ingénieurs antiques qui pratiquaient ainsi des contournements souples et jamais trop distants de l'agglomération dont ils permettaient ainsi et à tout moment de rallier facilement le centre. 
   En dehors de ces finesses que permettent les moyens modernes et sur ce court parcours, les érudits des siècles passés s'étaient semble-t-il, tous ralliés sans détails superflus, à cette solution globale d'une belle élégance.

  A noter particulièrement - au chapitre de la lecture des paysages -  au bas de ce cliché (centre gauche) des limites parcellaires aberrantes orientées par la rémanence de travaux antiques dont la voie issue de Beaulieu et qui se dirige vers le site du Poirier : un remembrement probablement spontané, a ramené à l'orthodoxie ces parcellaires hérités de l'antique qui occupaient le terroir situé à l'est de Beaulieu.
   Cliché 29 bis versus clichés 29 ter, 32, 34, 35, 42 bis et autres . . .





   Revenant à la Croix de l'Aubard (cliché ci-dessous n° 30), nous revenons également sur quelques  images évoquant ce qui pourrait être la racine  d'une liaison entre notre voie antique (Agrippa 1) et son tracé nord (Agrippa 2) : pour une jonction aux Prés de Robit, près du cimetière actuel .

          Sur nos images nous mettons cette hypothèse en pointillés car nous n'y croyons pas trop !

 Au demeurant, une alternative plus convaincante  partirait d'un peu plus loin, de la Croix de la Meule par exemple.
   Elle serait marquée de nos jours encore par la première moitié de la " Route du Nouveau cimetière" (rue des Combeaux) montant vers le nord,  toujours pour une jonction aux Près de Robit. Elle serait  plus crédible et cadrerait mieux  avec les amorces de voies antiques qui figurent encore sur nos photos, au sud-ouest de l'ancien  cimetière (flèches interrompues bistres , bordées de rouge, sur la mosaïque n° 30, ci-dessous). Photos plus précises et plus pertinentes encore dans la suite de cette page : contournement d'une zone de mouillères (sources du "ruisseau de la Lagune").

         
   Une alternative, comme une dernière chance car au fil du temps les indices disparaissent, inéluctablement recouverts par les constructions neuves et un nouvel espace rural.
    Sur la photo 30 très agrandie une amorce de voie déterminante pour notre propos (zone des Prés de Roby), est définitivement recouverte par une construction récente (petit point rouge).




  Avant d'aller plus loin, nous "cristallisons" sur la partie sud de notre photo (une mosaïque en fait) ci-dessus n° 30 , les petites certitudes et les grandes hypothèses dont nous avons débattu jusqu'ici.

  Nous y avons fait figurer en bleu marine, l'éventualité d'un bassin décanteur contigu à l'aire des citernes : il faut décidément se donner beaucoup de mal pour faire arriver de l'eau aux Thermes de Chassenon et les rendre opérationnels.

  Nous reviendrons sur cette image pour parler de la partie nord (65).
N B : Nous avons fait figurer sur le cliché ci-dessus (petite flèches vertes) un aqueduc éventuel qui aurait pu joindre le Théâtre à partir du monument diviseur des eaux (astérisque bleu) via une avancée de la plateforme du Montélu.
 
   Voici le  relevé d'une étude en résistivité électrique concernant cette zone. La trace d'un aménagement  traversant la prairie 
(pointe de flèche rouge), une haie sur le petit dénivelé d'une  terrasse de culture sur les photos argentiques de notre mosaïque n° 30, donne certes une réponse légère mais l'écho d'un mur-aqueduc se serait sans doute manifesté plus fermement à l'instar de ceux qui signalent les souches de murs du voisinage . . .

 
 Néanmoins sur l'orchestra du Théâtre antique,  des antiquaires du XIXe siècle, avaient repéré un aqueduc (A. Masfrand) d'autres, un "cloaque" (= un égout) qui aurait pu avoir le cas échéant, pour mission de vidanger l'arène (la piste) vers le haut de la pente qui verse vers la Vienne, par-delà la  route qui borde actuellement le monument au nord.  

  Le document de Terra Nova fait également état de l'avancée de terre (soutenue par des murets ?) qui se superpose et rompt la courbe de la terrasse  du Montélu, en haut et à gauche de l'image.
 
   Nous n'avons pas connaissance d'une tentative d'explication au sujet de cette anomalie (déjà signalé).

   Vous aurez également noté à la gauche du cliché, l'image géophysique du sous-sol  fissuré en étoile. Les parties claires correspondent à des réserves d'eau retenues dans des plans de fractures et dont certains (à gauche) vont se purger en surface au-delà la route de Rochechouart.

Le noeud routier de Beaulieu





   La voie romaine d'Agrippa venant de la Croix de la Meule rejoint  le site de la Route de Pressignac ( D 160 ) l'outrepasse puis la recoupe à nouveau.
   L' ancienne emprise de la voie romaine  traverse ainsi le coin d'une terre agricole. Les bosquets qui jalonnaient son passage en bordure de la route étaient toujours délaissés par les labours (décennie 1980) en raison  de  dépôts d'épierrement.
  En contrebas, une trace humide longe le coude de la route de Pressignac et se poursuit le long du chemin qui descend vers des passages d'eau sur la Graine en direction de Veilleraud (pointe de flèche bleue) : ce chemin actuel, d'intérêt agricole, peut avoir en son temps suppléé puis remplacé, les voies antiques voisines abandonnées.

   Mais voici encore des  voies antiques qui nous arrivent du nord : au nombre de trois selon nos constats. Nous les qualifierons d'urbaines en ce qu'elles vont nous apparaître dans de prochaines images, comme bordées de fondations de  maisons antiques  : nous y reviendrons plus loin.
 
Le schéma routier de Beaulieu est assez complexe pour que plusieurs hypothèses soient possibles, il serait prématuré de trancher.

   Mais aux tout premiers siècles de notre ère, la création d'une profonde tranchée routière à cet endroit, fut peut-être la conséquence d'un encombrement qu'il importait de fluidifier et de l'intérêt d'un raccourci vers le gué de la Soutière sur le Graine..
   
Le rattachement des rues urbaines à ce dispositif ne coule pas de source.





Une longue descente vers des gués inconnus

   
Photos 33 et 34

   Avant la création de la tranchée routière, la voie qui circule dans le bosquet rectangulaire sous Beaulieu, devait être le prolongement naturel  de la voie urbaine du Maine : son passage en surface avant l'excavation de la tranchée permet maintenant d'observer quelques strates d'empierrement au flanc du talus sous les frondaisons du petit bois. J'ai eu l'avantage de le faire observer il y a une quinzaine d'années, à une archéologue qui se trouve actuellement en charge de fouilles sur le site. Mais le message ne fut pas perçu et le noeud routier de Beaulieu  reste incompris.

   Postérieurement à l'antiquité, à son ouverture haute, près des maisons actuelles, le passage abandonné a pu être rétréci par des empiétements de riverains avides d'espace agricole. Dans un jardin on observera  deux fossés à vocation possible de drainage, qui pourraient  avoir été aménagés de nos jours pour évacuer l'eau de pluie qui transiterait de temps à autre, par le fond des travaux  antiques.

   Au nord de l'aménagement routier, près de la maison, des lambeaux de chemins étroits anciens provoquent une aridité à la moindre sécheresse :  témoignage possible d'un passage prolongé bien au-delà de l'époque antique.
    La petite voie figurée en vert, étroite et cantonnée de deux fossés parallèles, se rattacherait à une tradition gauloise (?). On en perd pratiquement la trace au sud-est, sur le chemin actuel qui descend de la Croix de la Meule au Moulin de Labit sur la Graine. 


   Les signes ajoutés : étoile, astérisque . . . permettent de retrouver l'orientation des lieux quand l'axe optique change en fonction de la trajectoire de l'avion.



   A la sortie de la tranchée routière de Beaulieu, on retrouve la large trace de la Voie d'Agrippa traversant un dévers de terrain puis coupant l'actuelle Départementale 160 (entre-pointes rouges).
 
   Comparez la largeur de la chaussée à celle de la Départementale 160.

   Après quoi elle empiète partiellement sur un petit bois de l'autre côté de la route : de jeunes chênes âgés de quelques dizaines d'années seulement, n'avaient pas apprécié le remblai de cailloux roulants sur lequel ils avaient germé. Ainsi, une longue bande  de baliveaux rabougris traçait il y a 20 ans et plus,  le passage de la chaussée antique : il leur manquait un bon mètre par rapport à ceux situés en retrait de la route. Photos suivantes.

     Pas de panique, il semble qu'ils se soient rattrapés !

  


Le Gué antique de la Soutière




    Sur cette image  3 voies de communication antiques (têtes de flèches rouges) font leur jonction sur la rivière.
   Puis au plus près de nous, le long de la route, une trace coudée dans un pré humide : pour les  érudits du siècle dernier et il y a peu encore, c'était  la voie romaine  qui passait ici la rivière à pont, là où il y a encore aujourd'hui un pont. Ils ne pouvaient guère faire mieux.

   L'observation aérienne, à des moments choisis, permet une autre lecture :
      - la voie antique que nous avons baptisée Agrippa 2 - bien que dans notre esprit elle pourrait être la première en date  venant du Trivium des Fonts-Chaudes par le site de l'église de Chassenon, le vieux cimetière et Lachenaud . . . (voir notre étude plus loin) arrivait ici grossièrement en bissectrice dans la parcelle de gauche, touchant la route, au-dessus de la Ferme de la Soutière.
  Avant cela, elle avait longé des bois au sud des Croupettes et ainsi, largement contourné les sources des ruisseaux du versant dont celle d'un maigre ruisseau qui venait ici se jeter dans la Graine.
      - Alors, on dériva le ruisseau pour l'envoyer  en amont : son nouveau cours coupe encore l'angle de la grande parcelle de rive.
      - Et quand quelques années plus tard une nouvelle voie antique est arrivée là, venant du site de Beaulieu, monumentale et à peine incurvée pour négocier la pente, avec sa chaussée de 10/12 mètres et ses bas côtés, rien ne pouvait l'arrêter et ce n'est pas le maigre ruisseau qui allait la gèner : elle est toujours là ! Voyez grâce au soleil rasant d'une journée d'hiver, l'ombre portée de sa haute chaussée qui ne fut jamais tout à fait épierrée.

     - Quand bien plus tard,  la route moderne est arrivée (la D 160), on a établi un ponceau sur cette dérivation qui tenait toujours (jambages blancs sortant de la haie). Quant au lit d'origine  du  ruisseau, un court thalweg sur la rive de la Graine en marquait la fin naturelle : un arbre a poussé au fond de la dépression

     

    Et à cet endroit, en rive droite de la Graine, ce qui semble être l'enrochement de la culée d'un pont, aurait résisté à deux mille ans de crues : il empiète toujours sur le cours de la rivière ( ci-dessus, photo 36 ).
 



   Passée la Graine la voie d'Agrippa retrouve son unicité.
   Elle monte sur le plateau à l'ouest de Bouloux et dans un passé lointain, elle a servi de guide à un chemin rural qui est devenu à ce titre limite de paroisse et plus tard encore, limite de commune.

  On voit clairement comment une ancienne voie romaine pouvait à la fois servir de guide à un nouveau chemin et en même temps le repousser sur ses anciens bas-côtés tant la vieille chaussée et sa montagne de cailloux roulants était devenue au cours des siècles, encombrante et strictement impraticable en tant que lieu de passage.

  Rappelons  que le phénomène illustré ci-dessous par la photo IGN n° 38 - fréquemment observé - est devenu pour nous l'un des signes fondamentaux qui trahissent les restes fossiles de chaussées antiques. Nous venons d'en parler abondamment ci-dessus entre l'Aubard et la Meule.




   Nous arrivons ainsi à un nouveau ruisseau qui aurait dû s'appeler "le Ris du Got" (le ruisseau du gué) et non l'inverse car il s'appelle en fait "le Got du Ris" !
   L'ancien gué ( puisque "got" il y a), à quelques mètres en amont du pont actuel, a nécessité en son temps le creusement de deux courtes tranchées routières sur chaque rive du ruisseau.
  Après le ruisseau l'itinéraire débouche à l'ouest, sur une bifurcation : pour le confort du voyageur une bretelle de liaison avait été prévue à  courte distance,entre les deux branches. Finalement nous avons là  à nouveau, la trace d'un trivium antique que nous allons retrouver sur d'autres images.

 La branche nord va passer la Graine près du Moulin de Léas et rejoindre le site de Chabanais sensiblement au niveau du cimetière actuel.

    La branche sud-ouest va rejoindre à la Croix du Parc (la Tuilerie), un itinéraire de liaison venant de la Chauffie/Pressignac.



Le Gué de Léas et le gué de Chabanais




   A noter ci-dessus notre photo du gué de Léas où la voie émergeante est flanquée des restes d'un enclos paracurviligne de tradition indigène (à hauteur de la ferme de Pied-Coudat : marge gauche du cliché 39).
  Pour la suite au-delà de l'enclos, en  surimposition, une photo IGN montre un fossé de cette même voie recueillant de l'humidité en traversée de dévers.

  On voit également que longtemps après notre passage,  les terrassements de la nouvelle Nationale 141 ont démasqué à l'approche d'un ruisseau, une tranchée antique suffisamment profonde pour que le chantier routier ait dû établir à niveau et au centre de l'emprise de la future  route , une levée de terre pour le passage des engins.
 Un constat qui a probablement été signalé  par l'enquête archéologique préalable à l'ouverture du chantier de la nouvelle N 141. Ainsi que le site d'enclos protohistorique des Cimes de Grenord (voir plus loin).




  L'arrivée de la voie de Léas face à la Vienne en aval du pont de Chabanais actuel, attire l'attention sur l'image  subjective d'une sorte  de passage d'eau au travers des rapides.
    Cependant que des limites de propriétés, en rive droite, sur l'épaulement est d'un thalweg, ne contredisent pas  l'hypothèse d'un gué.
   Ce n'est qu'une hypothèse de travail certes mais ce serait une bonne affaire pour aller de Chabanais à Poitiers- Lemonum.
 Car il faut rappeler un autre gué que nous avons découvert, photographié, montré et décrit, sur la Vienne encore, aboutissement de longs passages  de voies antiques, très loin au nord, tout près  de Queaux, entre l'Isle-Jourdain et Lussac : le Gué des Mâts qui ouvrait un chemin antique vers  Poitiers à peu de distance d'un immense "camp" romain tardif (450x250m).
 Site limousin-archeo-aero.fr.  page  "routes et domaines gallo-romains".
 Enfin un autre itinéraire ancien voire antique, venant de Suris vient couper la Grêne pour s'interrompre à peu de distance, en bord de Vienne. Nous en dirons deux mots plus loin.

Gaulois et romains
dans
la vallée de la Graine 




   A ce stade de notre enquête et avant d'aller au-delà - vers Saintes - l'image synoptique ci-dessous (n° 41) décrit l'ensemble de nos propositions au long de la Graine.

 


 En haut, à droite, sur l'extrème bord de la photo, non loin du lieu-dit les Croupettes, sur un léger replat (?), une voie rubanée finit sa course  et nous incite à imaginer sur ce versant,  l'emplacement d'une ferme gauloise traditionnelle bâtie en matériaux périssables : surimpression rouge, à droite.
  
  L'idée d'une ferme gauloise à proximité du toponyme  "Malbâti" serait amusante ! Il n'y aurait eu qu'un romain pour inventer ça !

   Plus loin à l'ouest, passé le travers de Masferrand, le site de la Vieille-Vigne porte des fossoyages à recoupement orthogonal et des morceaux de voies protohistoriques. A proximité un enclos rectangulaire de tradition gauloise montre une partition interne sans doute inspirée d'un plan romain primitif. Nous y reviendrons également ! Surimpression rouge en haut, à gauche. 

   Au sud  des Croupettes, en lisière sud des bois, le passage de la branche nord de la voie d'Agrippa (Agrippa 2) est rappelé. Dans la pente, le fond de ses vieux terrassements qui canalisent encore le ruissellement, trahissent maintenant son tracé qui a contourné prudemment la tête de source peu active du ruisseau de la Soutière.

   Nous  avons déjà signalé la dérivation finale de ce ruisseau, peu avant la Graine. De même que l'arrivée au même endroit ( le gué de la Soutière) de la branche sud de la voie d'Agrippa (Agrippa 1).

   Au bas de notre  cliché, après le gué sur le Got-du-Ris, l'itinéraire vers Léas et Chabanais, quitte  la voie d'Agrippa. Le petit trivium est souligné par une trace non équivoque dans les labours. Un long enclos rectangulaire s'individualise, incliné vers le sud-est (à la romaine !). Aucun cadastre ne montre un tel tracé. Son origine protohistorique (gauloise) est probable : surimpression rouge.


Un long itinéraire vers un gué
 sur le fleuve Charente
(Voir le plan de 2001 sur l'opuscule "Chassenon vu du ciel", XXII et XXIII)

    Immédiatement après le gué sur le Got-du-Ris, la voie d'Agrippa s'oriente au sud-ouest. Comparez  sa large emprise avec les routes communales des alentours (cliché 41, entre-pointes noires ponctuées de rouge).
    Fort ancienne on s'en doute, elle a attiré plus tard une limite paroissiale devenue limite communale et petite  route  toujours opérationnelle : c'était autrefois le "Chemin des Femmes Mortes" (?).

   Un sentier forestier  - probablement disparu - dans le Bois des Besses, jalonné de touffes de fragon (ruscus aculeatus pour les botanistes, bribou, petit-houx, pique-rat pour les autres) amène de nos jours les promeneurs et les curieux jusqu'à la Croix-du-Parc (la Tuilerie) avec en prime, un reste de chaussée surélevé dans une clairière. La continuité du parcours en forêt ne saute pas aux yeux mais elle illustre bien  les remarques botaniques que nous avons faites jusqu'à ce jour. C'est ça, droit devant.

   Ensuite une longue ligne de crête va servir d'assise à la grande voie romaine dans son parcours vers Saintes :  la lisière nord du Bois des Geais, la Croix du Bègue (un pauvre homme injustement accusé et qui serait mort de n'avoir pas su s'expliquer !), le sud du Grand Bois. Puis le Gué de Chez-Chabernaud sur la Charente, un léger décrochement à gauche, puis de longues limites de parcelles se sont établies sur ce qui restait de la voie antique.

  Et la Ferme de Béraudet, 200 mètres au sud de la vieille trace, marque pour nous le terminus occidental de notre recherche.




 

Dans tout ce parcours  nous pensons que  la voie romaine  lentement rétrécie   par prélèvement de la majeure partie de son empierrement d'origine, a strictement servi de base à ces  chemins ruraux et routes communales qui traversent successivement les communes de St Quentin et de Suris .
 
  Revenons un peu en arrière pour noter encore, à l'ouest du Grand Bois , le croisement d'un long itinéraire venant du sud-ouest par Suris et "montant" au nord-est vers Chabanais. Ce parcours a également servi en son temps de limite paroissiale ce qui lui assignerait un usage prolongé à partir  d'une origine éventuelle de voie militaire donc précoce.

  Nous avons  contrôlé l'origine antique de cet itinéraire sur quelques centaines de mètres d'un bosquet-relique au tracé décalé, peu avant la cote 203, aux Cimes, au nord-ouest de Grenord, près d'un long enclos de tradition gauloise -  qui occupait le fond d'un thalweg très amorti - au milieu de macules disséminés (dépôt d'incinérations ?) et non loin d'un autre enclos plus petit, au Figuier.

   Mais  le percement de la nouvelle Nationale 141 à quatre voies qui contourne Chabanais, a définitivement emporté les enclos et les traces de vie gauloises sur les terres des Brousses et des  Cîmes. Et jusqu'à la racine, peu après le carrefour de cote 203, d'un petit chemin de terre qui descendait vers la Vienne.
 
  Axé vers le Pont de Grène à Chabanais ce petit itinéraire allait jusqu'à la rivière. Mais aucune trace sur l'autre rive ne vient suggérer un possible passage d'eau :  c'était peut-être simplement une petite voie d'intérêt local . Une origine antique est  cependant certaine soulignée par des détails topographiques et par des traces résiduelles à l'arrivée à Chabanais, de part et d'autre de la voie du chemin de fer (cliché 40)
     Quelques dizaines de mètres plus loin, ce petit itinéraire franchit la rivière Grène. L'appellation toponymique "Pont de Grène" pourrait davantage concerner notre petit chemin plutôt que l'ancienne nationale 141 qui est passée là par hasard beaucoup plus tard.

   L'inflexion en baïonnette de la Grène avant sa confluence avec la Vienne mime ici une dérivation   à laquelle recouraient parfois les techniciens routiers antiques avant l'aménagement d'un passage d'eau.
 Ici, les prescriptions de la doctrine des Légions  sont  sans objet  : il est possible que  l'accident soit plutôt la conséquence d'une  crue
centennale qui aurait pu déplacer vers l'aval une masse importante d'alluvions de rive et l'embouchure de la Grène avec.      
    Graine en Limousin, Grène en Charente.

   Remontant au carrefour des Cimes et comme une suite à la voie venant de Suris, plein est, toujours très fluide, un  itinéraire pouvait probablement descendre passer la Grêne 300 mètres en aval du Moulin de Cacharat et se raccorder à la voie de Léas au niveau du cimetière de Chabanais : un morceau de la D 162 en garderait le souvenir.



La maîtrise du paysage rural 


Une méprise particulière a pris à Chassenon une dimension  telle
que nous ne pouvons qu'évoquer ci-dessous, la partie de plan
qui l'officialise.

Au terme d'une courte enquête, nous avons découvert
en lieu et place d'une voie antique recherchée, 
l'indice mal interprété 
d'une simple calamité  agricole courante et tout à fait mineure.


 Il y a dans notre démarche l'espoir d'une certaine
et  pas tout à fait vaine, pédagogie !

   Cela se passe au niveau de Beaulieu, sur le passage antique du  diverticule second de la voie d'Agrippa en route vers Saintes  que les voyers gallo-romains avaient établi en contournement-sud du vicus. Ce second passage plus direct que la voie d'origine, fut rendu possible par un long décaissement destiné à amortir un changement de pente abrupt qui existait à quelque distance de la Graine.

   J'ai fait cette découverte il y a une vingtaine  d'années et on vient de  décrire abondamment cet endroit remarquable (photos  32 à 35 ).  
 Alors  que commençaient les études officielles sur la Chassenon antique, j'avais eu l'occasion de  faire visiter cet aménagement important, le défilé de Beaulieu, aux mêmes archéologues
qui
sont aujourd'hui à la manoeuvre.

   On avait même repéré sur le
haut  talus de la tranchée,
des strates de pierres correspondant à une ou plusieurs voies abolies  lors du creusement de l'ouvrage.

 Restait à incorporer ces remarques dans un contexte plus vaste qui se densifiait petit à petit dans mon esprit,
au fil des prospections de terrain. 
Un schéma logique  commençait à s'ébaucher  :
opuscule "Chassenon vu du ciel", photos page 26 (XXVI) et notre carte routière pages 22 et 23.

  C'est alors que, se laissant berner par une coulée d'eau sur des terres agricoles, les archéologues en charge du dossier . . .  
sont allés placer plus loin une 
prétendue voie antique  sur un terrain 
de plus en plus 
hydromorphe (zone de ruissellement pluvial diffus), à l'approche de la rivière Graine.

  Piqué à vif et après quelques recherches, j'ai finalement découvert la photo de GOOGLE EARTH  qui
 - à défaut d'une nouvelle enquête de terrain -  avait rendu possible cette méprise . . .

     Le document de l'internet (n° 42 ci-dessous ) montre les effets néfastes d'une coulée d'eau sur une terre de culture en pente. L'origine du ruissellement semble venir du fossé de la route via un aménagement qui a pu être  effectué naguère, aux fins d'irrigation des prés.
   De nos jours ces anciens travaux ont pu être temporairement réactivés par des pluies battantes.
   Le ruissellement fragilise maintenant un sol porteur de céréales en herbe dont les jeunes racines
manquent d'ancrage et se déchaussent facilement, contrairement aux racines fasciculées et pivotantes des vieilles prairies.

    Et un passage charretier taillé au plus mauvais endroit dans une haie, a récupéré le ruissellement d'eau boueuse et concentré la trainée de colluvion dans son cheminement vers l'aval (flèches blanches).

     C'est cette  coulée d'érosion  qui a été prise pour une trace de voie romaine !
 




    J'ai
été bien sûr,  à la fois surpris et consterné de voir publier cette "cavalerie"  sans que la moindre défense immunitaire
ne se soit jamais manifestée au sein du collectif des chercheurs impliqués.
  
Le problème routier classique posé par le franchissement des rebords de plateau et
 la brutale augmentation de pente qu'ils créeraient sans autre précaution,
avait de haute antiquité trouvé sa solution  technique chez les ingénieurs routiers romains.

 La reconnaissance de ces aménagements doublement millénaires,  ne peut échapper au prospecteur attentif.
Il  frappe moins cependant l'attention
de l'observateur aérien, qui juge mal des reliefs en vue quasi verticale.
Ce qu'avait pourtant réussi en son temps Roger Agache dans ses plaines de Picardie.

En situation
au sol par contre, l'incident agricole est suffisamment important et inattendu
pour ne pas pouvoir échapper au plus citadin des randonneurs connectés.

Mais à l'évidence, il n'y a pas eu  contrôle au sol.
Nous voyons là
une  absence de réaction  difficilement compréhensible de  la part de professionnels
sûrs d'une  totale délégation de confiance de la part de leur communauté scientifique
mais tout à fait inconscients de se mettre  ainsi en délicatesse
de déontologie.

Car l'information , échappant à la vigilance distante d'un comité de lecture que l'on imagine pointilleux,
 publiée à bas bruit
  dans une revue de référence réputée . . .
 
sera tenue comme à l'accoutumée, pour vérité première
et fera école dans de prochaines publications - n'en doutons pas !
Bien sûr, aurait dit Audiard, " faut reconnaître que c'est du vernaculaire ! " *

    *  Contrairement à certaines voies proprement limousines "bidonnées" en continu,
tant en haute campagne sur des dizaines de kilomètres, qu'en enceinte citadine,
mais néanmoins publiées elles aussi, dans une revue locale à parution annuelle
où le sérieux d'estimables publications estompe à bas bruit, ces petits forfaits.

Mais ce n'est pas un hasard si la cuvée Chassenon procède de la même philosophie !
 
        Cf  index.html, même site,"Tribulations limousines, le serpent à sornettes"


      A un autre moment, ci-contre, sous le même aléa météorologique, les plantules pareillement couchées par le ruissellement, se montrent plus avancées dans leur croissance. 
      Nous les voyons ici, abondamment irriguées, ayant développé des racines adventives qui favorisent la pousse de tiges multiples, lesquelles porteront à terme des épis supplémentaires : c'est le tallage.

     L'agriculture traditionnelle favorisait ainsi une augmentation du rendement, en passant le rouleau sur les semis en herbe. A ne pas confondre ici avec les traces parallèles espacées des traitements phyto-
sanitaires.

La réalité historique est souvent furtive.
   Comparez sur ce cliché, les signatures photographiques au croisement de la voie réelle est-ouest - ici quasi invisible -  et de la "coulée d'orage" bien marquée :  petit point rouge.           (Revoir également nos photos aériennes 34 et 35)





NB :  Le vocable picard "cavée", importé en Limousin par J.M. DESBORDES, a son équivalent en dialecte local, c'est "las chavadas", qui a donné des toponymes tels que les Chevades, les Chevailles, ou à Limoges, la rue Vochave : "lo vio chavado" (la voie encaissée) .
    Des terres nommées "Les Chevades" existent au sud-ouest du Moulin de La Brousse, sur la commune de Chassenon.

     L'espoir  d'éclairer la probabilité d'une voie issue
du Pont-de-Pilas (clichés 10, 11,  18 bis, 19 ter . . .)  ?


La voie d'Agrippa et son intégration
dans le milieu urbain et péri-urbain :
Agrippa 2


Bifurcation et sanctuaires


    Nous revenons sur les terres des Fonds  à peu de distance de l'entrée en terre charentaise de la voie impériale d'Agrippa, venant de Limoges.
  La copie ci-dessus d'un extrait du cadastre napoléonien de Chassenon et une photo des années 1980, précisent l'hypothèse  que nous avons émise au début de cette page, d'une bifurcation sur cette voie, à hauteur du Bois-Chalat.
(Avec nos excuses pour une présentation tête-bèche des deux documents)
 
Pour différencier ce nouvel itinéraire du précédent abondamment décrit plus haut, nous l'appellerons Agrippa 2.

   C'est probablement sur un tel tracé qu'il faudrait rechercher les édifices publics d'une petite agglomération gallo-romaine tels qu'un sanctuaire urbain, élément précurseur possible d'une église paléochrétienne devenue l'église actuelle (?), un forum etc . . .


 
 Cette bifurcation antique aurait pu se situer dans la parcelle triangulaire située à l'ouest  des Fonds, à l'angle de la route de Machat et ainsi à quelques dizaines de mètres à l'est du carrefour où est implanté le château d'eau actuel.  Il n'est pas incongru de penser qu'à cet endroit un très ancien  sanctuaire routier païen ait pu exister.
  Quelques siècles plus tard, il aurait été déclassé puis conjuré par le christianisme naissant sous la forme d'un petit monument placé à courte distance à l'ouest, sur un nouveau carrefour : un petit monument établi  sous la dédicace d'un nouveau dieu. Une croix, comme nous le rappelle "le Bois de la Croix"


   Recherchez si vous êtes curieux, la mention d'un glissement similaire sur la voie de Rancon, à la taverne-mansione de Maison-Rouge ou encore près des moellons équarris sur champ de buis, du sanctuaire païen de Monpoutier, à la bifurcation de la voie de St Auvent (même site).




  Dans le bourg actuel, la présence de l'église en marge rapprochée du passage venant du trivium des Fonts-Chaudes  et les traces convergentes au sud-ouest du vieux cimetière, constituent des arguments qui pèsent fortement en faveur de la véracité de ce diverticule  urbain de la voie d'Agrippa.
  Ainsi que la largeur tout à fait inaccoutumée que présente au vieux cadastre, la route (qui deviendra la D 29) lorsqu'elle entrait de plain-pied dans le trivium des Fonts-Chaudes au milieu du XIXe siècle encore ! (photo 44).


  Quant au passage d'une voie au plus près d'une l'église actuelle, on pourrait   invoquer  l'effet d'un prosélytisme exacerbé. A la limite et dans l'hypothèse d'un sanctuaire païen déclassé par un monument chrétien, nous nous demandons parfois si le nouvel édifice n'aurait pas pu être bâti sur la chaussée même.
Sous la pression des voyageurs , une petite place permettant  de contourner l'édifice se serait alors instaurée  pour qui ne souhaitait pas sacrifier au nouveau dieu.

   Sur notre site "limousin-archeo-aero.fr" on trouvera  deux pages faisant mention déterminante à Limoges, des rapports de proximité entre voies romaines urbaines ou péri-urbaines et les églises paléo-chrétiennes connues  : St Pierre du Queyroix, St Martin, St Paul, St Augustin, St Julien, St Cessateur . . .  

   A St Pierre-du-Queyroix, l'église primitive ayant été bâtie sur la voie elle-même, un diverticule de contournement dut finalement être créé : il en reste une petite rue coudée, la rue Mireboeuf.




Le vicus gallo-romain de Cassinomagus,
voies urbaines et chemins au long cours.  

Les donneurs à voir

    Face à la diversité des traits du paysage rural, à l'infinie variété des façons culturales, une  tendance très pédagogique est de vouloir reporter systématiquement sur des plans  ce que l'on croit voir sur les photos ou pire encore à vouloir représenter ce que l'on ne comprend pas pour ne l'avoir encore  jamais vu. 
     
    Sur nos terres limousines, semées de bois et de forêts et hachées par la petite propriété, il faut évidemment une "longue et suffisante" somme d'indices pertinents et concordants - et une longue expérience - pour que s'ébauchent quelques éléments de certitude.

   L'indice  perçu isolément n'a qu'un intérêt anecdotique. Mais il peut aussi être le premier maillon d'un ensemble qu'il va falloir mettre progressivement en évidence  : c'est la seule démarche qui nous intéresse pour que l'ensemble un jour et très vite,  prenne du sens.

    Précédemment, sur les terres des Coutis, un cliché vertical (ci-dessous 46 et en fin de page) peu performant car affecté de deux parcelles "muettes", avait déjà révèlé quelques fonds de maisons et nous  avions faire subir à ces images sans grand succès , les derniers outrages informatiques !
   Pour des raisons matérielles, l'exploit ne pu être renouvelé.
   Une ou deux années plus tard, des indices plus étendus furent recueillis en photos obliques.



   Mais  il aurait fallu de très nombreuses photos - compte non tenu des photos muettes - pour se risquer à faire un dessin.  
   Notre solution est généralement de réunir par une ligne tracée dans les "vides" de la photo, une continuité qui n'est pas toujours évidente .
   En prenant soin justement, par les interruptions du tracé, de laisser apparaître les indices ponctuels pertinents  qui nourrissent la proposition, ou par des "pontages", des articulations plausibles.

 
 Car le jour où l'on désirera en savoir davantage, on en appellera aux moyens scientifiques d'investigation non destructive chaque jour plus performant dans les mains de spécialistes ( résistivité, radar, gravimétrie, magnétisme etc . . ).
    Et la fouille viendra préciser les démarches exploratoires. 


Des voies urbaines



  Nous retrouvons sur ces clichés (en haut, au centre) la jonction du diverticule n° 2 de la voie urbaine d'Agrippa et de l'itinéraire de liaison venant d'Agrippa 1. Nous avons donné notre sentiment sur l'ambiguité de ce dernier  tracé : origine la Croix de l'Aubard ou la Croix de la Meule ?
  Nous penchons finalement pour la Croix de la Meule pour nous dégager de la zone très sensible porteuse d'équipements hydrauliques (citernes, bassins, aqueducs etc . . .) qui occupent le terrain au sud-ouest  du Montélu.

   Après la jonction, la voie d'Agrippa n° 2 poursuit son trajet vers l'ouest par Lachenaud (48).

   Référence toponymique occitane probable selon Yves LAVALADE : " l'achanaud " = le fossé, le chenal.
 



   La voie de Lachenaud en route vers la Soutière

   En effet, la voie antique semble  très localement recouverte par la Départementale 29 ( baïonnette sur le vieux cadastre de 1934, photo 50) pour réapparaître très vite à l'approche de Lachenaud.
  La trace est bien typée mais peu importante en largeur : d'où notre hypothèse sur la précocité de ce diverticule nord si on le compare à l'image imposante que nous avons recueillie sur le tracé sud n° 1 à Beaulieu et au-delà.
  La trace s'abouche exactement à un chemin rural qui dessert actuellement le terrain de football de Chassenon. La voie se poursuivait sur la lisière sud des bois puis basculait vers un passage d'eau sur la Graine sitôt passé de quelques centaines de mètres  le
thalweg d'origine du petit ruisseau que nous connaissons et qui descend dans les près de fond de la Soutière (photos 41et 41-1).
  

    Des voies urbaines pour un petit noyau . . . urbain

 
Revenant aux terres des Coutis,  voici qu'apparaissent dans le paysage trois nouvelles traces, sensiblement perpendiculaires à la grande voie de Lachenaud,  manifestement apparentées entre elles par la forme de leur parcours. Ce sont des voies urbaines, des rues.

   La rue centrale  présente inégalement sur ses deux côtés, le dessin de fondements de maisons.  Etant la plus fermement marquée et la plus large, nous la reconnaîtrons (provisoirement ?) comme le "cardo maximus", la rue cardinale principale - la plus proche d'une orientation nord-sud -  d'un quartier d'habitats.

 
 A gauche, moins fortement marquée, plus incurvée, une autre rue est fossilisée par des limites de propriétés jalonnées d'arbres. Elle est flanquée à son tour d'une courte voie à l'ouest, qui marquerait selon nos images, la fin de la zone habitée sur la pente d'un faible thalweg.
    A droite  de la rue principale, le passage d'une autre voie s'ébauche. On la situe assez bien par référence aux précédentes mais plus loin au sud, ses traces deviennent à la fois multiples et plus floues.

    Les trois rues cardinales sont barrées d'une rue transverse dont l'origine à l'est, n'est pas définie mais qui se termine sur la petite cardine qui marquerait l'extrémité ouest de la zone habitée. C'est une rue décumane, le "decumanus maximus " peut-être . . . mais d'autres décumanes, pourraient exister.



Un très très vieux petit chemin


   Il faut remonter aux images ci-dessus (47, 48) pour percevoir l'originalité d'un petit chemin qui recoupe à la fois nos rues cardinales puis la via Agrippa de Lachenaud. A l'est de la Croix des Coutis, il a récemment été baptisé Chemin-Jules-César et à l'ouest Chemin-des-Romains.
   Les deux appellations pourraient bien être anachroniques : pour notre part, nous aurions risqué des références gauloises et proposé Chemin-Vercingétorix ou mieux encore Chemin-Sédulix pour honorer le vergobret des Lémovices qui périt sous Alésia ! Car ce petit chemin ne montre guère de connexions avec les voies ou les rues romaines bien typées qui l'entourent.

 
 Sur les plans des fouilleurs, la méthode qui consiste à tout mélanger sous le vocable unique de voie romaine, des voies du carrefour fossile de Longeas au petit chemin des Coutis et autres lieux, me semble bien relever  ou bien d'une information rudimentaire ou bien d'une désinvolture qui s'ignore.

   Sur la Croix-des-Coutis où nous stationnons, on intercepte un petit chemin  (flèches orangées) dans une continuité qui irait vers le sud jusqu'au Moulin disparu de la Chauffie sur la Graine :  photo 18 bis ci-dessus.

 
 Sur nos photos, dans l'autre sens, la  trace de cette voie se dégage des limons et des vases du Clos-Beaudut à quelques dizaines de mètres de la rivière et remonte le versant de la Graine par la Croix-de-la-Meule jusqu'à nous (Croix-des-Coutis).
   Ce chemin se poursuivrait vers Lachenaud et les Croupettes jusqu'à une possible esplanade de ferme gauloise  à l'approche de laquelle sa continuité  disparaît. Retrouver l'ébauche de cet enclos sur la photo panoramique 64, au-dessus d'un petit ruisseau, à mi-chemin entre Malbâti et les Croupettes

  Observé sans contrainte moderne à partir de son passage sous la Départementale 29 (route de Chabanais) notre chemin se montre alors comme une trace rubanée, un type que  nous relevons fréquemment dans la proximité d'habitats gaulois.

 
 
Cette trace repérée par l'observation aérienne est marquée par des flèches orangées : il ne serait cependant pas sérieux de  s'engager formellement vis à vis de son origine protohistorique, c'est une hypothèse honnête, une piste de recherche.

Mais on a si longtemps cherché sans accepter de les voir, les gaulois de  Chassenon
qu'on peut bien se permettre ce lourd clin d'oeil.

   Cet itinéraire est  côtoyé à distance par une courte trace tout à fait similaire qui se détache du chemin de la lagune actuelle avant de disparaître sous un bois. Elle  longe à quelques dizaines de mètres, l'enclos que nous venonse d'évoquer. Son origine nous est inconnue.

   Enfin beaucoup plus loin,  à hauteur de la Vieille-Vigne sur la route de Chabanais, une nouvelle trace viaire conforme à ce que nous connaissons des époques gauloises, va apparaître - ou réapparaître comme une suite lointaine au vieux chemin. Elle est en relation avec des fossoyages gaulois et l'emprise quadrangulaire d'un enclos d'habitat de même époque. 

 
Un détail encore : il y a certainement plus de 20 ans, non loin des Coutis, suivant le Chemin-des-Romains,  notre très très vieux chemin de terre qui n'avait pas encore reçu de nom, je suis tombé en arrêt devant une intumescence, une bosse, un "dos-d'âne" puisqu'il faut l'appeler par son nom.
  C'était exactement à l'endroit où la rue cardinale la plus proche de la Croix-des-Coutis, à laquelle je croyais à peine, aurait  dû croiser le  vieux chemin.
   Donc un reste de chaussée était bien là, confortant mon intuition.   Etonnant non ?

   Ainsi et comme toujours en archéologie ce sont ces mille petits détails qui concourent à former puis à étayer une opinion qui ira peut-être en s'affirmant. Sous le goudron actuel, le bombement doit être  encore perceptible (photo ci-dessous n° 49 ).

    Bien sûr il faut passer de longues heures sur le terrain, tous les sens en éveil.





   Sur le diptyque ci-dessus on notera encore, à gauche :
              - en haut, une très curieuse trace elliptique pratiquement invisible au sol, une trace fantôme, repérée en vol et pour la première fois par Jacques DASSIER l'aviateur charentais, il y a quelques années. Elle apparaît faiblement sur certaines photos de l'internet (tracé vert). En l'état actuel des connaissances cette trace est ininterprétable. 


               -   Une petite voie "construite" semble la desservir par-dessus le ruisseau de la Grange-de-Caire, ruisseau qui assure actuellement l'exutoire du lagunage communal des eaux usées. Vous repèrerez cette petite voie sur la photo 53 (le frène !).
    
               -  Les trois rues cardinales (nord-sud) repérées, se rattachent sans doute à la voie romaine de Lachenaud, mais les vues aériennes ne m'ont jamais permis d'observer valablement ces jonctions. Pour ce qui concerne les deux rues de droite, elles auraient traversé alors (au niveau du hangar au toit d'everit et au-delà à l'est) des parcelles affectées de longues traces vermiculaires grossièrement orientées est-ouest. Dont l'une visible sur la photo surnuméraire VI (en chiffres romains ci-dessous).
Indices jamais vus ailleurs.

             
   - Des fonds d'habitats sont encore visibles au bas de la rue cardinale  du Maine ( Le Maine, du latin manere = habiter, le manant = l'habitant).

               - La rue cardinale la plus à l'est, présente dans sa partie terminale sud, au-dessus de Beaulieu, plusieurs tracés difficiles à démêler. Des observations complémentaires pourraient un jour ou l'autre apporter des images plus précises : voeu pieux !



              Archéologues du dernier siècle à Chassenon,
dans les terres des Coutis









De gauche à droite : la route de la Grange de Caire, le chemin
de Malbâti,
la route de Chabanais, les Près de Robit,
le très vieux chemin et le Haut des Coutis .



  
        Sur la Place de l'Eglise, le mur gouttereau sud témoigne des multiples reprises qu'a subies le monument au cours des siècles :  qui reprocherait à la pierre d'avoir servi plusieurs dieux ?


   On remarque (tracé vert) le début (la Fontaine ?) du chemin qui va traverser les terres jusqu'au Nymphée de l'Aubard puis  desservir la structure complexe (fanum ?) que nous avons évoquée, au flanc de la colline des Vignes.

   Le très vieux chemin venant de la Croix de la Meule par la Croix des Coutis (flèches orangées) va outrepasser la  Départementale 29 de Chabanais, faire un court instant sa trace en toute indépendance (voie dite rubanée) puis obliquer vers un léger replat - à mi-chemin de Malbâti peut-être - qui pourrait avoir porté une ferme de tradition gauloise en matériaux périssables. Le passage du vieux chemin est repéré par un astérisque et figure encore au vieux cadastre (photos 53 et 54 ).
   A la même hauteur, une voie rubanée du même type va se  dégager du chemin de Malbâti  (repérage étoile) et disparaître sous une zone boisée après un parcours d'une dizaine de mètres (vignette étoile sur la photo 53 ).


   Une petite voie "construite"  semble être là pour desservir le mystérieux ellipsoïde, proche du chemin de la Grange-de-Caire que nous avons déjà signalé.

    Le fait qu'elle déclenche une anomalie végétale lors d'une traversée de haie (cercle rouge, photo 53), témoigne du reste de d'une petite chaussée  : le sous-sol ainsi fractionné favorise encore la pénétration des racines et constitue une réserve d'eau constamment alimentée par les anciens travaux voyers.

   
Ainsi, à la simple vue de la photo, on diagnostique dans la haie de chênes, la présence ponctuelle d'un frêne au feuillage vert-tendre, à l'aise dans son biotope favori (cercle rouge).
    Ce détail isolé est courant, pas forcément remarquable ni signifiant pour le néophyte mais ça ne s'invente pas.

 





  Le replat partiellement perceptible dans la pente (en haut, à gauche) pourrait avoir porté une ferme gauloise : c'est une constante. Il est porté par une petite dorsale géographique. Voir carte IGN.
Repère étoile rouge commun aux deux photos précédentes : arbre en boule.

  Nous constatons  souvent que les sites que nous décrivons par le truchement des photos déjà anciennes, sont malheureusement devenus illisibles, cachés sous la jachère et plus souvent la friche, dues à la déprise agricole. 
  Ailleurs et a contrario, des  pratiques agricoles profondes et agressives, ont  tendance à détruire définitivement les indices sperficiels.


Des Dauges à Masferrand :
"Les Gaulois sont encore dans la plaine"




    A gauche  ( photo 55)

   L'espace est structuré par la Départementale 29. Nous sommes à moins de 2 kilomètres de Chabanais, aux confins de la commune de Chassenon. L'assise de la Départementale semble se dégager d'un tracé archaïque à deux fossés parallèles d'origine gauloise (voie matérialisée) qui lui a  probablement servi de guide dans un passé lointain. Nous sommes peut-être dans le prolongement du vieux chemin qui passe aux Croupettes.
   D'autres images montreraient sur une dizaine de mètres, la voie ayant dépassé l'allée du domaine des Dauges.


La "courbe du chien" *

   La trace courbe et linéaire d'une voie frayée recoupe la voie que nous venons d'évoquer : 10 ans plus tard l'indice (en valeur inversée) est retrouvé sur une photo de l'IGN (pointes de flèche rouges).
   Dilemme : s'agit-il de la trace pérenne d'un cheminement très ancien ou d'une  trace actuelle et entretenue  d'intérêt agricole ?
   Il y a peu de chances qu'il puisse s'agir d'un "chemin de messe" dont la pérennité dans la périphérie des villages, s'est éteinte définitivement il y a une quarantaine d'années .

  *NB : Le maître circule à vélo sur la départementale en direction de Chassenon. Le chien qui s'est échappé de son chenil des Dauges, tente de le rejoindre :
       - "Calculez ! Vous avez 4 heures !"

 
 Nous posons un repère carré orangé sur l'ébauche partielle et équivoque d'une trace peu marquée mais qui se trouve en position de léger culmen (cote 214) : sanctuaire gaulois possible (vierekschanze).

   De l'autre côté de la D 29 des linéaments à recoupement orthogonal sont évoqués sur une culture de céréales en cours de moisson à la Vieille-Vigne (étoile).


    
Images de droite

        La photo synoptique IGN 97 montre également la courbe de la voie frayée venant des Dauges.

       Sur la parcelle de céréales au sud de la Vieille-Vigne nous rappelons en rouge, l'observation déjà notée ci-dessus. Mais voici qu'une parcelle voisine présente à son tour, un ensemble de fossés à recoupement orthogonal et en orientation conforme.
     Les terrassements ont atteint les couches profondes du sol et ont probablement été comblés au fil des siècles par le ruissellement et les litières annuelles mais on ne peut écarter également un apport de déchets d'origine anthropique : rebuts domestiques, dépotoir . . .

    Le remblai présenterait ainsi une explication à la performance de  rétention d'eau que manifestent ce réseau à la faveur d'une circonstance météorologique particulière.
    Au droit des fossés, la céréale poursuit sa croissance  alors que dans l'intervalle, une relative sécheresse a hâté sa maturation . Opportunément, au ras du sol, une strate herbacée rampante accentuerait la perception du phénomène.



Une ferme-villa gauloise
  Une parcelle rectangulaire tranche par sa régularité dans l'environnement anarchique des parcellaires actuels : elle est repérée par un point vert. Elle est bien illustrée et décrite par l'image de GOOGLE.

   Le détail de deux arbres jumeaux isolés au milieu de sa partie nord renvoie à l'image classique d'une villa gallo-romaine primitive où l'espace rectangulaire est scindé en une partie réduite et généralement lourdement fossoyée, à vocation d'habitat "aristocratique" et une partie plus vaste à vocation agricole ou pastorale.

     La communication entre les deux parties pouvait s'effectuer par un porche : les pieds-droits constitués de poteaux monoxyles (des troncs d'arbres) ont laissé dans le sol deux traces profondes qui ont   favorisé par la suite et sans doute à de multiples reprises au cours du temps,  la croissance d'arbres de rapport (chênes) qui développent un enracinement pivotant et étaient curieusement protégés comme bois d'oeuvre, ou bois de feu par ébranchages espacés , par l'agriculture traditionnelle.
        Ainsi se préciserait l'origine protohistorique ou gallo-romaine de l'enclos.


 
 Une somme de hasards favorables a acheminé ces indices jusqu'à nous. Pour faire court nous avons baptisé ce type de villa primitive (ou ferme gauloise évoluée) par le toponyme générique de "cassano curtis"= Le Chêne-Court, selon le nom actuel du premier site du genre que nous ayions découvert et devenu archétype dans notre courte expérience.



Autre exemple près de la via agrippa

 
 
 Pour les curieux, et pour asseoir notre propos, on peut invoquer - issue de la page concernant l'approche de  la voie d'Agrippa aux limites de la Charente - la référence au passage de la route antique  venant de St Auvent au lieu-dit la Pouge, commune de Rochechouart. Dans un environnement protohistorique non équivoque, un enclos rectangulaire de tradition gallo-romaine est révélé par un de ses avatars qui n'a pas duré plus de quelques années.

   Sous le titre "La traversée d'un ilôt gaulois", un panneau photographique montre :
      - image IGN de 1959, la parcelle rectangulaire est exploitée selon les coutumes méticuleuses de l'agriculture du début du XXe siècle. La surface intérieure d'apparence uniforme, ne montre aucun indice exploitable archéologiquement,

     
  - image de 1987, une partition interne apparaît : sous l'effet de la déprise agricole une trace transverse se révèle et barre le haut de la parcelle. C'est un ancien fossé naturellement comblé au cours des siècles et précédemment oblitéré par les anciennes pratiques agricoles.  Maintenant livré à la végétation naturelle, il constitue un biotope de choix riche, perméable et fractionné qui favorise la croissance rapide de baliveaux aux racines pivotantes. La ligne de friche a toute chance d'être ponctuée par des espèces nobles telles  des chênes, des hêtres ou des frènes.
       Nanti de quelque expérience en la matière et guidé par le contexte protohistorique ambiant, l'observateur aérien reconnaît à nouveau un enclos de type "cassano curtis" (site limousin-archeo-aero.fr, page "un desert archeologique").


 
       -  Image IGN de 2012 : abandonnée par l'agriculture et en cours de disparition sous un couvert forestier,  la parcelle revient à l'anonymat.


Analyse d'une perspective

 de la Croix des Coutis au Montélu

    Nous revenons  au-dessus  de la partie agglomérée du Chassenon actuel.

    Une photographie perspective  nous donne une vue qui va de la Croix des Coutis au nord et de la Croix de la Meule au sud jusqu'au Temple du Montélu à l'est. Un certain nombre d'indices dont nous avons déjà parlé s'y trouvent décrits et vont être à nouveau évoqués (de haut en bas).

    Zone A :

          -   l'aqueduc principal venant des Plaines, arrive au monument diviseur mis au jour par les fouilleurs (astérisque bleu),

          -  de là, un prolongement de conduite  longe l'arrière de la zone des citernes au sud. La trace s'interrompt au niveau du dernier rang, à quelques mètres de la route de Champonger ( voir photos 62 ).
          -  A ce niveau, un possible bassin de décantation et de réserve est évoqué sur une petite zone qui concentre l'humidité de façon permanente - espace vert en dépression topographique, à l'ouest de la route de Champonger -  :
                  .  sur ses trois  faces (hormis la route de Champonger) des vestiges enfouis semblent encore jouer un rôle de limite et piéger l'humidité (cf une image semblable : grand bassin du Nymphée des Lavandières de l'Aubard).
                
    A l'est de la route de Champonger, la rétention d'humidité est moins nette, aucun indice de limite n'est visible ce qui n'exclut pas cependant que le bassin ait pu s'étendre de ce côté-ci de la route actuelle.

N B :
              - Sur la vignette A, une flèche rouge signale à peine visible, une trace double sur laquelle nous avons fondé   le passage d'un itinéraire de liaison entre la voie d'Agrippa 1 de l'Aubard  et la voie d'Agrippa 2 du vieux cimetière . C'est très hypothétique !
   Dans cette zone sensible, il nous souvient  avoir trouvé il y a bien longtemps, sur  l'Etat des Sections du vieux cadastre, l'ancien nom d'une parcelle : "le Villar de la Porte". Il serait intéressant de vérifier si cela est bien exact car cette faible trace pourrait s'arrêter  précisément
ici, sur une éventuelle entrée dans l'aire monumentale.

Zone B :
                Nous évoquons la trace d'un exutoire, caniveau souterrain couvert (ou une tranchée d'infiltration) qui semble émaner du socle du Montélu et se poursuivre en large courbe dans une propriété, pour finir non loin d'une figuration évasive (bassin ?) ayant peut-être joué un rôle de puisard.

    Le Temple du Montélu aurait  pu être  partie prenante  d'une eau lustrale pour ses  rites (zone B). Cette eau aurait apparemment des vertus particulières lui permettant d'entretenir jusqu'à nos jours des traces d'humidité.


 
 
Zone D :

          -  Partant de l'hypothétique bassin de décantation, une haie arborée pourrait nous cacher un indice linéaire.
  C'est en tout cas ce que nous suggèrent en prolongement et bout à bout, deux limites de parcelles qui s'inscrivent sur une longue courbe. Dans leur descente vers l'ouest , ces limites de propriétés prennent de l'épaisseur : entre pointes bleues près de la rue des Combeaux.
 
    En arrivant sur la rue des Combeaux - regardez la vignette D - c'est l'apparence d'un mur construit et enfoui sous une épaisseur de terre, qui s'offre à nous : ses deux parements, à la rencontre de  milieux différents, guideraient des cheminées capillaires, entretenant deux lignes d'une courte végétation herbacée qui tranche sur la prairie qui les entoure.
  Au sommet de ce mur présumé, on verrait même la trace des deux flancs d'un canal
(?).
   
On notera également le recul des cultures laissant place à la trace, dans les parcelles riveraines de  droite : le paysan futé aurait ainsi évité de cultiver sur un mur !
   
  Un simple sondage ( ou l'examen approfondi du talus routier) aurait pu résoudre le problème  s'il se fût posé en temps utile aux interprètes potentiels de photos aériennes.
  Récemment, l'hypothétique  mur-limite de propriété a été arasé par un labour dans la zone situées entre nos flèches bleues affrontées et la mention D de la photo : nous ignorons si l'opportunité d'une visite a pu être saisie.


   Tout bien pesé, je continue à parier personnellement pour la trace d'un mur-aqueduc d'apparence analogue à ceux  que j'ai entraperçus non loin des Thermes
au moment des fouilles.   
    En tout cas, il y a peu de chance pour qu'il s'agisse d'une route comme cela sera suggéré par des croquis  du rapport de fouilles. Ni la large apparence très délimitée ni le tracé en légère courbe de l'indice ne vont dans ce sens (voir plus loin).

   Passée la rue des Combeaux, la trace semble bien se poursuivre dans une parcelle grossièrement triangulaire (repérée par une étoile rouge) où l'on peut détecter de prime abord deux  traces quadrangulaires incomplètes imbriquées renfermant un indice complexe. Rendez-vous sur une prochaine image.

Zone C
           -   Nous noterons sous des flèches vertes, le passage de la "longue circulation" qui court sensiblement de la Croix des Coutis aux édifices des Vignes via le Nymphée des Lavandières. Près de la rue des Combeaux ( et plus loin à l'Aubard), elle présente (ou présentait)  l'apparence d'une petite voie (voire d'un simple fossé contrôlé en rive de la route communale près de l'Aubard) dont nous n'avons guère pu apprécier la largeur  sur le reste de son cours. Sauf sur les photos 24, 27, 28 . . . au-dessus de l'Aubard, près de son arrivée aux Vignes.


           -    La parcelle repérée par un carré rouge ("le Cimetière-Nouveau") présente une trace en longue courbe mais ce n'est qu'un élément parmi d'autres, de figures complexes et contradictoires qui se succèdent au fil des aléas météorologiques. Les cultures mises en place et les traces diverses laissées par les  façons culturales, brouillent d'une façon constante toute tentative d'organiser ces indices .  Pour l'instant, nous pratiquerons ici la suspension de jugement. (Revoir cette parcelle dans de prochaines images)





Les citernes de Masfrand et les indices associés




    Sur la vignette verticale de 2013 de l'IGN  (Institut Géographique National, ci-dessus 57), les éléments en couleur claire sont des figuratifs mis en place par le Parc Archéologique pour mimer les aménagements antiques.

   On notera également que des traces linéaires disparates s'étendent, sensiblement selon le prolongement du grand aqueduc, depuis la route de Champonger jusqu'au bosquet repéré par un point rouge : aucune trace au-delà. 
   Sur cette vignette IGN, des macules circulaires vert-sombre, inégalement répartis, parsèment le reste de la parcelle (?) . Les labours accrochent souvent ici, des fondations de murs.

    Nos photographies aériennes elles-mêmes, montrent ou suggèrent des signes et des indices d'équipements ou d'aménagements dont la destination et l'organisation ne sont pas  évidentes : ils restent présent dans la mémoire, nous ne les récusons pas mais devant leur profusion, nous préférons parfois ne pas engager de commentaire à leur sujet.

   
 
 Ainsi, sur notre cliché principal 57, une ligne plus ou moins festonnée, aussi peu "romaine" que possible, barre le terrain en diagonale. Un vague indice suggère qu'elle viendrait "tangenter" le monument du Montélu avant de continuer vers le Théâtre.
  Il est difficile de la considérer comme une partie du   péribole (enceinte) de l'espace monumental voire du pomerium du Temple.
   
   Personnellement nous pensons qu'il est urgent d'attendre de plus amples détails donnés par les fouilles, pour qu'une opinion se dégage : sur la photo 57 ci-dessus, nous indiquons cette continuité d'indices par des têtes de flèche rouges, point blanc. Voir également la photo synoptique 56, secteur A.

   




Les structures
du Cimetière-Nouveau et
des Acacias





   Dans la parcelle riveraine à la fois de la rue des Combeaux et du Chemin Jules-César, une grande trace quadrangulaire entoure une trace similaire décentrée qui elle-même contient une troisième figure paracirculaire pourvue de courts indices linéaires rayonnant à sa périphérie. L'ensemble apparaît complexe et défie toute interprétation. Les traces sont  partiellement engagées sous le chemin sus-dit.

    Dans un angle de la parcelle des traces parallèles semblent s'organiser en corps de bâtiments (voisinage du repère étoile). Des lignes venant des façons culturales appliquées à la parcelle, recoupent le motif et ajoutent  des éléments hétérogènes qui faussent la perception.

    Déjà signalé : la trace large (interprétée comme un aqueduc) venant de la zone des citernes et d'un éventuel bassin de décantation, passe sous la rue des Combeaux et marque une courte trace dans la parcelle (photo 56, zone D, et ci-dessus 58).

    Les deux représentations de parcelles ont bénéficié d'un traitement informatique en hyper-contraste. Dessin s'abstenir: inutile d'aggraver l'incertitude.
                                                              - "Il est beau ton soleil, ma puce !
                                                              - C'est pas un soleil, c'est la tête de mon papa !"

N B :    Au premier plan de la photo 58 ci-dessus, sur la pelouse sèche de la parcelle qui figure derrière les bâtiments, des linéaments à recoupement orhogonal peuvent avoir un intérêt archéologique.



Le Cimetière-Nouveau - La Croix-de-la-Meule
(appellations traditionnelles)


En clair, la parcelle portant les structures inconnues - remarquez la subtile coloration des terres.
En bleu, l'arrivée d'une probable adduction d'eau venant du grand aqueduc.

En vert, l'origine de "l'étroite circulation" progressant vers le site des Vignes par le "Nymphée de l'Aubard".
En orangé, le passage d'une circulation de type traditionnel gaulois (?), entre les Croupettes et la Graine  
(ancien Moulin de la Chauffie), déjà signalé.
En rouge, la Voie d'Agrippa (1).

En orangé bordé de rouge, alternative pour une jonction entre les diverticules 1 et 2 de la voie d'Agrippa (par la rue des Combeaux).


Le Théâtre

   Vers la fin des années 1980, la découverte de faibles traces sur le site dévolu au Théâtre fut intéressante dans la mesure où toute les publications connues s'appuyaient sur des murs encore imposants  certes, mais qui n'étaient plus que les restes ultimes d'un monument festif grandiose qui - de mémoire d'homme - n'avait jamais été  vu ni décrit en tant que tel avec un recul suffisant.



Cela valait bien de tenter une photo verticale pour essayer de retrouver les dimensions d'une emprise qui s'avérait de prime abord colossale.  

   Sur un peu plus de 50 mètres, des  traces proviennent du comblement des tranchées de récupération des matériaux nobles du Théâtre antique : les blocs de fondation pour l'essentiel.    Le remblaiement hétéroclite des tranchées par le rebut des fouilles des récupérateurs, ne laisse plus percevoir  qu'un tracé courbe qui s'élargit sensiblement aux angles des murs où les blocs étaient plus volumineux.
  C'est assez cependant pour reconnaître le déambulatoire circulaire périphérique et le départ de murs radiants qui soutenaient les voûtes de la cavea, les gradins ou  peut-être, les vomitoria, les couloirs d'accès aux gradins.

     De nos jours, plus rien ne rappelle qu'il y eut ici un théâtre antique d'environ 120 mètres de diamètre : rien qu'une photo verticale.
    Nous avons restitué cette emprise partielle comme un secteur de cercle : nous ne sommes pas sûr de pouvoir éliminer complétement l'idée d'une ellipse à faible aplatissement que l'on observe plus couramment nous semble-t-il, dans les plans d'édifices des grandes villes. L'emprise en demi-cercle outrepassé n'a que l'avantage de la simplicité.
   Rien non plus ne nous permet d'apprécier l'orientation du monument sauf à penser - les spectacles étant supposés avoir lieu l'après midi - qu'il était souhaitable pour les spectateurs d'avoir le soleil dans le dos. Pour ce qui concerne les acteurs, ils  gagnaient sans doute à être éclairés  de face avec cependant le léger biais qui donnait du relief à la scène.

   L'emprise carrée partielle d'une structure massive figure en bordure du fossé de la cavea. Je m'étais jusque-là abstenu d'en faire état pour conjurer le risque d'une bourde de première grandeur : l'idée d'une loge réservée à un important personnage a été émise par l'archéologue Pierre AUPERT.

    L'emplacement d'un tel aménagement étant tout sauf quelconque et devant permettre les  vues les plus dégagées sur le spectacle, peut-on espérer en dégager l'orientation du monument ?

A titre d'essai, nous avons mis la loge du grand personnage
sur le plan sagittal du monument.

La double flèche blanche représente l'azimuth du soleil à midi vrai (la méridienne).

Et dans l'angle supérieur droit de la photo
on remarquera les restes de 5 ou 6 culs-de-four qui
soutenaient les terres du  talus terminal,
arrondi vers l'est, de l'esplanade du Montélu.
Pourquoi les a-t-on enfoui à nouveau au lieu de les restaurer ?


 


La difficile recherche  de signes cohérents


I / En haut, à gauche, signalée
par des tirés rouges sur le plan . . . 
une courte trace rectiligne  . . . (déjà évoquée) venue du petit bec  de confluence en aval des Thermes, snobant le trivium des Fonts-Chaudes . . . traverserait une mouillère déjà signalée ( teinte bleue)
:

 
   -  sur notre photo 30 (voir un extrait ci-dessous, alignement rouge)  un expert aurait pu voir avec beaucoup de bonne volonté,   un accès au Théâtre  enjambant la zone marécageuse reportée au plan en bleu clair  et figurant naturellement en vert léger sur la photo.

    - ce chemin éventuel aurait pu téléguider une trace pertinente dans le paysage actuel dont  comme ici,  une limite de propriété en chicane (tracé en baïonnette)  : pointe de flèche noire, étoile rouge, un cas fréquemment rencontré.

Or le plan archéologique ci-contre ignore cet indice : le report est décalé et se trouverait ainsi en porte à faux  porte-à-faux vis à vis du parcellaire :

   alors, d'où vient l'information ?   ( Au plan et sur la photo : pointe de flèche noire avec étoile).

   On remarquera la pertinence de ce type d'indice en observant le départ de la voie des Quartiers et du Clos-Beaudut, à peu de distance du "Nymphée de l'Aubard" : le passage de la voie a généré 2 baïonnettes successives dans le tracé des limites parcellaires coïncidant probablement avec d'anciens chemins agricoles.
 

     Ici par contre, nous sommes probablement devant une gesticulation gratuite.

   Car l'incohérence explose quand le plan des archéologues indique la  rue prétendue s'engageant sous les ruines et traversant le Théâtre !  S'est-on seulement aperçu de l'ineptie ?    
    Photos 12 bis . . . 12 ter . . . également.


    II /  
Il en est de même à droite, en haut de la reproduction 61 :  sous une surimpression jaune, un possible passage ancien   qui  pourrait se poursuivre vers la rivière Vienne : nous n'avons trouvé aucun aucun document  qui accrédite ici une voie construite ; nous sommes au niveau de l'hypothèse gratuite !

     Cependant si l'on devait voir ici un quelconque indice il faudrait se décaler vers l'ouest (la gauche) de quelques dizaines de mètres pour qu'une limite de parcelle prolongeant une des branches du trivium antique, nous oriente vers le fond de la vallée de la Vienne (au nord).
 
   Il faut cependant savoir que des hauts-fonds plus ou moins propices
à un passage à gué existent sur la Vienne  jusqu'à Chabanais (voir les photos de l'internet qui permettent de temps à autre, de repérer ces zones marquées sur l'eau par des friselis) mais ils n'apparaît pas que ces endroits aient été exploités systématiquement pour des passages à gué "institutionnalisés".
   On repèrera  sur le vieux cadastre  que le gué de Pilas pouvait être opérationnel en 1833. Il tomba sans doute en désuétude quand il fut
"ennoyé" par la création du barrage du moulin, édifié probablement fin XIXe ou début du XXe siècle.
   En effet, si l'on se fie à l'ancien cadastre de 1833, le barrage actuel n'existait pas. Seule une bâtisse,  sur la rive droite de la Vienne (Commune d'Etagnac), pourrait représenter un moulin fonctionnant au fil de l'eau.

 Nous pourrions donc avoir là de possibles itinéraires de circonstance  sans grand intérêt : de leur propre aveu, les anciens du XIXe siècle (et début du XXe) qui se déplaçaient à pied, connaissaient ainsi une multitudes de passages qu'ils appelaient des "dressières" (des raccourcis).


   III /   A gauche, au plan, sous une surimpression verte, des structures - probablement bâties -  découvertes par l'observation  aérienne, entre le Chemin Jules-César et la rue des Combeaux. Elles sont ici reprises par l'analyse géophysique et ainsi débarrassées du bruit de fond perturbateur de la façon culturale trop présente sur les photos . Mais traité en miniature, le dessin est malheureusement illisible.

   La mise en regard d'un agrandissement photographique de la photo 58
et du relevé à même échelle du relevé informatique (géophysique), aurait été du plus grand intérêt . . .
pédagogique, scientifique, didactique : belle occasion manquée pour approcher la vocation d'un édifice
dont le plan  évoqué défie toujours  les bons connaisseurs en édifices du monde antique.

  La pénétration d'un indice incontournable, traversant la rue des Combeaux,
perçu par nous comme un mur affleurant par sa signature dans les terres agricoles
et suggéré comme un possible aqueduc, n'a pas été appréciée.
(Rappel photo 56)

  Par contre, à une dizaine de mètres, le plan 61 ci-dessus montre comme une voie antique
 une courte  trace (tête de flèche verte, point rouge) provoquée par le  passage répété d'un tracteur
qui exploite les champs voisins .

 D'ailleurs, la photo synoptique 56, secteur D, près du hangar blanc précisément,
montre la trace agricole s'abouchant à une sortie charretière sur la rue de Combeaux .

Ainsi toutes les mauvaises occasions sont bonnes pour parer les traces linéaires morcelées éparses dans le paysage agricole  actuel, d'une origine  prétendue antique.

      Ce dernier secteur agricole n'existe plus, il est devenu  terrain d'habitation.


    IV /         Encore des "circulations" abusives

   A droite du plan, sous une autre impression jaune, une ligne courbe  (évaluée grossièrement dans sa forme, voir la photo 62 et les copies de plans 12 ter et 61) traverse  la pente du terrain. A la linéarité près, ce genre d'indice correspond  souvent au nivellement du rejet d'une petite faille.
    (Voir les restes en surface de la faille de la Merlie traversant le vignoble de Verneuil-sur-Vienne (87) et recoupant au même endroit la Voie d'Agrippa en route vers Chassenon.
Voir également deux traces résiduelles de micro-failles en
concordance d'orientation  sur l'oppidum de Villejoubert 87).

   Autre origine encore et parfois, les restes aplanis d'une accumulation de la colluvion de versant sur une ligne de blocage ( ancienne haie, lisière de bois ou ancien bâti . . .).
    Ainsi, on pourrait retenir l'image classique d'une limite agraire disparue mais qui aurait suffisamment perduré pour créer une banquette de culture maintenant arasée mais lisible par la teinte des terres.
   A ce propos et en signe concordant ,
à l'ouest, à notre droite donc (photo 61), on observe le dégradé de la ligne d'amont qui rend compte de l'épaisseur progressive des dépôts jusqu'à la ligne d'arrêt qui doit sa précision à la présence d'un obstacle disparu.
     En tant que tel, cet indice ne correspond pas à une trace de voie qui se serait alors manifesté autrement.

  Cependant (rien n'est simple !) une très courte  et très faible trace, non répertoriée sur le plan, d'un possible ancien chemin, 
circule quelques mètres en aval du dépôt en direction de la patte d'oie des Fonts-Chaudes (photo 62). On ne peut la rattacher à aucune  structure.

   V /  Sous impression rouge et pour mémoire, figurent les rigoles d'irrigation du Pré de Longeas, prises pour des  "voies (navigables ?) antiques"  et citées plus haut  (photos 12 bis et 12 ter). 

  VI /  Et au bas du plan, sous une autre impression rouge, il est relevé la trace d'une voie courbe qui part des granges de Longeas et  traverse la parcelle en diagonale vers le site des citernes de Masfrand : en fait de voie romaine, nous verrons qu'il s'agit encore du passage répété d'un tracteur agricole qui à chaque fois, marque sa trace différemment selon les circonstances météorologiques du moment (voir plus loin, photo 67 et nos commentaires).

  VII /    Toutes zones.
             Les indices parfois très furtifs portés par les écrans de la géophysique (tracés verts), suggèrent une analyse  difficile .    Leur interprétation par des archéologues spécialement formés, tempère leur précarité.

     L'archéologue généraliste par contre, achoppe aux mêmes difficultés que dans  l'utilisation des photographies aériennes :
  •   les indices qui proviennent de structures archéologiques enfouies d'une part (lignes droites, recoupement orthogonal, longues courbes) sont trop systématiquement répertoriés hors de tout bon sens, comme des voies sous le nom de "circulations" (traits verts et rouges), aucun réseau ne s'échafaude sur des indices disparates et ainsi fractionnés hors de toute continuité,  même en y mettant un maximum d'imagination !
  •  des indices qui relèvent de la géologie ou de la pédologie (état,composition des sols) ne sont pas suffisament "filtrés" par les "scientifiques" : sur des sols très anciennement remaniés par les éléments naturels; leur foisonnement comme des "vibrions",  créé la plupart du temps un inutile effet de fouillis. 
  • On regrettera néanmoins l'indifférence  envers  ceux qui apparaissent comme des structures étoilées ou des marbrures plus linéaires et de largeur variable selon les aléas météo, dont nous avons appris (sur ce site même et par recoupements avec d'autres )  qu'ils peuvent trahir des gîtes de rétention d'eau en observant que deux d'entre eux sont en fait et respectivement :
                       - à la source du ruisseau d'Epenèdre d'une part 
                       - et une source diffuse tributaire du ruisseau de Longeas d'autre part.
  •  Pourquoi sont-ils  ignorés comme tels ? 


La Table de Peutinger :
 un routier d'origine antique



Quiconque a approché l'archéologie des voies antiques  connaît la Table de Peutinger,
copie retrouvée il y a 500ans d'un document routier antique.
A son examen, on prendra facilement conscience que le terroir de Chassenon sobrement évoqué,
est infiniment plus petit que la maille d'incertitude du vénérable canevas, 
au mieux taillé pour une province,
sinon pour un empire !
(Site "limousin-archeo-aero.fr", page "augustoritum")

Pour toutes les raisons suggérées plus haut et ci-après, ce document a mauvaise réputation dans les cénacles savants.
Nombre de nos plus grands historiens nationaux de même que de très actifs  chercheurs locaux,
en ont récusé l'intérêt pour s'y être perdus corps et biens ,
faute d'avoir pu y retrouver jamais la trace de leurs intimes convictions !

Dans cette optique, le site de Cassinomago-Chassenon supporte sa part d'ambiguité avec
- en première approximation -
une voie qui s'échapperait du vicus vers l'ouest pour "monter" vers Aulnay  (Avedonnaco),
 via Sermanicomago (?) avant de "redescendre" à Mediolanum (Saintes).
Malgré des propositions non démontrées ou des études inabouties,
voici un déroutement qui  pourrait bien n'être . . . "déroutant" qu'en apparence :
ce qu'il en coûterait de ne pas avoir senti les latitudes trop compressées  du vieux document.
Et de ne pas avoir compris un artifice tendant à y loger à grand-peine 
 le chemin  de Poitiers / Lemonum à Saintes / Mediolanum !

Quant à nous, nous revendiquerons prudemment
 d'avoir pu reconnaître sans trop d'ambiguité, sur cette vieille carte de l'Empire
et
aux limites connues de la ville d'Agustoritum,
les bifurcations prévues  aux entrées et  sorties
d'au moins deux  grandes voies précoces qui irriguaient notre ville antique :
la voie est-ouest, axée 
sur St Priest-Taurion / St Just-le-Martel / Limoges / Chassenon - voie de Lyon à Saintes -
et  la voie nord-sud, Bessines / Limoges / Nexon - de Bourges à Périgueux et à Bordeaux.

Rendant ainsi et selon les époques, au Pont-St-Martial , à la Croix-Mandonnaud (étendue au Carrefour Beaupeyrat),
à St Pierre-Maison-Dieu et au passage de Vienne aux Casseaux,
leur dimension de portes majeures de la ville gallo-romaine indiquées par la Table.
Sans oublier la vocation tardive de noeud routier du Bas-Empire, qui semble  coller étroitement
au site du grand Amphithéâtre des Carmes.

Il fallait simplement pour s'en rendre compte
abandonner provisoirement la démarche centrifuge et
prendre l'option  de venir avec suffisamment de certitude,
par les voies de la campagne profonde,
vers le site de la ville antique.

Sachant bien qu'entre les mailles de ce réseau de voies impériales,
il a existé - et nous nous en sommes assuré sur quelques dizaines de kilomètres -
d'autres voies de dimensions  importantes,
mais non répertoriées par le vieux document comme issues possiblement 
d'une initiative provinciale (?).

 Et dans cette circonstance, faute d'être jamais descendue sur le terrain pour à la fois découvrir
et se
confronter à la doctrine du corps légionnaire du Génie,
notre archéologie contemporaine n'aurait  pas  pris conscience des soins que l'on prît - manu militari -

pour assurer la fluidité des parcours

du messager, du soldat, du collecteur d'impôts, du roulier et du marcheur de fond  de cette haute époque.

Et dans un paysage rural en évolution, faute de s'être colleté à temps aux pratiques agricoles
et aux aléas paysans
, la "reconnaissance des formes" - des fossiles aux plus modernes -
est toujours restée un mystère 
. . .

Vous n'y croyez pas ?

Si vous en avez l'occasion, consultez ce plan global publié en 2012
dans la revue
savante et de prestige dont nous ne cessons de parler.
Et enlevez à ce canevas les  références explicites à des voies antiques et à des apparitions nouvelles,
que j'ai pu montrer
par des photos aériennes,  dont une petite partie illustre cette page . . .

vous obtenez quoi ?

Quatre 
ruines  immobiles au milieu de nulle part !

Sous des fouilles  pourtant minutieusement ciblées,
la précarité des restes  monumentaux se montre impuissante à  suggérer
autre chose que l'idée d'une très ancienne et improbable "capacité fonctionnelle"
qui en appellerait davantage à l'imagination qu'au labeur méticuleux et contrasté des fouilleurs.

Comme une impression que Cassinomagus n'en finit pas de mourir . . .



IMAGES

pour une visualisation des indices et
une recherche complémentaire. 





Images en vrac



Dans la seconde partie de la décennie 1970, l'image montrait déjà la face nord-est du péribole du Montélu
et un raccord (colonne carrée ?) avec l'arrondi de l'esplanade.
On repérait sur  ce tertre, la faible trace d'une construction  avec une dépression ou  fosse centrale.

Les indices sont recueillis grâce à un labour émietté en cours de ressuyage.
Le fort drainage des souches de murs et les restes de mortier, colorent la terre et l'assèchent, restituant une couleur claire.
Les parties restées sombres sont significatives de trous, de puits ou de dépressions comblés d'éléments meubles
qui conservent temporairement puis libèrent lentement un surplus d'humidité.
Autre élément construit dans l'angle inférieur droit du cadre rouge.

De tels indices s'estompent rapidement dans les  heures qui  suivent la façon culturale.




 

























Photos panoramiques

  Il y a infiniment de choses à tirer des deux clichés pseudo-panoramiques qui suivent : il y faut seulement une très bonne connaissance de l'environnement paysager de Chassenon, et suffisamment d'imagination et d'expérience pour entrer dans une problématique aux multiples facettes. Un zeste d'érudition ne messierait pas.
  Le haut du versant de la vallée de la Vienne exposé au nord paraît avoir été densément occupé aux époques qui nous intéressent : affleurement du bâti dans les labours, populations de noyers, grands enclos quadrangulaires etc . . .





Aperçu de voirie urbaine






Le chainon manquant : la voie de  Pilas

  Des recherches

   Il n'y a pas si longtemps encore, j'avais renoncé à formuler une hypothèse plausible du tracé d'une voie antique entre  Chassenon (?) et le passage d'eau  de Pilas sur la  Vienne.
   En bonne logique, le départ d'une voie par le trivium des Fonts-Chaudes ne faisait pas  problème. Mais très vite, tout se compliquait car une longue fréquentation des travaux des ingénieurs romains m'avait convaincu qu'ils ne faisaient pas n'importe quoi et appliquaient tout au contraire, des règles très strictes. Dont des virages en très longues courbes.

   Pourtant j'avais observé sporadiquement, sur le cours de la Vienne, deux hauts-fonds qui jalonnaient une ligne parallèle au barrage de l'ancien moulin, en aval de la chute.
  Ce pouvait être les piles extrèmes du pont romain, le Pont de Pilas. Et je retrouvais ces détails très nets,  sur les photos aériennes de l'internet mises en ligne par l'IGN.

  Pardi ! On avait construit ce barrage en prélevant ce qui restait de pierres de l'ancien pont romain et on avait ainsi économiser le transport.
   Mais j'avais tout faux ! 

   Car dès lors,  rien n'était plus conforme aux règles appliquées par les voyers romains :
             - la trace présumée du pont se présentait avec un biais très important par rapport à la rivière : cas  unique selon mon expérience si l'on excepte à 30 kilomètres en amont, le Pont des Piles (commune de Verneuil sur Vienne) qui présentait une obliquité moindre.
             - en rive gauche, le pont aurait été  implanté au beau milieu de la confluence avec le ruisseau d'Epenèdre et l'on pouvait redouter ici un endroit difficile d'accès, particulièrement exposé aux crues et suffisamment vaseux pour interdire d'y implanter la culée d'un pont. 
             - enfin, pour aborder finalement en cet endroit, la voie venant de Chassenon aurait eu à  franchir un voire deux  ruisseaux  : il y avait mieux à faire probablement.


La réalité enfin découverte à l'assaut des apparences.




Le dégagement de 3 piles du pont antique
et la voie de Pilas


 

  Heureusement, des travaux récents de réhabilitation de la chute d'eau sur la Vienne et le remplacement de l'ancienne usine électrique de Pilas, ont permis de mettre au jour à partir de la rive droite de la rivière, la base de trois piliers qui fixent désormais avec certitude l'axe de l'ouvrage.
      Des observateurs aussi compétents que Bernard FABRE et Laurent PELPEL  ont surveillé ces travaux pour le compte de l'Association des Amis de Chassenon : l'origine antique des restes de piles a été confirmée par l'observation rapprochée des gros massifs  qui les composent, reliés entre eux par des agrafes métalliques serties d'un bloc à l'autre dans des mortaises et  scellées au plomb. 
   La vignette sur fond blanc d'un document dressé à cette occasion par Laurent PELPEL met un point final à nos interrogations :
documents
n° 65 bis, 66 et la suite, ci-dessous. 



 Dès lors et à partir de là, la trace de la voie antique s'inscrit dans une logique hydrographique imparable.

Entre la Vienne - au vieux village de Pilas - et la ligne de crête qui porte
l'ancien chemin de Chez-Raymondin et de Salles, la voie circule en tout ou partie,
sous un couvert forestier jalonné par l'accompagnement botanique
coutumier des itinéraires antiques.

Sortie du bois, la voie monte vers nous dans l'axe de l'image. On distingue de droite à gauche,
au centre de l'image, une formidable cépée de saules
alimentée en eau par les restes du radier de fondation qui vient du haut des terres où nous stationnons,
 puis le bombement résiduel de la chaussée antique.

Et une énigmatique clairière correspond probablement à un bas-côté raviné.



   Dès lors, on peut remonter la pente : la voie antique issue de l'atterrissage de rive gauche, part de l'ancien hameau de Chez-Pilas.
 
   Perpendiculairement à la rivière, un chemin est toujours là.  
   Sur la fin de la terrasse alluviale, avant le pied de la forte pente, il devient allée de vieux chènes : ce n'est pas l'effet du hasard, nous avons fait sur ce sujet beaucoup de remarques.

   Dès lors il nous suffit de rappeler une partie des observations que nous avons pu  faire en continu sur plus d'une centaine de kilomètres de voies antiques : des arbustes choisis dont nous cherchons parfois les affinités cachées mais qui sont toujours là où on les attend, des bosquets reliques plus ou moins allongés et des dépotoirs laissés en place car ils ont découragé des générations de laboureurs, des subtilités topographiques, des mouillères inattendues au bas des pentes, alimentées par la longue et profonde  chaîne des  radiers d'ancrage des vieilles chaussées . . . (photo 66 bis).
 

   Ce parcours qui évite toutes les têtes de source du voisinage, est encore marqué en sous-bois par des limites de propriétés et s'inscrit sur l'épaulement est d'un interfluve.    Une débauche de fragon le jalonne étroitement accompagné de houx. D'autres témoins seraient sans doute perceptibles sur différentes lisières que nous n'avons explorées que de loin.

   Finalement, une lanière de friche-témoin impénétrable (rebut de culture : houx, fragon, genêt . . . blocs de roche) d'une quinzaine de mètres de large et de 150 m de longueur aboutit sur le chemin de Chassenon à Chez-Raymondin et met un point final à la montée depuis la Vienne. Ce tracé est noté en trait rouge continu ponctué de triades de points verts pour rappeler la présence d'arbustes-témoins. Les triades de points rouges signalant la présence roulante de pierres et de blocs.
 
   Nous avons évoqué plus haut et par anticipation une liaison (possible/probable) avec la voie de l'Aubard au niveau des Ecrotas et des Quartiers.

  Envoyer de surcroît en droite ligne une autre branche de cette voie de Pilas passer la Graine au site du Moulin de la Brousse   est  resté quelque temps dans notre esprit, du domaine de la simple supposition : au surplus, rien ne nous permettait de mettre le pont antique de Pilas à sa place, le monument lui-même restait un mythe .
  La prise en compte du site ancien des Chevades (en Limousin : décaissements routiers antiques) et la surveillance des travaux de rénovation de l'usine électrique de Pilas, ont redonné du corps à cette hypothèse.

  Ici, les époques se télescopent : le trivium des Fonts-Chaudes est manifestement court-circuité bien qu'il ait pu vivre plusieurs vies.  
  
 
 Finalement et après une longue période de maturation, les deux hypothèses évoqués plus haut ont pris corps et constituent par leur bonne intégration dans ce que nous connaissons du milieu, deux directions intéressantes par leur forte charge de véracité mais elles restent cependant à valider sur le terrain et éventuellement à affiner.

  La construction de l'espace monumental de Chassenon vers le second siècle de notre ère, en flanquement d'un vicus routier traditionnel déjà en place depuis plus d'un siècle comme relais  sur la voie d'Agrippa, a bien pu brouiller les itinéraires des origines.

Photos 6, 6-1, 6-2, 6-3 et 6-4.

Restons donc sur  l'éventualité assez fortement charpentée qui est décrite beaucoup plus haut dans cette page,
autour des indices portées par les photos  de 6 à  6-4 :
 depuis la traversée du Chemin de Chez-Raymondin, un passage

par la  tranchée routière de la Grande-Pièce.
Un itinéraire qui se poursuit par la proximité du Château de la Brousse,  la Planche du Moulin,
 les terres des Chevades et le voisinage
du village de la Judie (emplacement visé par la météorite dit-on ?)
jusqu'au noeud routier de Fonceverane dont nous reparlerons peut-être.


Le chemin tardif du gué de Pilas
par le Moulin d'Epenèdre.


   Laurent PELPEL fait figurer sur son document, la trace d'un ancien gué encore en usage en 1833 (cadastre napoléonien de Chassenon, section B dite de Salles et Machat).  

   Dès lors que la trop stricte doctrine romaine était devenue caduque, ( longtemps après la ruine du pont ) ce dernier détail redonne une large véracité à ce nouvel itinéraire - autour duquel nous nous sommes posé beaucoup de questions.
  Probablement tardif (Bas-Empire), il prend son origine au trivium des Fonds-Chaudes. Il est toujours 
praticable jusqu'aux sites actuels de Chez-Raymondin et de Salles.
   Plus bas, il traversait le ruisseau d'Epenèdre sur une chaussée surélevée  qui servira plus tard de base (postérieurement à l'an mil ! attendons l'invention des moulins à eau !)   à la création d'un petit étang et de son moulin. Sur nos vieilles cartes IGN (levés de 1976) et sur le cliché de 1960, un arbre isolé et le tracé en chicane d'une ancienne haie
(derniers signes en date) pourraient témoigner de ce tracé de hauteur.

  Ainsi dégagée du ruisseau d'Epenèdre et de sa confluence avec la Vienne,  la nouvelle route tardive a pu aborder sans difficulté l'atterrissage de rive gauche d'un gué, situé en amont de l'ancien pont antique ruiné.

  On peut penser que ce nouveau passage d'eau a connu de très nombreux siècles d'usage.





Plaidoyer pour une approche responsable
du tracé des chemins antiques

   Renouvelons dans un court inventaire,
pour ceux qui n'auraient pas eu le courage de lire la trentaine de pages qui précèdent . . .
quelques-uns des mille et un détails qu'il faut absolument maîtriser si l'on prétend rendre à des sites comme Chassenon une vocation routière antique mise à mal par des tracés fantaisistes et de haute incertitude que nos photos aériennes n'ont pas réussi à endiguer !

. . .  nos deux sites  n'étant essentiellement qu'une seule et longue démarche de redécouverte
 des jalons  subsistants de quelques grandes voies romaines majeures
du nord-ouest limousin et marchois.


    En Limousin, sur les prairies et les rares cultures, les traces laissées par les chemins antiques - les voies romaines -  se signalent sporadiquement tant par les variations de contraste induites  par les lourds travaux que leur création puis leur démantellement ont nécessités que par les bouleversements qui conduisirent finalement à leur quasi-effacement au profit de l'espace agricole.
    Les réserves d'eau qui s'accumulent dans les terrassements anciens comblés naturellement, prolongent en période de sécheresse, la croissance herbacée des céréales générant des contrastes colorés et par ombre portée.
    Les plantes cultivées en nappe (céréales) et  à un degré moindre les prairies ou des cultures en billons serrés, peuvent montrer une hyper-sensibilité étonnante à une imprégnation chimique infime  des sols remontant les millénaires et qui se traduit ponctuellement  par une croissance différenciée des végétaux en taille et en colorimétrie, au droit des aires de repos et d'attente des voyageurs antiques par exemple.
    Dans les déclivités, la collecte de l'eau par le fond des anciens fossés ou les radiers d'ancrage des chaussées, génère des pseudo-sources au pied des pentes souvent transformées en abreuvoirs voire en captages assez vite abandonnés pour l'inconstance de leur approvisionnement.

    Toutes techniques de prospection mêlées, après les longues séances de recherche aérienne, moteur au ralenti, "suspendu par la peau des dents", en maraude comme un voleur, c'est finalement au sol en toute humilité et  bon sens, dans les halliers , les venelles et les labours qu'il faut aller rechercher des liens entre des indices trop vite aperçus, les retrouver et créer ainsi la signification  du cortège des détails petits ou grands qui vont se suivre et s'éclairer mutuellement.

   Dont le tout premier, évidence rarement signalée, consiste à chercher les dépôts de pierres.

     Des blocs cyclopéens étaient approvisionnés par trainage (aucun chariot n'aurait résisté à des blocs de 2 tonnes) de provenance lointaine que seul un géologue pourrait éclairer.

     Ainsi de véritables chaos souvent cachés par la friche, se retrouvent à intervalles variables au long des voies,  montrant différents stades de préparation des matériaux d'oeuvre : blocs en attente à peine fractionnés, hautes margines, blocs d'ancrage et de drainage, pierres éparses (40/60), gros granules et galets   des surfaces roulantes. Il n'est pas rare que dans l'environnement du chantier, on observe de nos jours des délaissés de culture ponctuels qui subsistent ça et là au milieu des champs. Ils sont centrés sur des blocs abandonnés par les pourvoyeurs pour des raisons diverses : approvisionnement excessif et non souhaité, changement d'époque et de pratiques routières . . . Les paysans  d'hier et ceux d'aujourd'hui  les tolèrent toujours, tels des obstacles qu'il est plus facile de contourner que de déplacer.
     Ces restes abandonnés témoignent - les grandes voies romaines de la conquête ayant fait leur temps - d'un nouveau réseau moins audacieux et moins somptuaire qui se mettait en place dans un paysage qui avait changé : le  premier maillage posé par vainqueur romain sur l'espace gaulois, entrait à reculons dans l'histoire. A bien des égards, il y est toujours !

     D'autres remarques en appellent - nous l'avons dit et redit dans le cours  de nos deux sites internet - au repérage d'un nombre important d'espèces arbustives qui vont jalonner les chemins antiques pour des raisons diverses où la silice, l'azote voire les niches de calcaire importé, ont leur influence. On y reconnaîtra le fragon et la fougère en passant par la ronce et l'ortie !  Et le sureau qui prolifère encore et toujours sur les déjections humaine (et porcine, voyez l'environnement des élevages  traditionnels s'ils existent encore). Mais pour apprécier la constance de la remarque interrogez également l'entourage arbustif conservé dans certains villages, autour de "la cabane au fond du jardin" !
    Ou encore le chêne isolé dans son insolente frondaison, le frêne vivace, l'érable champètre, le coudrier et le saule en cépées plusieurs fois centenaires et d'autres espèces opportunes . . . dont le genêt et l'ajonc épineux (dans les zones ensoleillées !).

    Tempérez cependant l'intervention de botanistes aussi savants qu'envahissants qui pourraient vous recommander - brodant sur l'échelle du temps - la stellaire holostée ou la renouée persicaire (cul-cousino) de courte mémoire, sur les vieux chemins ombragés des pâtures . . .  ou bien vous inciter à grimper aux arbres pour mesurer la queue des glands, arguant de la prépondérance du chêne pédonculé sur des tracés antiques présumés en campagne profonde (?).

    A ces indications   nous pourrions encore et à nouveau  ajouter  ces  vieilles  fermes  dont  quelque élément du bâti, rompant avec les orientations de la planimétrie environnante, semble tenir cette assise d'une cause incertaine qui s'avèrera - à l'enquête - être la sole compacte et solide d'une vieille voie  qui passait par là et dont une partie  aura été réutilisée sur place, "phagocytée" en éléments de construction depuis des siècles : lieux-dits l'Auberge de St Bonnet-de-Bellac, la Garde de Roussac . . . innombrables gabies, bories (cabanes de bergers ou de vignerons) de plein champ et dans une mesure certaine mais totalement inattendue, l'orientation du bâti autour de l'atterrisage de rive gauche du Pont-St-Martial à Limoges, restitué de l'antique à la fin du XIXe siècle ou aux débuts du XXe.

    Et nous avons fait  souvent et nous ferons encore, des allusions lourdes et toutes particulières comme ci-dessous (panneau photos n° 43) aux fameuses tranchées routières que les voyers romains creusaient pour fluidifier leurs parcours en amortissant les ruptures de pente.

     Et nous aurons garde de laisser là cet inventaire avant d'avoir invoqué la phobie des ingénieurs romains s'éloignant de longue main,
à respectable distance des têtes de sources et des zones de mouillères et tenant leurs voies loin du cours parallèle des ruisseaux et rivières, même de faible importance,  en circulant sur le haut des terres.
 
Cette remarque éclaire les tracés de voies descendant vers les gués à flanc de vallée
sous de fortes pentes, abordant le cours d'eau perpendiculairement au fil de l'eau
et se reperchant au plus court, vers la nouvelle ligne de crête.
Dans le souci constant cependant de préserver au maximum
le cheminement en ligne tendue : du grand art.

    Tous indices  dont l'éclectisme a  dévoyé nombre d'archéologues, provoquant des enquêtes disparates , tantôt grossièrement  localisées ou au contraire trop ponctuellement ciblées, tantôt centrées sans suite sur une courte anecdote, ou  égarées sur le premier diverticule venu et vite abandonnées sans qu'un site terminal totalement disparu mais topographiquement préparé (ferme ou habitat gaulois) ait  pu dessiller le chercheur . . . .
   Et souvent  des considérations spécieuses ou très postérieures à l'antiquité, sont prises pour d'infaillibles recettes : pérégrinations des saints et lieux-dits dont la toponymie est abusivement sollicitée, aussi bien que le tracé des limites de paroisse
(devenues limites communales) . . . mises trop systématiquement à contribution  au prix de pseudo-itinéraires abondamment chantournés.
   Tous comportements trop impatients  et désordonnés, étrangers à toute recherche pérégrine vécue et mûrie, pour que la  répétition des  signes  soit perçue  dans  un sens historique.

   Le recul donné par l'observation  distante de l'aviateur  permet au contraire d'élargir la perception et d'inscrire des découvertes d'indices présumés dans une continuité. Les contrôles au sol habilitent ainsi des trouvailles variées qui deviennent alors extrèmement précieuses et permettent bien souvent de pallier les masques, les hiatus et les manques, au point de rendre le recours très dispendieux à l'avion  de moins en moins moins nécessaire en raison de l'expérience acquise.
   Jusqu'à la prochaine perte de contrôle et à la nécessité de se retrouver en vol pour chercher une suite par de nouveaux  repères.

  Sont encore et parfois abusivement invoquées les Maisons des Hospitaliers  ou des Ordres guerriers de toutes obédiences, qui se créèrent dans le prolongement des Croisades , toutes  vouées au secours temporel et spirituel des voyageurs : "La Commanderie", "L'Hôpital". . .
    Ces initiatives virent le jour  au plus tôt 1200 ans après le début de notre ère chrétienne.  Un demi-millénaire d'incurie pour le moins, avait définitivement ruiné les grandes voies de la conquête romaine  et la plupart avait disparu.
   Ces haltes équipaient
maintenant d'autres routes qui n'étaient plus que  des pistes précaires,
mal entretenues, desservant des lieux nouveaux  et plus ou moins soumises aux péages de potentats locaux.


 Tant sur le long cours que sur des sites ponctuels, on voit combien le seul recours aux sondages, à la fouille  ou aux  "intimes convictions" hautement aléatoires, peut anihiler comme à Chassenon, toute tentative sérieuse de s'essayer à la  restitution éclairée d'un paysage viaire antique.


De la protohistoire gauloise à l'antiquité finissante :

 
Chassenon dans ses grandes lignes



Attentes et . . .  déconvenues.

  En 2012 donc, au terme d'une dizaine d'années de fouilles, les archéologues ont rendu publics leurs résultats par le canal d'une revue de référence et de prestige à laquelle j'ai emprunté par des extraits de plan, des détails notoirement abusifs et déviants, vis à vis des mes documents photographiques illustrant peu ou prou, la réalité des mêmes scènes sur le terrain.

  C'est ainsi que raisonnablement informé par une vingtaine d'années de recherches aériennes sur le site, complétées et   éclairées par des contrôles au sol, j'ai su dès la première page de couverture reproduite ci-dessous (67),  que je n'étais pas le seul à avoir été trompé.

  Par ailleurs et par égard au service rendu,   il m'avait semblé   que le tirage à part "Chassenon" de cette revue de référence
aurait pu m'être offert en raison de la mise à disposition des images de la prospection aérienne, une démarche
que j'avais voulue gratuite par déontologie.
   
  Cependant, poussé par la curiosité, j'ai acquitté les 20 euros qui m'étaient demandés. 

 Je découvrais ainsi que la probité et la conscience professionnelle d'une équipe n'avait pas suffit à masquer
la désinvolture de quelques-uns.


          Des vues d'artistes

   Quatre scientifiques aussi improbables qu'inattendus dans un essai de vulgarisation, avaient pris en main . . .
la création de la première page
de couverture de la revue savante
.
   Au vu du résultat on constate que la partie centrale de mon document (mosaïque n° 30) a été gardée et agrandie.
   De prime abord, je ne pouvais qu'être flatté.

    Mais il y avait sans doute mieux à faire de mon "oeuvre" que de l'assombrir  sous une teinte d'un beau violet épiscopal (document ci-contre).

Car, selon l'équipe responsable et dans le même temps, j'apprenais  que cette manipulation,
  s'appelait  dorénavant une "mise en lumière".
On avait déjà eu
"cette obscure clarté qui tombe des étoiles !"
Merci Corneille !

Pour faire croire à la réalité de leurs exploits,
on trouve des poètes capables de tous les ornements !


     Après quoi, les auteurs ont  répandu sur le document, un relevé  provocateur, comme un jeu de "Mikado" dont on n'a pas manqué 
bien évidemment, de préciser qu'il s'agissait d'un  . . .
" Dessin Assisté par Ordinateur ",   (DAO).

   Que l'on se rassure, cette invocation de la machine informatique est loin d'être une garantie : l'ordinateur est  un instrument, comme autrefois la plume d'oie, le tire-ligne ou la plume "Sergent-Major".

   Et contrairement à ce que la surenchère verbale voudrait nous faire croire, il n'y a à ce niveau d'utilisation passive, aucune intelligence ajoutée : nos instruments sont sans défense, ils "assistent" avec la même indifférence les sages et les fous.

   Mais le report aberrant, ou simplement fantasmé de certains éléments  du cliché vertical, dénature un travail qui aurait pu être  suffisamment évocateur tout en restant dans les normes d'une indispensable  probité scientifique.
    Ici, quelques réalités incontournables apportées par les photographies aériennes sont  évacuées gratuitement dans une évidente décontraction (on n'ose pas dire de "je m'enfoutisme" !)
   Et il serait peu charitable de revenir sur d'autres fioritures indigentes !

   Nos censeurs ne pourront pas prétendre que la réalité des images ait été écartée au motif que ce qu'elles montrent ne correspondraient pas  aux archétypes  coutumiers révélés par les fouilles ou "sanctifiés" par la littérature.  Tant elles illustrent parfaitement et sans ambiguité des choses déjà connues ailleurs !
 
   Moyennant quoi j'en  arrive à ne plus supporter  que l'on vienne - et je rage de l'avoir permis par le passé -  me réclamer comme un dû des  documents, au prétexte qu'ils peuvent servir l'histoire de Chassenon alors que je les vois utilisés en dépit de tout bon sens :

 voir en jaune, le Théâtre antique toujours cartographié a minima depuis plus de 10 ans,
 sous la forme  incongrue d'un abattant de WC ! (67),

voir encore, en vert, des voies bien attestées
mais reportées - comme par dépit - loin de leur place  indiquée par les photos aériennes.
Sans souci d'un constat   - remarqué par l'effet d'un bon sens minimal -
qui  trahit  un décalage chronologique entre ces voies qui se superposent.

Et j'aurais honte d'attirer à nouveau l'attention sur l'idée saugrenue d'un bassin  antique
que rien n'accrédite : remplissage et enfumage.

Accessoirement, la partie gauche de notre document (inscrit dans un ovale : cela devient une obsession !)
montre la  trace d'une petite voie tardive
(pointes de flèches rouges) qui court en réalité
du carrefour fossile de Longeas vers la zone des citernes .
Ce que dénie le report en vert sur le plan n° 67 !

Plus sérieusement, non loin, on se souviendra des passages répétés du tracteur agricole de Longeas
qui érodaient la pelouse .
Sur notre petit
cliché ci-dessus , pris après un épisode humide,

il a suffi d'un seul passage pour marquer fortement une ornière dans la prairie
une opportunité pour tenter de faire croire
 - bien que  sortie du néant pour aller nulle part -

à une nouvelle voie romaine.

" Une voie où la main du romain
n'a jamais mis le pied !"








Extension du domaine de l'information
Les routes de Cassinomagus
J'aurais aimé terminer cette page autrement que par ce constat affligé.
Je vois dans ces petites avanies 
un  détachement feint
 vis à vis d'une technique non conventionnelle de prospection archéologique

que quelques francs-tireurs
- rarement professionnels -  ont cependant validée
sur d'autres terres que les nôtres,
par de  brillantes collections de vestiges d'aménagements et de travaux, antiques en particulier.

Nous ne souhaitons pas jeter l'anathème sur des scientifiques
qui trouvent probablement incongru que "leur science" en appelle à des amateurs . . .
fussent-ils éclairés par l'expérience.
Manifestement ils ont été " armés pour d'autres destins"
et ils se  retrouvent ici,
encombrés de quelques images  non maîtrisées et égarés dans une niche archéologique peu fréquentée.

Du grattoir au plumeau, on ne peut sonder toutes les terres de Cassinomagus
pour en retrouver les chemins disparus.
Il suffit de faire un rapide tour d'horizon pour découvrir qu'au delà de l'archéologie d'amphithéâtre et de fouille,
des moyens performants d'investigation
ont existé à moins d'un siècle de nous :

 le Sergent HALLO, aviateur-photographe de la Guerre de 14,
vous fait un clin d'oeil amical !


Aujourd'hui, devant ses écrans et en temps réel, une historienne "yankee" densifie très au-delà du connu,
la planimétrie de l'empire romain, grâce à des échos-radar  qui pénètrent les sols.

Faut-il rappeler
comment à Chassenon,  une image satellitaire Landsat changea l'hypothétique volcan éteint
de l'Abbé MICHON, en un gigantesque cratère météoritique.

Et sur ce bruit de fond infiniment usé venu des ères géologiques,
les hommes ont ajouté dès avant l'Age de la Pierre Polie
et dans l'indifférence  des clercs de notre temps,
le brouillage
de leurs travaux, de leurs bonheurs, de leurs maux et de leurs  misères.

Cela commença quand un homo sapiens, tout juste sorti de son abri sous roche,
renonça à la quête des graminées sauvages pour forcer l'engrain nourricier à pousser devant sa hutte.
Ses descendants
sapiens sapiens
d'un quaternaire qui n'en finit pas,
semblent avoir tout oublié . . .
jusqu'aux traces contemporaines d'une agriculture qui avait commencé il y a des milliers d'années
avec le maniement du "bâton à fouir".



Une allégorie mise en lumière : 
les Centurions





Prospection, archéologie,
 tourisme . . .
Vie et passé.


Voir ou revoir ci-dessus nos pages :
Rancon protohistorique et Rancon antique.



Le visiteur curieux et surpris s'il en a le courage, trouvera peut-être  dans nos photos un intérêt fugace .
Déjà sûr de ses modèles antiques, l'archéologue quant à lui, aura davantage de peine à se fier à des images
 qui ne correspondent pas forcément à ses attentes encyclopédiques
- ou qui, à l'inverse, correspondent trop bien
à des critères devenus inconsidérément caducs pour être tombés depuis trop longtemps dans le domaine public :
il en va ainsi des tracés routiers antiques, guidés
en ligne tendue par de forts tropismes administratifs
mais que la littérature contemporaine particulière à nos régions
au relief contrasté,
peine à assimiler.
       
 Rien qui puisse 
contenter facilement  les uns et les autres.
Heureusement, il reste des ruines d'aménagements dont l'âge, la facture et la somptueuse démesure
étonnent toujours autant un public qui en redemande.

La terre de Chassenon recouvre encore d'innombrables évocations du passé :
 nous avons à peine eu le temps d'en apercevoir quelques-unes avant une nouvelle disparition . . .
Comme si les arguments d'un tourisme intelligent pouvaient être déshonorants.


Revenons-en au début de cette page,  l'évocation du vicus gallo-romain de Ranconen Basse-Marche :
Roncomagus qui fut la fille de la belle rivière : la Gartempe.
Rancon qui fut un grand domaine gaulois dont l'esplande de Châtres porte encore témoignage,
 entourée d'enclos et de circulations gauloises.

 Rancon a gardé la trace très nette du statut nouveau
de petite agglomération antique qui lui fut octroyé par le conquérant romain :
des rues orthonormées flanquées d'un très vraisemblable forum.
Puis une voie supposée majeure. . . puis une autre, plongeant vers des passages d'eau
et qui allaient fonctionner durant des siècles.

 Roncomagus qui, sur son accès sud venant de Limoges/Augustoritum,
posséda sans doute un théâtre rustique dont seules nos photos aériennes des années passées
peuvent encore suggérer la place.

Rancon qui
conserva ses fastes rustiques durant plus d'un millénaire car elle continua de gouverner
un  important trivium et deux gués dont un seigneur perché sur sa motte et un archiprêtré
riche de 75 cures et 73 vicairies, se partagaient (?)  les péages.

Jusqu'à ce qu'une guerre picrocholine qui se termina au bénéfice du féodal postérieurement à l'an mil,
ne figeât la nouvelle agglomération dans une forme totalement incongrue, héritée du conflit.

Ainsi, la juxtaposition de l'empreinte romaine et des tribulations médiévales nous ont permis de retrouver
le fil d'une histoire dont seules l'observation et la photographie aériennes,
appuyées et confortées par des contrôles au sol,
permettent aujourd'hui de suivre un schéma historiquement plausible.

Mais le déroulé des incidents dans la trivialité territoriale et politique que je viens d'évoquer,
n'aura jamais figuré  dans les  publications
que le site a suscitées depuis deux ou trois siècles.

Quelques pierres écrites antiques pieusement conservés dans des musées lapidaires, 
quelques objets perdus et de rares  documents d'archives médiévales
entretiennent cependant  le fil ténu d'anecdotes relatives au passé politique de Rancon.


 Dans sa partie agglomérée également antique et médiévale,
Chassenon/Cassinomagus est resté  plus ambigu
et la perception que nous en avons demeure encore et toujours précaire.
Son image archéologique reposera  essentiellement et pour longtemps ,
sur l'étude de ses  3 monuments antiques encore perceptibles.

Comme un exemple, voici quelques reliques  de constructions
et restes  de statuaire
résolument explicites, qui sont passés à notre portée.


 1  Ouverte sur la cour nord des Thermes : l'entrée des ouvriers gallo-romains vers les salles de chauffe. On  marche sur les    
        dalles de couverture de l'égout principal .

 2  Evocation des feux d'un praefurnium : l'arase arrondie des murs de premier plan pourrait bien signer le forfait de
        celui qui récupéra la chaudière de bronze qui alimentait bassins et piscines.

     L'eau chaude pouvait monter dans les bains de l'étage supérieur, selon le même principe qui faisait naguère remonter en  
         pluie le lessif dans les . . . "bujadiers" des lavandières de l'Aubard.

3  L'entrée d'une "longue cave" et la communication biaise avec la suivante.
        Posées sur ces voûtes, qui rachetaient la  différence de hauteur due à la pente du terrain,  les   piscines et les salles de
        l'étage thermal  s'étendaient d'un seul niveau, du nord  au sud.
   
4  Restes  de statuaire antique.
        Témoignages de la fureur iconoclaste des prosélytes : l'Apollon et
les casseurs . . . de pierre. 
                                                                                           
     
        Et l'homme triste au double regard : des yeux pour pleurer ?